Tout comprendre de la nouvelle stratégie "aftermarket" de PSA...

PSA veut sortir de sa seule activité de constructeur automobile et faire l'après-vente un axe majeur de développement dans les années à venir. Il souhaite s'imposer comme leader mondial. Dans ce métier toutefois, la clé du succès réside dans l'expertise opérationnelle des contraintes logistiques.
La plateforme logistique de Vesoul doit devenir le site le plus performant du monde en matière de pièces de rechange.

"La deuxième jambe de PSA !"

Inventée par Carlos Tavares, l'expression fait désormais partie du jargon interne, repris par tous les cadres pour expliquer la stratégie de diversification du groupe PSA. Il s'agit de toute une palette de nouvelles activités que Carlos Tavares veut, dans le cadre de son plan stratégique Push to Pass, développer en parallèle du métier historique de construction automobile. On ne compte pas moins de six nouvelles branches comme les nouvelles mobilités, le véhicule d'occasion, les services de connectivité... Et parmi tout cela, il y a la pièce de rechange.

Un marché de plus de 200 milliards rien qu'en Europe

Il ne faut pas s'y méprendre, la pièce de rechange peut paraître une activité d'arrière-garde, en réalité, elle est extrêmement lucrative ! En Europe continentale, le chiffre d'affaires de la pièce de rechange avoisine les 200 milliards d'euros. Mais plus intéressant encore, cette activité est extrêmement rentable. "

Entre le prix d'achat en usine, et le prix de vente public, le prix double...", nous explique un bon connaisseur du secteur.

Autrement dit, il est possible de dégager des marges confortables, à condition d'actionner les bons leviers de compétitivité et ainsi engranger le maximum de profits.

"Si vous supprimez les nombreux intermédiaires qui sont tous soumis à de coûteuses contraintes logistiques, alors le business peut être très lucratif", avance un spécialiste du sujet.

C'est toute la stratégie de PSA. Dans le plan Push to Pass dévoilé en avril, mais dont le volet pièces de rechange a été détaillé cet été, PSA a l'ambition, pas seulement de devenir acteur dans ce secteur, mais bien de s'imposer en leader mondial. Et il appuie déjà sur l'accélérateur puisque le groupe vise une hausse des ventes de 10% à horizon 2018 et de 25% en 2021. Impossible toutefois d'avoir des précisions en sommes sonnantes et trébuchantes...

PSA devient multimarque

La nouveauté pour PSA n'est pas seulement dans le métier qu'il souhaite développer, mais également dans sa volonté de devenir un acteur multimarque. Autrement dit, le groupe veut pouvoir stocker, livrer et s'approvisionner en pièces de rechange aussi bien pour des voitures de marque Peugeot que Renault, Mercedes ou Opel !

"Nous voulons élargir notre base client", explique Christophe Musy, directeur de PSA Aftermarket.

La stratégie aftermarket veut couvrir tous les segments et prévoit ainsi trois labels. Mister Auto, racheté en avril 2015, doit aller chercher le client à la recherche de solutions d'entrée de gamme. Avec ce site internet, PSA se place directement face à Oscaro. Mister Auto revendique une croissance à deux chiffres et rêve d'accélérer son déploiement à l'international.

"Nous avons rejoint PSA pour grandir avec l'appui de leurs structures", nous explique un responsable de Mister Auto.

Autrement dit, Mister Auto qui vient de s'implanter au Brésil sera donc attendu en Chine, en Afrique, au Moyen-Orient...

Un réseau de réparateurs

L'autre axe stratégique de l'aftermarket s'appelle EuroRepar Car Service. Il s'agit d'un réseau de maintenance et de réparations automobiles labellisé par PSA et qui doit permettre de toucher tous les clients qui auront besoin d'une réparation. Ce réseau est plutôt moyen de gamme puisqu'il ne proposera pas des pièces dites constructeurs, mais des pièces dites de distributeurs. Le réseau comptera près de 3.000 adhérents en Europe avant la fin de l'année, soit 25% de plus qu'en 2015. Des premiers centres ont été ouverts en Biélorussie, au Brésil et en Chine. Près de 400 ouvertures sont prévues en Chine et en Amérique Latine l'année prochaine. Enfin, PSA ne néglige pas son réseau puisqu'il continuera à proposer une offre haut de gamme, mais qui sera réservée à ses trois marques.

