Pôle électrique de Renault : Nissan pourra prendre le train en marche s'il le souhaite, dit Luca de Meo

Renault planche une séparation de ses activités électrique et thermique, projet présenté aux partenaires japonais Nissan et Mitsubishi Motors lors d'un conseil d'administration de leur alliance au Japon, ce mardi. Mais pas question pour Renault de "forcer" Nissan "à faire ce qu'ils n'ont pas envie de faire", a assuré son directeur général, Luca de Meo. Le constructeur français prévoit donc de démarrer seul.
Le directeur général de Renault, Luca De Meo, est en visite au Japon ce mardi aux côtés de avec Jean-Dominique Senard, le président de Renault et de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.
Le directeur général de Renault, Luca De Meo, est en visite au Japon ce mardi aux côtés de avec Jean-Dominique Senard, le président de Renault et de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors. (Crédits : Albert Gea)

Nissan se joindra-t-elle à Renault au sein de son pôle électrique. "La porte sera toujours ouverte à Nissan" a du moins assuré le directeur général du constructeur français, Luca de Meo, lundi.  A l'occasion d'un déplacement au Japon, lui etJean-Dominique Senard, le président de Renault et de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, ont la promotion du projet auprès de leurs partenaires nippons. Pour rappel, comme l'a fait Ford, qui va rassembler ses activités électriques sous l'appellation "Model e", Renault a annoncé en février réfléchir à une séparation de ses activités électrique et thermique "afin d'en renforcer l'efficacité et la performance opérationnelle". Le pôle électrique en France et le pôle thermique à l'étranger devraient compter chacun 10.000 salariés à horizon 2023, soit environ un cinquième de son effectif au niveau mondial, a précisé le groupe jeudi.

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Il s'agirait donc d'une entité autonome baptisée "Véhicules Électriques et Software"  et qui comprendrait les activités françaises d'ingénierie (une partie du Technocentre de Guyancourt, le Renault Software Lab, le site de Lardy (Essonne) et d'autres sites à l'étude en Île-de-France), d'industrie (les trois usines de son ElectriCity ainsi que celle de Cléon, dans le nord), ainsi que les fonctions support liées à ces activités. Une autre entité rassemblerait ses activités et ses technologies de moteurs et transmissions thermiques et hybrides basées hors de France, avec ses usines de moteurs espagnoles, portugaise, turque, roumaine, brésilienne, chilienne, ainsi que des centres de recherche en Espagne, Roumanie, Turquie et au Brésil.

"Renault Group a la conviction que les véhicules thermiques, hybrides et hybrides rechargeables bénéficient de perspectives et de débouchés de long terme importants en Europe mais aussi sur les marchés internationaux", a souligné le groupe français, jeudi, ajoutant que ce projet a "pour objectif de renforcer le potentiel de ses technologies mais également de contribuer au développement des carburants à faibles émissions, GPL... et de créer ainsi un leader mondial Powertrain (moteurs) au service de l'industrie automobile".

Pas question de "forcer" Nissan

Le projet devait donc être présenté aux partenaires japonais Nissan et Mitsubishi Motors lors d'un conseil d'administration de leur alliance au Japon, ce mardi.  Pas question toutefois de "forcer" Nissan et Mitsubishi Motors "à faire ce qu'ils n'ont pas envie de faire", ni d'imposer des "compromis qui créent des frustrations et ne sont pas des solutions optimales", a assuré Luca de Meo devant quelques médias dont l'AFP. S'agissant de la future structure de son pôle électrique, sur laquelle Renault prévoit d'apporter des précisions à l'automne 2022, le constructeur français prévoit donc de démarrer seul.

"Mais la façon dont nous avons construit le projet fait que la porte sera toujours ouverte à Nissan pour prendre le train en marche", selon le directeur général de Renault. "Ce sera à eux de décider", a-t-il conclu, vantant toutefois le fait qu'une combinaison de leurs actifs dans ce domaine "permettrait de créer le premier constructeur électrique au monde".

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De son côté, Nissan a déjà donné quelques éléments de réponse au sujet de ce projet dont il a assuré qu'il comprenait le bien-fondé pour Renault, tout en expliquant qu'il lui serait difficile de scinder ses propres activités électriques, du fait de sa répartition géographique beaucoup plus large et des rythmes différents de ses principaux marchés (Etats-Unis, Chine et Japon) en matière d'électrification. "Nous devons étudier soigneusement ce qui serait dans le meilleur intérêt de Nissan (...). Il y a des options variées et nous devons toutes les considérer", a déclaré lundi le directeur général du constructeur japonais Makoto Uchida lors d'un point presse à Yokohama, curieusement distinct de celui de Renault.

Des questions encore en suspens

La chute de Carlos Ghosn, arrêté fin 2018 au Japon pour malversations financières présumées et qui a fui par la suite au Liban, a provoqué des remous au sein de l'Alliance. Sans compter les difficultés que rencontre le secteur automobile notamment à cause de la pénurie de semi-conducteurs provoquée par la crise sanitaire et les problèmes d'approvisionnement. Des difficultés qui ont toutefois rendu la coopération entre les trois constructeurs plus nécessaire que jamais, s'accordent à dire leurs dirigeants.

Ces derniers doivent néanmoins encore régler certaines délicates questions qui restent en suspens comme le déséquilibre des participations croisées entre Renault et Nissan. Le premier détient plus de 43% du second, mais le groupe japonais ne possède que 15% du constructeur français et sans droits de vote, alors qu'il est beaucoup plus gros que lui. Un sujet balayé d'un revers de main par Jean-Dominique Senard ce lundi indiquant que revoir les participations croisées "n'est pas le sujet (aujourd'hui), nous devons d'abord consolider les bases de l'Alliance". Mais "rien n'est fermé" à terme, a-t-il glissé.

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Commentaire 1
à écrit le 17/05/2022 à 12:00
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Nissan ne souhaite pas s'intégrer au groupe Renault, c'est comme ça. Il serait judicieux pour Renault de vendre Nissan et de se repositionner sur l'Europe, l'Amérique du Sud, l'Orient et l'Afrique. Si ce n'est pas fait, lorsqu'une difficulté se...

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