Bourse : comment les valeurs automobiles ont sauvé les meubles en 2020

Les constructeurs et équipementiers automobiles ont largement rattrapé les pertes engrangées pendant la crise sanitaire. Il reste de belles opportunités sur ce secteur, notamment côté équipementiers, même si leur statut de "valeur tech" est moins valorisé qu'auparavant...
Nabil Bourassi
(Crédits : Charles Platiau)

Les valeurs boursières de l'automobile ont-elles été hermétiques au chaos de l'année 2020 ? Pas tout à fait, puisque l'effondrement des ventes automobiles du fait des confinements et des fermetures d'usines ont donné des sueurs froides aux porteurs de titres. Mais la note finale de cette année de montagnes russes ne témoignent pas de la réalité commerciale, et présage même d'un surprenant optimisme de la part des investisseurs pour l'année 2021.

Une fin d'année calme...

Ainsi, au 31 décembre, les titres des deux constructeurs tricolores ont largement dissipé les effets de la crise. Sur un an, le titre Renault ne lâche que 14,32%, soit sept points de moins par rapport à la baisse de ses ventes en volume (-21,3% d'immatriculations en moins). PSA, lui, affiche même une action en très légère hausse... Bien entendu, cette variation dissimule une courbe qui s'est largement infléchie au cours de l'année, avec un point bas autour de mars, au tout début du confinement en France. Renault avait alors plongé de 65% par rapport au 1er janvier, tandis que PSA avait dévissé de 56%.

Renault visée par des rumeurs

Le groupe au losange faisait alors l'objet de rumeurs sur sa solvabilité financière, bien avant la crise sanitaire. Un risque démenti par la direction, qui, avec la survenue de la crise financière, n'a pourtant pas eu d'autres choix que de contracter un prêt garanti par l'Etat de 5 milliards d'euros. De son côté, PSA profitait non seulement de sa réputation de groupe résilient et restructuré, mais également des perspectives de synergies après sa fusion avec Fiat Chrysler. Cette bonne santé a été confirmée par ses résultats semestriels, les rares à être encore dans le vert, malgré la crise.

Pour Frédéric Rozier, gérant de portefeuille chez Mirabaud, Renault s'en tire effectivement bien :

"On a eu un Renault quasi-stable alors que tout le monde s'inquiétait sur sa solvabilité. Le groupe a pu tenir grâce à l'arrivée d'une nouvelle gouvernance, une meilleure visibilité stratégique qui collerait davantage à celle suivie par PSA, les bons chiffres de vente de la Zoé, et bien entendu, le prêt garanti par l'Etat ont rassuré".

Au final, c'est chez Renault que les opportunités étaient les meilleures comparativement à PSA. "Renault avait subi une grosse pression, c'est une correction à la hausse qui s'est opérée sur le titre, au détriment de PSA. Le titre Renault a pris quasiment 50% en trois quatre mois, depuis son point bas du second semestre", explique Frédéric Rozier qui remarque que paradoxalement, "PSA a fini l'année en étant la valeur la plus shortée du secteur". Et d'expliquer: "il apparaît que les investisseurs ont choisi d'entrer dans Stellantis via FCA, plus accessible en termes de multiples anticipés".

Les équipementiers ont démontré leur résilience

Côté équipementiers, le secteur a également su tirer son épingle du jeu en reposant sur des belles perspectives. La crise du coronavirus a permis de mettre en exergue les qualités de ces valeurs. D'abord, les Valeo, Faurecia et autres Plastic Omnium ont démontré que leur capacité à adapter leur complexe industriel à la situation dans des temps records, limitant ainsi la casse. Ils ont pu stopper mais également redémarrer leurs usines avec énormément de souplesse. Valeo a profité davantage que les autres du redémarrage chinois. Mais, le véritable jackpot pour les équipementiers français vient des perspectives futures qui ont été confirmées par la crise du coronavirus notamment autour de l'électromobilité où ils sont bien positionnés. Là encore, c'est Valeo qui présente les meilleures perspectives avec son offre autour de la basse tension (le 48 volts) mais également la haute tension à travers sa joint-venture avec Siemens.

Pour Frédéric Rozier, "on repart sur un cycle d'investissement des voitures électriques où le niveau d'équipements est plus élevé que sur le thermique". Ce cycle colle tout à fait avec l'évolution de modèle de ces valeurs puisque de manufacturiers, ils sont passés au statut de "valeur tech".

Pour autant, Valeo qui a quasiment inventé ce modèle de valeur tech de l'automobile, a annoncé des mesures d'économies visant sa R&D, son principal pourvoyeur de valeur ajoutée. L'entreprise menée par Jacques Aschenbroich finit l'année au même niveau qu'au 1er janvier... Effaçant l'effondrement de 65% enregistré au printemps.

Le statut de "valeur tech" remis en cause

Faurecia, de son côté, malgré la poursuite de la transformation de son modèle, a vu son titre mis sous pression notamment en raison du dénouement de la fusion PSA-FCA. Pour rappel, la participation du français dans le capital de Faurecia (plus de 40%) devait être redistribuée aux actionnaires afin d'équilibrer l'apport de titres côté français à la nouvelle entité. "Une fois libéré de cette contrainte, le titre pourra reprendre un cours normal. Mais des questions persistent quant à la capacité de Faurecia à générer de la trésorerie", juge Frédéric Rozier de chez Mirabaud. Faurecia perd 12% sur l'année, mais avait limité sa baisse comparativement à Valeo, à -48% au plus fort de la crise.

Oui, mais les équipementiers n'ont toujours pas rattrapé leur cotation d'il y a deux ans puisque Valeo s'échange encore deux fois moins que début janvier 2018. Le modèle de valeur tech semble donc avoir pris un coup dans l'aile. Car si les perspectives semblent robustes, les marchés semblent désormais plus enclins à juger dans les faits que d'anticiper les transformations du marché. "L'atterrissage" autour des projets de voiture autonome qui sont moins prometteurs que ce qui était défendu jadis, les ont vaccinés.

Nabil Bourassi

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