Peugeot : "Chaque vente en Chine est rentable", assure Jean-Philippe Imparato

Après l'annonce de mauvais résultats commerciaux semestriels, le patron de la marque automobile française a répondu aux questions de "La Tribune". En baisse de 23%, Peugeot aurait notamment souffert de son retrait du marché iranien et du retournement de plusieurs marchés émergents dont la Chine ou l'Argentine. Pour Jean-Philippe Imparato, les fondamentaux de Peugeot restent néanmoins solides, notamment en Europe, à la veille du Big Bang des objectifs CO2.
Nabil Bourassi
Peugeot mise beaucoup sur le nouveau 2008 pour renforcer ses parts de marché en Europe, mais également se relancer en Chine grâce à sa version 100% électrique.
Peugeot mise beaucoup sur le nouveau 2008 pour renforcer ses parts de marché en Europe, mais également se relancer en Chine grâce à sa version 100% électrique. (Crédits : Peugeot)

Qu'est-ce qui peut déstabiliser Jean-Philippe Imparato ? Certainement pas l'affaissement spectaculaire des ventes de Peugeot au premier semestre 2019. La marque automobile française a beau afficher une baisse de 23% de ses immatriculations, à 770.000 ventes, Jean-Philippe Imparato lui oppose sa sérénité. Selon lui, Peugeot est sur la bonne trajectoire, et cette mauvaise performance relève davantage de la péripétie conjoncturelle...

Un grand vide après le retrait iranien

Interrogé par La Tribune, il rappelle ainsi que la perte du marché iranien, actée en mai 2018, a encore impacté les ventes du semestre, à hauteur de 144.000 voitures. "Sur l'année, l'Iran nous fait perdre 443.000 voitures", déplore le patron de Peugeot. Il reste ensuite la Chine, la Turquie et l'Argentine qui expliquent le reste de cette baisse. Là-dessus, le Français se dit en prise avec des éléments conjoncturels qu'il ne maîtrise pas: chute des marchés, inflation, hausse des taux d'intérêts.

Jean-Philppe Imparato, patron de Peugeot

[Jean-Philippe Imparato, patron de Peugeot. Crédit: Peugeot]

En Chine, Peugeot s'effondre de 64% (soit beaucoup plus que le marché qui se contracte de 12%) et qui ramène la marque au niveau très précaire de 33.000 ventes, compte tenu de la taille du marché. Mais, là aussi, Jean-Philippe Imparato affiche une forme de sérénité:

"Chaque vente en Chine est rentable, nous avons évité la boucherie d'un marché dont les prix ne cessent de baisser mois après mois."

En Argentine, Peugeot se targue d'avoir échappé à un désastreux effet de stock après la forte hausse des taux d'intérêt conjuguée à une inflation à deux chiffres. "Certains de nos concurrents se sont retrouvés avec huit mois de stocks; de notre côté, nous sommes parvenus à maîtriser cette dérive et nous sommes aux alentours de deux mois, ce qui reste un niveau élevé par rapport à nos standards", explique le patron de marque.

En Europe, Peugeot prêt au Big Bang

En Europe, aussi, la conjoncture n'est pas à la fête, toute proportion gardée, puisque le marché a seulement reculé de 2,4% au premier semestre. Avec une baisse de 1,65%, Peugeot a néanmoins réussi à sauver sa part de marché.

Sur le premier marché de la marque, Jean-Philippe Imparato a plutôt les yeux rivés sur les 18 prochains mois qui s'annoncent critiques. D'abord, il va lancer deux importants modèles avec gros potentiel de volume: les 208 et 2008. "Au premier semestre, nous avons gagné des parts de marché avant même les lancements de notre nouvelle gamme de segment B", rappelle-t-il.

Mais c'est surtout sur les objectifs de CO2 que Peugeot concentre toute son énergie puisque l'objectif de 95 grammes de CO2 est très ambitieux. Jean-Philippe Imparato veut croire que Peugeot sera prêt avec pas moins de 7 lancements de moteurs électrifiés d'ici la fin de l'année, dont les nouveaux 2008 et 208 100% électrique, mais également les 508 et 3008 en hybride rechargeable.

Le patron de Peugeot estime que l'offre électrifiée est tout à fait compétitive et vise un bon mix énergétique dans l'ensemble de ses ventes.

Mais la voiture électrique ne sera pas réservée au marché européen. Peugeot présentera en Chine sa 2008 100% électrique, avant même de la lancer en Europe. Comme une preuve que la marque n'a pas renoncé à cet immense marché.

Peugeot traverse un trou d'air important mais, pour Jean-Philippe Imparato, les fondamentaux de la marque restent solides. En Europe, les ventes restent très profitables avec plus de 50% des ventes totales dans des finitions 3 et 4, et 40% en boîte automatique. Partout ailleurs, le lion évite le cercle vicieux des effets de stocks sur les ventes et sur la valeur résiduelle. Mais la problématique des volumes ne pourra pas rester indéfiniment un sujet secondaire, surtout si la marque doit un jour se lancer, comme elle le souhaite, aux États-Unis, un marché déjà autrement plus saturé...

Nabil Bourassi

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 16/07/2019 à 17:45
Signaler
Naïf qui comme Ulysse, pensait pouvoir vendre des Citroën et Peugeot en Chine Que d'argent dépensé pour le 'premier marché du monde' tant alléchant Pas besoin d'avoir fait HEC pour savoir qu'entre le luxe Allemand, la qualité Japonaise et le lo...

le 17/07/2019 à 10:17
Signaler
Le luxe allemand, avez-vous comparé une DS avec une allemande ? Ou alors y' a longtemps!

à écrit le 16/07/2019 à 9:55
Signaler
Les ventes de PSA dérapent encore, encore car ce n'est pas la première fois. "Chaque vente en Chine est rentable...." avec 36 000 unités vendues en Chine au 1er trimestre où peut bien mener cette rentabilité ? Et ce que n'a pas anticipé PSA c'est la...

à écrit le 16/07/2019 à 8:07
Signaler
"à la veille du Big Bang des objectifs CO2" Révez pas les ahuris, avec des salaires au raz des paquerettes il n'y aura aucun "big bang".

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.