Mondial de l'automobile de Paris : une fête sur fond d'inquiétudes

Les analystes reconnaissent avoir émis des hypothèses très prudentes pour l'exercice 2016, démenties dans les faits avec une croissance deux fois supérieures aux attentes. Ils craignent néanmoins une année 2017 stable.
Nabil Bourassi
Le marché automobile européen pourrait ne pas retrouver son niveau d'avant-crise. (Graphique réalisé par Statista)

La grande fête de l'Automobile est de retour à Paris ! Cette année, le Mondial qui ouvre ses portes au grand public samedi 1er octobre devrait mettre l'innovation à l'honneur autour de la voiture électrique et de la voiture autonome. Mais il y aura aussi des nouveaux produits à gogo, toujours plus technologiques et toujours plus chers... Une façon de dire que les constructeurs automobiles regardent vers l'avenir, et que la crise est loin...

Retrouver le niveau d'avant-crise, mission impossible ?

Loin, vraiment ? Pas tout à fait en réalité. D'abord, parce que le marché européen n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise. Avec 15,5 millions de voitures prévues cette année, il reste encore 1,5 million d'unités d'écart. Et les analystes ne croient pas à un retour à ce niveau de ventes.

D'ailleurs, ils sont étonnés du dynamisme du marché depuis le début de l'année. Les ventes ont augmenté de 8% depuis le début de l'année en Europe, là où analystes et constructeurs tablaient sur une progression moitié moindre sur l'année.

"La dynamique est animée par beaucoup de nouveautés produits et les pays du sud de l'Europe sont encore dans un effet de rattrapage mais il n'y a pas vraiment de sous-jacents structurants", explique Hadi Zablit directeur associé au Boston Consulting Group et spécialiste du marché automobile. "On a du mal à justifier cette tendance de marché au-delà de l'effet de rattrapage", poursuit-il.

Chez EulerHermes, Yann Lacroix abonde dans ce sens : "

Le marché européen est porté par de bonnes performances en Espagne qui est toujours dans une phase de rattrapage, mais également par la somme des pays de l'est de l'Europe."

L'analyste met toutefois en garde contre les effets de la fin du dispositif d'aide à l'achat en Espagne prévu pour la fin de l'année, mais également par les premiers effets du Brexit :

"En 2017, le marché automobile européen pourrait être perturbé par la fin de la prime à la casse en Espagne dont les volumes pourraient alors baisser de 10% en 2017, mais également par les premiers effets du Brexit au Royaume-Uni où nous prévoyons une baisse de 9% des immatriculations", juge Yann Lacroix. "Nous attendons néanmoins un marché européen stable sur l'ensemble de l'année", relativise-t-il.

Les flottes d'entreprises toujours très dynamiques

Pour l'heure, le marché reste encore stimulé par les ventes pour flottes d'entreprises, les mêmes qui avaient tiré les ventes en 2015, mettant sous le boisseau le marasme des ventes aux particuliers. Sur les données françaises, les immatriculations de flottes au premier semestre ont augmenté de 13,3%, soit plus du double de la progression nationale.

Aux alentours de 2014, les gestionnaires de flottes sociétés avaient entamé un rattrapage du renouvellement de leur parc, après avoir décidé d'allonger la maturité de leurs véhicules lors de la crise. Les analystes tablaient sur un essoufflement de ce rattrapage cette année, mais celui-ci ne montre pas encore de signes de faiblesse même si les ventes ont un peu ralenti en août (+11,9% pour les VP, selon l'observatoire de la voiture d'entreprise), ce qui reste un rythme très soutenu.

"Le canal flotte est encore le principal moteur de la dynamique du marché, même si on s'attendait à une baisse de cette tendance sur la deuxième partie de l'année", insiste toutefois Hadi Zablit. Autrement dit, ce canal est à surveiller dans les premiers mois de l'année 2017.

Les marques Premium à l'honneur

Cette dimension permet de favoriser les marques Premium. Mercedes et BMW affichent ainsi des croissances très supérieures à celle du marché. Le premier enregistre une hausse de 14,6% de ses ventes depuis le début de l'année, tandis que le second engrange 11,9% d'immatriculations supplémentaires. Audi, en revanche, se place tout juste au-dessus du marché (+8,7%) mais reste néanmoins la marque la plus dynamique du groupe Volkswagen.

"Les marques Premium profitent de gammes renouvelées mais également élargies, ainsi que des offres commerciales intéressantes, ce qui favorise des ventes soutenues", explique Hadi Zablit.

Yann Lacroix partage cette analyse : "les marques Premium sont descendues en gamme en proposant désormais des citadines à côté de leurs traditionnelles berlines de luxe, ce qui favorise logiquement leurs ventes".

Mais les constructeurs généralistes profitent également de la dynamique des flottes d'entreprises puisqu'ils revendiquent quasiment tous une forte hausse de leurs ventes sur des finitions plus de haut-de-gamme. N'y aurait-il que des gagnants sur le marché automobile européen ? Le ralentissement tant craint pourrait toutefois finir par survenir... Mais plus personne ne s'aventure désormais sur des certitudes à propos d'un marché plein de surprises.

*Graphique réalisé par Statista

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 29/09/2016 à 9:37
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Ce sont donc comme je m'en doutais les flottes d'entreprises et donc au final les banques qui sauvent le marché automobile, on ne voit pas beaucoup de véhicules neufs sur les routes et on comprend la prudence du secteur en la matière, il est évident ...

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