C'est l'ultime bataille... Les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent à Bruxelles à partir d'aujourd'hui jusqu'à la semaine prochaine pour entériner, ou non, le paquet climat tel qu'il a été proposé par la Commission Européenne, puis adopté par le parlement européen début juin. Celui-ci interdit la vente de voitures thermiques neuves dès 2035. Cette interdiction est absolue et concerne les véhicules hybrides, ou ceux compatibles avec des biocarburants. En gros, à partir de 2035, le marché du neuf ne disposera plus que de voitures 100% électriques (à batterie ou à hydrogène).
L'Allemagne change de bord, sous l'influence de Volkswagen
Mais plusieurs pays sont vent debout contre cette disposition et veulent décaler l'agenda à 2040. Jusqu'ici, Paris était le plus en pointe dans cette position et s'était d'ailleurs opposé à Berlin dont le gouvernement d'Angela Merkel défendait la date de 2035, sous l'influence d'un Volkswagen qui avait opéré un virage à 180 degrés sur l'électrique, prêt à abandonner le fameux moteur à combustion.
D'autres pays avaient également haussé le ton dont la Tchéquie, la Slovaquie ou l'Espagne, soit plusieurs pays producteurs d'automobiles. Cette semaine, c'est l'Italie qui a repris de la voix pour dénoncer la date de 2035 et ainsi se ranger du côté de la date de 2040. Elle a été rejointe par la Roumanie.
L'Allemagne change de nouveau d'avis
Plus surprenant... C'est en Allemagne que les pays du report ont trouvé un allié en la personne du ministre des Finances, Christian Linder. Le libéral-démocrate, allié aux socialistes et aux Verts dans le gouvernement de coalition qui a succédé à celui d'Angela Merkel, a qualifié le texte adopté par les eurodéputés de "mauvais". Mais ses collègues écologistes n'ont pas hésité à afficher leur divergence. La ministre de l'écologie, Steffi Lemke, a ainsi plaidé pour que l'Allemagne soutienne le texte.
Dans le détail, les négociations pourraient se jouer sur les modalités d'application du texte notamment en sortant les hybrides ou les carburants de synthèse de l'interdiction. Pour les constructeurs automobiles, l'interdiction de 2035 est depuis longtemps intégrée dans leur feuille de route. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir annoncé qu'ils seraient prêts dès 2030. Beaucoup basculeront même dans le 100% électrique dès 2027 pour éviter la norme Euro7, qui s'annonce extrêmement stricte et onéreuse pour les futures voitures thermiques. Les équipementiers automobiles de rang 1 comme Valeo ou Faurecia sont également au diapason puisqu'ils ont investi des sommes colossales dans l'électrification. La réglementation est donc une bonne nouvelle pour leurs affaires.
Les petits fournisseurs, les plus exposés
Au contraire, le tissu de fournisseurs automobiles pourrait souffrir davantage. Trop petits pour avoir anticipé et investi dans la reconversion de leur outil et de leur produit, les petits équipementiers sont formels: ils ne seront pas prêts, entend-on du côté de la FIEV, le syndicat qui les représente en France. Du côté de la Plateforme Automobile, Luc Chatel évoque entre 50 et 80.000 emplois menacés d'ici 2030 par l'ensemble des contraintes réglementaires qui s'abattent sur la filière automobile, notamment celles qui accélèrent l'électrification du parc. Pour rappel, une voiture électrique nécessite beaucoup moins de pièces et donc d'emplois qu'une voiture thermique.
La crise du coronavirus, celle de la pénurie de semi-conducteurs puis la guerre en Ukraine ont mis la filière en difficulté au point que celle-ci a pris du retard dans ses efforts de transformation et de reconversion industrielle. "Le climat n'attend pas" répond toutefois Karima Delli, eurodéputé Europe Ecologie Les Verts, et présidente de la Commission Transport du parlement européen, pour s'opposer à tout report du calendrier. Et de rappeler que le secteur du transport est l'un des plus gros émetteurs de CO2 dans le monde.
Sujets les + commentés