Valeo axe son ambitieux plan stratégique sur la Chine et l'innovation

Jacques Aschenbroich a développé un nouveau plan pour les cinq prochaines années et vise une hausse de 57% de son chiffre d'affaires à 20 milliards d'euros, assorti d'un taux de marge de 8% à 9%. Pays émergents et innovations seront les maîtres-mots de cette nouvelle stratégie.
L'équipementier automobile français veut aller encore plus loin alors que sa capitalisation boursière est au plus haut.

"Notre règle, c'est l'obsession de la croissance et de la rentabilité", a martelé Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo, devant un parterre d'analystes et investisseurs réunis à Londres, lundi 16 mars. L'enjeu était de taille pour l'équipementier automobile français. Il vient d'achever, avec un an d'avance, son précédent plan stratégique, et son action a atteint des sommets en bourse (+44% en un an, +241% en trois ans). Il fallait donc montrer que le groupe avait non seulement de nouvelles ambitions et de nouveaux relais de croissance, mais surtout les moyens d'accompagner ces efforts.

Nouveau plan stratégique

Et le nouveau plan est ambitieux puisque pour parvenir à l'objectif d'un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros en 2020 (contre 12,7 milliards en 2014), le groupe devra surperformer le marché automobile de 5% en moyenne par an. S'il parvient à son objectif, le chiffre d'affaires aura augmenté de 57% tandis qu'il avait progressé de "seulement" 32% sur le plan précédent. Pour ajouter à la difficulté, Jacques Aschenbroich promet un taux de marge compris entre 8% et 9% à ce terme.

Pour ce faire, le groupe se fonde sur deux piliers : la croissance en Asie et les pays émergents, et l'innovation. Si Jacques Aschenbroich ne veut pas "mettre tous ses œufs dans le même panier" chinois, c'est évidemment en Chine qu'il compte concentrer sa croissance. Il estime que l'Asie va concentrer 60% de la croissance mondiale, dont 45% en Chine. Aussi, le groupe ouvre des usines à tour de bras. Il dispose déjà de 29 sites dans l'ex-Empire du Milieu, va en développer deux en 2015, et en ouvrir quatre supplémentaires.

L'innovation au service de la rentabilité

Pour ce qui est de la rentabilité, l'autre "obsession" de Jacques Aschenbroich, le groupe va poursuivre ses efforts d'innovation en consacrant 5,5% de son chiffre d'affaires dans la Recherche et Développement (R&D), contre 5% en 2014. Un chiffre conséquent compte tenu de la croissance du chiffre d'affaires.

Le groupe veut accélérer dans la voiture dite "intuitive", ou voiture connectée. Le dégivrage du pare-brise commandé par smartphone pendant qu'on prend son café, la clé de démarrage via son smartphone... Le groupe développe également un système de caméras qui remplacera les rétroviseurs extérieurs et intérieurs, afin d'optimiser l'aérodynamisme, mais également la visibilité en neutralisant l'angle mort.

Sur ses métiers traditionnels, Valeo veut continuer à développer de nouveaux produits pour fournir ses clients haut-de-gamme comme l'essuie-glace qui répartit le liquide de nettoyage de façon optimale et permet d'économiser 3 kilos de poids dans la voiture. Le développement de système de climatisation 6 zones ou encore les phares avec rayon laser qui se projettent sur 600 mètres mais sans éblouir la voiture d'en face. En bref, les projets de Valeo sont légions. Et d'autres projets sont en cours, et pour partager les risques, Valeo travaille avec des partenaires : Safran, l'allemand Peiker, ou plus récemment l'israélien Mobileye.

Des objectifs timides?

Valeo promet donc de se positionner solidement sur les marchés à forte croissance, en proposant des produits à forte valeur ajoutée. Certes, il lui a fallu près de quatre ans pour gagner 0,8 point de taux de marge (il est passé de 6,4% à 7,2% entre 2010 et 2014). Mais le groupe pourrait encore profiter du transfert de la valeur des constructeurs vers les équipementiers dans les années à venir, surtout si ses efforts en matière de R&D sont soutenus.

Déjà, son précédent plan avait vu ses principaux objectifs dépassés. L'objectif de marge opérationnelle de 7% en 2015 a été dépassé en 2014 avec 7,2%. La croissance du chiffre d'affaires a surperformé le marché de 7% en moyenne par an, alors que Valeo visait un écart de 3%. Jacques Aschenbroich confesse néanmoins ne pas avoir rempli son objectif de cash-flow puisqu'il s'est établi à 1,5 milliard d'euros sur la période, contre 1,8 milliard attendu. "La croissance du marché européen n'a pas été aussi bonne qu'attendue", se défend-il. Cette fois, il annonce un taux de conversion de l'EBITDA en cash flow supérieur à 30%, contre 21% en 2014.

Prêt pour la révolution?

Le défi de Valeo sera surtout sur le long terme. Même s'il annonce des projets de développement sur 20 ans, il devra bien cerner les besoins de la voiture connectée car plus que d'innovations, il s'agit en réalité d'une révolution où de nombreux nouveaux acteurs, pas toujours issus du monde de l'automobile, sont à la manœuvre en apportant parfois des solutions disruptives.

D'ailleurs, Valeo hésite encore à parler de voitures autonome ou connectée, il lui préfère le terme de voiture "intuitive". Jacques Aschenbroich n'exclut pas des acquisitions... Tant que cela ne rompt pas la promesse de rentabilité, bien sûr!

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