La voiture totalement autonome est-elle définitivement enterrée  ?

Ces cinq dernières années, les constructeurs ont fait rêver avec leur projet d’automobile sans chauffeur. Une promesse qu’ils ont tous abandonnée au profit de la conduite en partie automatisée et du véhicule ultraconnecté.
Véhicule autonome BMW en version d'essai exposé lors de l'annonce, le 19 juillet 2019, du partenariat entre le constructeur allemand et le chinois Tencent Holdings pour la création d'un centre de calcul pour les véhicules autonomes, à Pékin.
Véhicule autonome BMW en version d'essai exposé lors de l'annonce, le 19 juillet 2019, du partenariat entre le constructeur allemand et le chinois Tencent Holdings pour la création d'un centre de calcul pour les véhicules autonomes, à Pékin. (Crédits : NORIHIKO SHIROUZU)

«Nous commercialiserons une voiture 100 % autonome dès 2020 », chantaient-ils tous en chœur ! À croire que le monde entier n'avait plus que ce mot à la bouche : les constructeurs, les Gafa, Uber, les équipementiers, les gouvernements... Les années ont passé, la réalité a fini par s'imposer. La définition d'une échelle d'autonomie a été le prélude à un brutal retour sur terre. Ainsi, l'autonomie promise en 2020 ne serait plus que de niveau 3...

Et cette échéance ne valait que pour l'aspect technique, la commercialisation serait pour plus tard. Puis, plus récemment encore, les constructeurs ont fini par abandonner l'idée d'une autonomie de niveau 5 (la voiture sans volant), et le niveau 4 est tout ce qu'il y a de plus hypothétique. Pour les constructeurs, le niveau 3 permet une conduite totalement autonome dans certaines conditions (notamment sur autoroute), mais le conducteur doit être capable de reprendre le volant à tout moment.

« Le niveau 3 est déjà extrêmement complexe à mettre en œuvre, nous allons nous concentrer dessus pour fournir un niveau de sécurité maximal, explique Klaus Fröhlich, membre du comité de direction de BMW en charge de la R&D, rencontré au CES de Las Vegas, le salon international de l'electronique. Nous n'avons jamais cru au niveau 5 et au modèle de robot-taxi », ajoute-t-il.

Avec la fin du rêve de voiture sans volant, c'est tout un modèle économique qui tombe avec... Celui consistant à déplacer la chaîne de valeurs du contenant (l'automobile) vers les contenus (Spotify, Netflix...). « Les constructeurs peuvent être soulagés, le spectre d'être transformés en Foxconn de l'automobile s'éloigne », ironise un analyste du marché. Foxconn, c'est le spécialiste taïwanais de l'électronique qui fabrique les iPhone, mais sans dégager la valeur ajoutée engrangée par Apple.

La bataille perdue contre Apple et Google

Pour les constructeurs automobiles, le niveau 5 portait donc le risque de devenir une marque blanche des Gafa, en gros un simple fournisseur de carlingue.
Pour autant, le niveau 3 va continuer à proposer une série d'innovations connectées pour lesquelles il existe différents enjeux, notamment dans le recueil de données. Les constructeurs mettent le paquet pour tenter de monétiser un maximum d'opportunités, même s'ils considèrent que la bataille de l'interface est d'ores et déjà perdue. Celle-ci semble être définitivement devenue le territoire d'Apple et Google, qui l'ont préempté à travers la synchronisation du téléphone, des services de cartographies ou simplement l'ambiance musicale.

En outre, la voiture autonome devra affronter de très nombreuses questions sociétales, notamment les classiques problématiques d'assurance et les réflexions sur la répartition des responsabilités. Il semblerait de plus en plus que celle d'un accident incomberait, dans la plupart des cas, aux constructeurs automobiles. De plus, le modèle économique de la voiture autonome interroge. Sera-t-il rentable d'investir autant d'argent (dans le développement de l'intelligence artificielle, les infrastructures...) pour ce qui restera une autonomie partielle ?

Enfin, un nouveau sujet vient d'émerger avec le bilan carbone de ces véhicules. On estime désormais que la consommation de datas nécessaire au fonctionnement d'une voiture autonome pourrait devenir insupportable par rapport aux objectifs de CO2.
Bref, ni l'intérêt des constructeurs automobiles ni l'acceptabilité sociale ne joueraient en la faveur d'une voiture totalement autonome. S'il y a bien un enjeu à aller vers ce fameux niveau 3 d'autonomie, les constructeurs sont désormais concentrés sur la connectivité et les écosystèmes serviciels.

La vraie bonne nouvelle, c'est que, après avoir parié sur une utopie assez floue de la voiture autonome, l'industrie automobile a compris ce qui sera techniquement possible de faire. Ce qui est plus confortable pour modéliser un business.

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Commentaires 11
à écrit le 23/01/2020 à 20:31
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Vous savez que Tesla va livrer son auto pilote en ville cette année?

à écrit le 23/01/2020 à 18:01
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L'abandon est une bonne chose, dans notre monde où il n'est pas nécessaire de fournir aux terroristes des armes par destination.La voiture autonome allait devenir l'arme absolue pour commettre des attentats.

à écrit le 23/01/2020 à 17:52
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Il est donc urgent de vendre ses actions Tesla avant le grand plongeon.

à écrit le 23/01/2020 à 13:07
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Pour quatre places assises cela n'en vaut pas la peine!

à écrit le 23/01/2020 à 12:49
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"Ces cinq dernières années, les constructeurs ont fait rêver avec leur projet d’automobile sans chauffeur" : ont fait rêver qui exactement à part eux-mêmes et consorts (Uber etc) ??!

à écrit le 23/01/2020 à 12:14
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Enfer !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! d'électronique trop couteuse après achat

à écrit le 23/01/2020 à 11:39
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Je ne pense pas que la voiture totalement autonome soit enterré, mais le calendrier est en train de devenir réaliste. Bref c'est juste du réajustement.

à écrit le 23/01/2020 à 11:24
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Le truc pourrait fonctionner sur autoroute, mais pas en dehors. Il y a trop de paramètres à gérer.

à écrit le 23/01/2020 à 10:27
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La voiture autonome, la vraie mauvaise idée, quand une industrie ne sait plus comment innover. On a toujours les essuie glaces, mais les ingénieurs cherchent à rendre autonome une voiture... Cela résume la notion de progrès au 21eme siècle.

à écrit le 23/01/2020 à 10:04
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Quelle bonne nouvelle !!!! hors de question de confier ma vie aux décisions d'une machine, et les différenciations sociales se retrouveront dans les algorithme: si la machine transporte un "riche", et doit choisir si, en cas de situation critique, le...

à écrit le 23/01/2020 à 8:44
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"Véhicule autonome BMW en version d'essai" Bravo à BMW pour cette excellente idée de concevoir un véhicule autonome particulièrement hideux permettant aux passants de la voir arriver de loin ! Seuls les distraits se feront écraser...

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