BTP : pourquoi Holcim se renforce aux États-Unis avec Duro-Last

Après s’être offert en 2021 Firestone Building Products et Malarkey Roofing Products, le producteur suisse de béton, de granulats et de ciment vient d'annoncer l'acquisition de Duro-Last, le « leader américain des toitures commerciales », pour 1,2 milliard d’euros. Alors que le monde entier a les yeux tournés vers l'« Inflation Reduction Act » (IRA, soit la politique de Joe Biden visant à sponsoriser l'industrie étasunienne), Holcim renforce sa place de co-leader mondial avec Saint-Gobain et Sika.
César Armand
Dès mai 2021, l'industrie cimentière s'est engagée, auprès du gouvernement français, à baisser de 25% ses émissions à horizon 2030 et de 81% d'ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre. Objectif final: rien de moins que la neutralité carbone.
Dès mai 2021, l'industrie cimentière s'est engagée, auprès du gouvernement français, à baisser de 25% ses émissions à horizon 2030 et de 81% d'ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre. Objectif final: rien de moins que la neutralité carbone. (Crédits : ARND WIEGMANN)

Jamais deux sans trois. Après s'être offert Firestone Building Products en janvier 2021 et Malarkey Roofing Products en décembre 2021, le producteur suisse de béton, de granulats et de ciment Holcim vient d'annoncer l'acquisition d'un nouvel acteur américain, Duro-Last, pour 1,293 milliard de dollars (1,21 milliard d'euros).

Duro-Last est « le leader américain des toitures commerciales », grâce à des marques de « premier plan », des technologies « exclusives » et des solutions « sur-mesure », précise la firme helvétique qui vient par ailleurs d'acheter, mi-janvier, l'italien Nicem (leader du carbonate de calcium moulu, une matière première polyvalente à faibles émissions de carbone).

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Vers une gamme complète de solutions pour la toiture

Après avoir déjà investi outre-Atlantique dans les technologies de couverture, d'étanchéité et d'enveloppe du bâtiment avec Firestone, puis dans l'isolation et la rénovation avec Malarkey, l'achat de Duro-Last constitue une « nouvelle étape importante » pour « devenir un leader mondial dans le domaine des toitures », explique, à La Tribune, un porte-parole de Holcim.

« Cette acquisition fait de Holcim un leader sur notre premier marché mondial avec une gamme complète de solutions pour la toiture, du résidentiel au commercial, et vient combler les derniers manques technologiques qui pouvaient persister dans notre activité toitures », ajoute cette même source.

L'objectif est clair : atteindre sur ce marché un chiffre d'affaires net de 4 milliards de dollars d'ici à 2025. Le suisse confie en outre à La Tribune « souhaiter poursuivre le renforcement de [sa] position sur ce marché, de manière organique et par le biais d'acquisitions ». Une stratégie similaire à celle de son concurrent français Saint-Gobain, fabricant et distributeur de matériaux de construction et de verre, qui y a investi 5 milliards d'euros depuis 2019.

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Le monde entier a les yeux tournés vers l'IRA

Alors que le monde entier a les yeux tournés vers l'IRA (« Inflation Reduction Act », soit la politique de Joe Biden visant à sponsoriser l'industrie américaine), Holcim affirme, a contrario, inscrire cette nouvelle emplette « dans le droit fil de la stratégie 2025 "Accélérer la croissance verte", qui vise à développer la branche d'activité Solutions & Produits pour atteindre 30% des ventes nettes du groupe d'ici à 2025 ».

Il n'en demeure pas moins que le marché étasunien reste porteur : avec près de 332 millions de consommateurs potentiels, il y a, selon son rival Saint-Gobain, un besoin de 4 millions de logements neufs sans parler de tous ceux à rénover. Et, que ce soit l'hexagonal ou l'helvète, tous deux entendent rester des industriels de la construction... décarbonée.

Depuis le 1er janvier 2022, est entrée en vigueur la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs dite « RE2020 ». Tous les matériaux de construction peuvent encore utilisés mais à condition, qu'à horizon 2031, « les matériaux plus usuels comme la brique et le béton se soient décarbonés ».

Tous les moyens sont donc bons pour réduire l'empreinte écologique du béton classique. Ce matériau contient certes 88% de granulats et de sable, mais aussi et surtout 12% de ciment, responsable à lui tout seul de 98% des émissions de gaz à effet de serre du béton.

Co-leaders avec Saint-Gobain et Sika

« Nous ne faisons pas la course, nous serons co-leaders sur ce marché estimé à 60-70 milliards d'euros. Il reste encore quelques opportunités », soulignait, en décembre 2021, le directeur général de Saint-Gobain, interrogé sur la course aux achats stratégiques avec Holcim et Sika. « Nous ne fabriquons pas le béton et le ciment, mais sachant que nous n'allons pas vivre un monde de la construction sans béton, nous leur permettons de décarboner leur offre », poursuivait Benoît Bazin.

D'autant que les professionnels de la filière n'ont plus le choix. Dès mai 2021, l'industrie cimentière s'est engagée, auprès du gouvernement français, à baisser de 25% ses émissions à horizon 2030 et de 81% d'ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre. Objectif final: rien de moins que la neutralité carbone.

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César Armand

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