Fiat-Chrysler peut-il assumer un dieselgate ?

Le gouvernement américain a formellement mis le groupe automobile Fiat-Chrysler en accusation pour avoir installé un logiciel truqueur sur certains modèles. Le groupe italo-américain dément et compte en faire la démonstration. En attendant, les marchés s'interrogent sur la surface financière d'un groupe qui pèse plus de deux fois moins que Volkswagen qui a payé au prix très fort (plus de 20 milliards d'euros) pour un délit similaire.
Nabil Bourassi
La mise en accusation de Fiat Chrysler pourrait gâcher la renaissance du groupe automobile italo-américain.

Mauvais timing ! Pour Sergio Marchionne, l'irruption d'un dieselgate visant son groupe Fiat Chrysler Automobile gâche la fête d'un groupe en pleine renaissance... Treize ans après l'arrivée de celui qu'on appelle le Carlos Ghosn italien à la tête du groupe Fiat, la nouvelle entité rebaptisée FCA pour Fiat Chrysler Automobile, s'apprête à célébrer de belles performances financières. Rien d'extraordinaire, mais infiniment mieux que les contre-performances d'il y a dix ans qui faisaient de Fiat mais également de Chrysler des constructeurs automobiles dont plus personne ne voulait.

Le précédent Volkswagen

L'annonce par les autorités américaines d'une mise en accusation formelle pour violation des lois sur l'environnement pourrait toutefois faire plonger le groupe italo-américain dans une magma d'incertitudes tant en termes d'image de marque, qu'en sommes sonnantes et trébuchantes. L'Environnemental Protection Agency soupçonne FCA d'avoir installé sur 104.000 voitures des marques Ram et Dodge un logiciel qui truque les émissions de polluants. Pour rappel, Volkswagen qui avait été le premier à être épinglé par un scandale de diesels truqués, doit régler une facture colossale qui dépasse les 20 milliards de dollars, pour les seuls Etats-Unis... Pour 600.000 voitures équipées de ce logiciel illégal aux Etats-Unis.

FCA, lui, réfute les accusations des autorités américaines et entend faire la démonstration auprès de celles-ci qu'aucun logiciel truqueur n'a été installé sur ses motorisations.

Il n'empêche ! Il y a peu de chances que les autorités américaines lancent une procédure d'accusation sans fondements solides. Dès lors, les marchés s'interrogent sur la surface financière de FCA s'il devait assumer une procédure judiciaire aussi coûteuse. La question s'était posée pour Volkswagen lorsque le scandale avait éclaté. Déjà, nous savions que le groupe allemand, numéro deux mondial, disposait d'une trésorerie de près de 25 milliards d'euros, sans cesse nourrie par un abondant cash-flow. Les nombreux actifs du groupe étaient également un gage de solidité financière : la vente des camions Man et Scania auraient apporté un important cash sans altérer les synergies entre les marques du groupe. Malgré tout cela, l'action Volkswagen avait dévissé de près d'un tiers de sa valeur en Bourse, et le groupe avait annoncé un important plan d'économies.

Des comptes assainis et une trésorerie solide

Inutile de rappeler qu'avec FCA, nous changeons de dimension avec ses 4,6 millions de voitures, là où Volkswagen en vend 10 millions. Mais FCA n'est plus le groupe moribond des années 2000. En 2015, le groupe italo-américain avait enregistré un chiffre d'affaires en nette hausse de 18% à 113 milliards d'euros (+18%, +6% hors effets de change). Dans le même temps, les immatriculations sont restées quasiment stables, ce qui signifiait que FCA ne vendait pas plus mais mieux. Le bénéfice d'exploitation est ainsi ressorti en hausse de 40% à 5,2 milliards d'euros. La marge d'exploitation est montée à 4,7% contre 3,9% l'année précédente, soit une performance honorable pour un groupe généraliste. Le groupe s'était également désendetté passant de 7,7 milliards à 5 milliards d'euros inscrit sur la partie dettes. Enfin, la trésorerie de FCA en 2015, qui a légèrement fléchi, atteignait tout de même le chiffre de 24,6 milliards d'euros. Autrement dit, la situation financière de Fiat a non seulement été largement assainie, mais elle est également devenue très solide.

Mais FCA ne peut pas se permettre de perdre son énergie sur un scandale judiciaire, et perdre de l'argent. Le groupe doit investir des sommes colossales pour relancer les marques de son groupe. En 2014, Sergio Marchionne avait détaillé un plan de relance mondial de 55 milliards d'euros sur cinq ans.

Si les relances d'Alfa Romeo et Jeep ont largement été entamées, il reste à réinvestir dans les marques historiques comme Fiat et Chrysler dont les plans produits peinent à convaincre. Ces deux marques dépendent pourtant de marchés qui ont totalement (Etats-Unis pour Chrysler) ou quasiment (Europe pour Fiat) rattrapé les années de crise et qui ne peuvent donc plus offrir des effets volumes. Or seul des plans produits ambitieux et rénovés peuvent rétablir de la valeur pour les marques.

La croissance de l'action stoppée nette

Malgré sa trésorerie, l'investissement prévu par FCA est colossal, et Sergio Marchionne cherche un partenaire industriel avec qui s'adosser. De nombreux groupes ont été cités comme General Motors ou l'Alliance Renault-Nissan, mais tous ont infligé une fin de non-recevoir. Sergio Marchionne a même vendu les bijoux de famille pour renforcer son bilan en vue de ces lourds investissements : vente des camions, de Ferrari, ainsi que la mise en vente toujours en cours de l'équipementier Magneti Marelli.

Si les comptes financiers sont solides, ce sont les perspectives de croissance qui suscitent les interrogations. Les investisseurs l'ont bien fait savoir puisque l'action FCA ne cesse de baisser depuis l'annonce de poursuites par le gouvernement américain : -14% jeudi, -4% vendredi, et -3% en ouverture lundi matin. Pourtant, les marchés avaient redonné du crédit à FCA ces derniers mois. L'action enregistre une hausse de 55% sur trois mois.

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 16/01/2017 à 18:01
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meur BOURASSI a part la tribune aucun journal ne parle de truccage de la part deFCA et il faudrait revoir vos informations ce n est q une rumeur rien a voir avec Ww et FCA na pas vendue IVECO et FERRARI il faut revoir vos informations

à écrit le 16/01/2017 à 16:31
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Erreur dans votre vidéo. L'accord entre la justice américaine et VW ne porte pas sur 4 milliards de $ comme cela est dit, mais sur bien plus (je n'ai plus sous la main le chiffre exact, mais cela tourne autour de 18 milliards de $)... Vous êtes com...

à écrit le 16/01/2017 à 13:39
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Avant de relancer des rumeurs il faut apporter des preuves. FCA a autorisé tous les tests possible sur ses vehicules et plusieurs pays ont pu constater que le niveau des emissions est dans les normes. La procedure inhabituelle de l EPA aux USA n ind...

le 16/01/2017 à 14:16
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Plutôt que d'écrire de grands mots pour rien, suffit d'être un brin agile du cerveau et pas mou du clavier : https://www.epa.gov/fca/learn-about-fca-violations

le 17/01/2017 à 11:31
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@ PIC SOUS vtfm ;)

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