Renault et Peugeot prêts à rebondir en Iran, mais gare aux américains

Des sénateurs appellent à bâtir un front uni face à la concurrence économique "déloyale" des Etats-Unis en Iran. Alors que se profile la levée des sanctions, Renault et PSA risquent de se retrouver handicapés pour retrouver leurs positions jadis florissantes en Iran.
Peugeot 405 iranienne

Des sénateurs français ont appelé jeudi les pays européens à bâtir un front uni face à la concurrence économique "déloyale" des Etats-Unis en Iran. Et ce, à l'heure où la perspective d'une levée définitive des sanctions à l'encontre de l'Iran attire les convoitises des investisseurs occidentaux. Les relations entre Paris et Washington se sont tendues du contentieux BNP Paribas, les Etats-Unis menaçant d'infliger à la banque française une amende de 10 milliards de dollars pour avoir prétendument violé la loi américaine sur les embargos contre plusieurs pays, dont l'Iran. "Aujourd'hui, nous pouvons l'affirmer de façon catégorique, aucune banque française n'accepte d'accompagner nos entreprises dans nos projets en relation avec l'Iran" par crainte de représailles américaines, a souligné Philippe Marini, président UMP de la commission des finances du Sénat.

Les américains placent leurs pions

Exemple flagrant: l'automobile. PSA et Renault, qui occupaient naguère des positions dominantes en Iran, risquent ainsi de se retrouver désormais marginalisés. Philippe Marini, qui s'est rendu avec cinq autres sénateurs fin avril en Iran, estime la perte des constructeurs français à 1,3 milliard d'euros. Les deux constructeurs tricolores devront en effet maintenant composer avec la rude concurrence chinoise, qui pèse aujourd'hui 10% du secteur automobile iranien et se moque des sanctions, et les... américains qui placent leurs pions. Face à cette "concurrence internationale rude", les sénateurs invitent les entreprises françaises à maintenir des contacts sur place, à organiser des visites et à pré-négocier des contrats, en attendant la levée définitive des sanctions.

Chez PSA, qui avait dû subir la pression de son ex-allié GM pour quitter l'Iran, on préfère rester prudent et ne pas en parler. Chez Renault, on évoque en revanche plus volontiers la question. Renault s'était même agacé officieusement de l'alignement du président François Hollande sur les positions américaines, lors de sa visite aux Etats-Unis en février dernier. Même s'ils assurent se conformer aux sanctions internationales, Renault et PSA se disent prêts toutefois à redémarrer. "Nous avons des contacts normaux avec nos partenaires. On travaille pour redémarrer dès que possible. En juillet, c'est la fin de la période probatoire", nous précisait récemment Arrnaud Deboeuf, responsable de la gamme "Entry" de Renault. 

La Peugeot 405 très populaire

Selon les statistiques officielles iraniennes de l'IVMA, il s'est  encore vendu 39.500 Renault Tondar (Logan) l'an dernier dans le pays ainsi que 59.300 Peugeot 405 et 27.800 Peugeot 206. Signe que les partenaires locaux ont encore des stocks de pièces et que... le flux ne s'est pas entièrement interrompu. La française la plus vendue, la Peugeot 405, est  d'ailleurs intégrée totalement sur place et peut donc être assemblée  près de Téhéran avec des composants locaux, sans pièces provenant d'Europe.

Les voitures sous marque Peugeot, fabriquées par le groupe national Iran Khodro, représentaient encore plus de 30% du marché iranien l'an passé, celles de Renault 7,5%. Le marché iranien des voitures particulières s'est élevé au total à un peu plus de 600.000 unités en 2013. Les chinois Lifan, Chery, JAC, occupent effectivement aujourd'hui de solides positions.

C'est en reprenant les activités européennes de l'américain Chrysler en 1978, que PSA Peugeot Citroën avait... trouvé dans la corbeille de mariée les fournitures de pièces pour la Paykan, la voiture nationale iranienne, massivement assemblée sous licence par Iran Kodro de la fin des années 60 jusqu'à une date récente. Tout en livrant des pièces pour cette voiture, Peugeot a progressivement ajouté sa 405 puis la 206, notamment dans une version spécifique à quatre portes et coffre séparé. L'Iran était même devenu le deuxième débouché du groupe PSA, derrière la France, avec 467.000 unités en 2010, 457.900 en 2011, 313.000 en 2012 ! PSA n'a toutefois jamais été impliqué financièrement, Iran Khodro étant un licencié.