En tout état de cause, au-delà de la création de labels, le véritable secret dans cette activité n'est pas la stratégie commerciale, mais la mise en place d'une infrastructure logistique compétitive. Ce sera le rôle de Distrigo, l'entité qui exploitera le réseau de distribution et qui doit, à terme, couvrir tous les marchés où est présent PSA (Chine, Iran, Amérique Latine...).

La logistique, le secret du succès

Dans un premier temps, Distrigo va tenter de rationaliser son infrastructure de distribution de pièces.

"Nous allons passer de 2.500 distributeurs à 140 plaques en Europe tout en augmentant le nombre de référencements", détaille Christophe Musy.

C'est Vesoul qui alimentera ces 140 plaques réparties dans toute l'Europe, ces dernières alimenteront les points de vente. Un véritable challenge pour tenter de toucher les 460.000 centres de réparations européens. "

Nous n'avons pas l'ambition d'établir une capillarité de l'ensemble de ces centres, pas dans l'immédiat en tout cas...", relativise Christophe Musy.

|Lire aussi : Comment Vesoul est devenu le vaisseau amiral de la stratégie aftermarket de PSA

Pour l'instant, la priorité de PSA est de construire une base logistique compétitive : gestion des flux, des stocks, organisation des espaces, optimisation des préparations de commandes... Tout est dans l'expertise opérationnelle de ce nouveau métier. D'ores et déjà, le groupe a mis en place un ambitieux plan de transformation du site de Vesoul d'un montant de 30 millions d'euros sur trois ans afin d'en faire la plateforme logistique de pièces de rechange la plus compétitive du monde. Le site de Vesoul doit pouvoir accueillir une hausse de 25% d'activité à terme, de quoi tenir jusqu'en 2021, si l'on s'en tient aux objectifs du plan Push to Pass. La plateforme a déjà baissé de 30% ses stocks et de 6% ses coûts par an depuis 2014. PSA veut aller plus loin encore et baisser de 30% les coûts logistiques et de 15% les coûts industriels (le site fabriquera également des pièces de rechange), et dégager des gains de productivité de près de 12% sur trois ans.

Une promesse en or ?

Pour Carlos Tavares, déployer cette stratégie aftermarket à l'échelle mondiale est la promesse d'un important gisement de croissance rentable. Il permettra également de dé-corréler le groupe des cycles automobiles avec une activité aux revenus récurrents. Enfin, c'est une opportunité en or là où peu, très peu, d'acteurs se sont imposés à l'échelle mondiale, et encore moins chez les autres constructeurs automobiles, mais qui néanmoins y réfléchissent de plus en plus...

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Commentaires 3
à écrit le 14/11/2016 à 23:13
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Construction de 2 usines de montage de véhicules pendant ses années d’implantation, environ 4620 emplois directs.Véhicules tropicalisés Aussi bien les bus, les camions que les véhicules légers vont être assemblés et montés dans celles-ci. crée TV...

à écrit le 14/11/2016 à 10:39
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Ce qu'on voudrait surtout c'est que les voitures soient fiables et que les seules pièces à changer soient les pièces d'usure "Disques, plaquettes de frein, huiles...". Des beaux jours pour ces plateformes, surtout si les constructeurs accélèrent sur...

à écrit le 14/11/2016 à 10:01
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Les pièces détachées d'origine!! sont une vraie escroquerie dans les marques. Il a aujourd'hui des sites dont les pièces sont 2 ou 3 fois moins chères que chez les constructeurs. J'ai toujours du mal à comprendre que des automobilistes continuent à f...

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