Implantation Renault plus récente

L'implantation de Renault est plus récente. Le groupe au losange a pour sa part créé carrément une co-entreprise industrielle et commerciale locale, dont il possède 51% des parts. Cette co-entreprise a été constituée pour distribuer aux deux groupes industriels locaux  Iran Khodro - le même partenaire que pour PSA - et Pars Khodro, des composants pour l'assemblage de véhicules. Il s'agit essentiellement des Dacia Logan, rebaptisées Renault Tondar. Le potentiel installé est de 250.000 voitures annuelles. La firme au losange affirme avoir déjà un parc de 350.000 véhicules qui roulent en Iran. 

 Le marché iranien a pesé  jusqu'à 1,4 million d'unités avant les sanctions. Et il a un potentiel  de deux millions, estime-t-on chez Renault. Pas étonnant que Renault et PSA veuillent retrouver rapidement leurs anciennes positions industrielles et commerciales en Iran. L'Iran était en effet l'un des pays où les marques tricolores avaient historiquement les plus solides implantations. Du temps du Shah d'Iran, Renault produisait déjà des R5 et Citroën des... Dyane.

Les américains aimeraient bien prendre la place des français, avec un argument qu'ils  pesent moralement imparable : après tout, la vague d'anti-américanisme en Iran, après la chute du Shah à la fin des années 70, n'avait-t-il pas alors handicapé les entreprises "yankees", ce dont les français ont tiré profit ?

 

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Commentaires 12
à écrit le 13/06/2014 à 22:24
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« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un p...

le 13/06/2014 à 23:39
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Nous ne sommes pas en guerre contre les USA, mais contre tout le monde ! Les USA, la Chine, le Brésil, la Grande Bretagne, l'Allemagne, la Russie et les autres... La construction Européenne vise justement a se regrouper pour être plus fort dans cett...

le 19/06/2014 à 12:48
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Il aurait fallu citer la source, F ASSELINEAU président de l'UPR rapportant l'extrait de Georges-Marc Benhamou "Le dernier Mitterrand" Plon 27/01/1997"... En effet, partout dans le monde, les US volent, pillent, rackettent et on les laisse faire... ...

à écrit le 13/06/2014 à 13:11
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en attendant et cela deviens une habitude ce sont les francais qui attendent gentiment leur tours, tres rigolo, les chinois s'en foute. Les americains y vont. J'espere que peugeot paiera sa lachete au moment ou sous la pression de gm ils ont quitte...

le 13/06/2014 à 17:18
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Et quand je pense qu'il y en a même ceux qui récoltent des signatures pour faire venir Snowden en France... il sera renvoyé aux US le lendemain.

à écrit le 13/06/2014 à 13:07
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Et pourquoi ne pas utiliser l'Euro pour commercer avec l'Iran? L'Euro comporte beaucoup d'inconvénient. En compensation, il faudrait qu'il devienne une réelle concurrence pour le dollar.

à écrit le 13/06/2014 à 12:32
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Seuls les constructeurs qui n'ont pas laissé tomber l'Iran pendant ces années d'embargo injustifié devront avoir leur place en Iran. Les autres dehors, dont Peugeot.

le 13/06/2014 à 12:47
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On voit que les ayatollahs ont encore de l'avenir en Iran ... c'est bien peu connaître l'affaire ou seulement via le prisme du journalisme que de dire cela

à écrit le 13/06/2014 à 12:18
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Que Renault et Peugeot fassent gaffe, peut-être que cela ne va pas plaire au Département d'Etat américain, notre vénérable Seigneur....

à écrit le 13/06/2014 à 12:09
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Les voitures américaines sont pourries. Voyez les Chevrolet qui se retirent d'Europe après une aventure désastreuse. Voyez le groupe GM qui vend des véhicules dangereux (beaucoup de morts au USA) et doit rappeler toute sa production; voyez la marque ...

le 13/06/2014 à 14:13
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Pas d'accord, uune OPEL ne tombe pas en panne . C'est une allemande, dixit Claudia Schieffer.

le 13/06/2014 à 22:29
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Au prix du ravalement de façade, heureusement que opel m'a financé.

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