LA TRIBUNE - La Covid-19 a eu la peau du Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim) en mars, puis en juin. Le Mipim est mort, vive la Paris Real Estate Week ?
RONAN VASPART - Si le Mipim 2020 n'a pu avoir lieu du fait de la Covid-19 et pour des raisons évidentes d'accueil du public, sa prochaine édition se déroulera, bel et bien, en mars 2021 à Cannes, car la rencontre physique est essentielle.
En attendant, il nous semblait essentiel que les décideurs puissent se voir. C'est pourquoi nous avons lancé en avril la plateforme Mipim Connect pour les faire se rencontrer, même virtuellement, et pour leur proposer du contenu.
Et maintenant nous organisons, la semaine du 14 septembre, la Paris Real Estate Week, construite autour de Propel by Mipim, le nouveau nom de Mipim Proptech Europe, qui a réuni, l'an dernier, 2.000 décideurs de 41 pays du monde de l'immobilier, de la technologie et des pouvoirs publics sur la thématique de l'innovation.
L'innovation, tout le monde en parle dans l'immobilier, mais entre des études notariales pas aussi dématérialisées qu'espéré et des collectivités finalement peu équipées en services numériques d'instruction de permis de construire, est-elle aussi incontournable qu'on le dit ?
L'innovation devrait être un pré-requis ! Rien que ces deux derniers mois, les usages ont évolué et créé des fonctionnements des habitats différents, ne serait-ce que par le télétravail ou le vivre-ensemble. Effectivement, lorsque le confinement a été décrété, beaucoup d'acteurs n'étaient pas immédiatement prêts, mais ils ont réagi très vite à cette situation.
Pour autant, nous ne sommes pas là pour conseiller tel ou untel, mais pour nous assurer que les bons professionnels se retrouvent, échangent et apprennent de leurs différences. C'est notre mission. Nos programmes de contenus et nos opportunités de networking vont aider à cela. La crise va en outre inciter les uns et les autres à se transformer.
Comment imaginez-vous d'ailleurs la transformation de la ville ?
Je n'ai pas encore de boule de cristal. Le but est de débattre de ces sujets de RSE, de dérèglement climatique, de biodiversité ou de nature. Demain, qu'est-ce qui empêchera de poursuivre le télétravail ? Cela aura un impact sur l'occupation des villes, des bâtiments, des bureaux, de même que cela imposera des connexions technologiques plus fortes dans les petites villes et villes moyennes.
Nous aurons ainsi une journée dédiée à cette thématique de l'environnement urbain, dont l'ancien président Nicolas Sarkozy fera le discours inaugural. C'est un acteur de la ville très engagé et nous mesurons la chance et l'intérêt d'obtenir son regard et son analyse. Nous montons également un « Forum de la ville » dédié aux décideurs des collectivités locales françaises. Nous misons enfin sur la présence de femmes fortes dont la présidente de la RATP, Catherine Guillouard, et la directrice générale de Gecina, Méka Brunel.
Dans ce cas, pourquoi avoir créé un événement à part : le Monaco Real Estate Tech Summit ?
C'est un format à l'initiative de la principauté de Monaco qui a la volonté de créer de la rencontre et des opportunités. Le Rocher a toujours été à la pointe de l'innovation et souhaite travailler davantage sur la dimension proptech. Nous avons donc décidé de créer ensemble ainsi qu'avec l'ESCP un format visant à réunir acteurs locaux, nationaux, européens et mondiaux sur ce territoire, autour de trois thématiques : la tech pour investir, la tech pour vivre et la tech pour construire.
L'investissement va-t-il justement rester au rendez-vous selon vous, entre des collectivités dont les dépenses de fonctionnement ont explosé avec la Covid-19 et des entreprises qui ont perdu beaucoup de ressources ?
Les collectivités mettent à disposition des programmes de développement de leur ville via les plans locaux d'urbanisme, mais l'investissement vient, lui, des clients institutionnels et privés. Assurément, l'investissement est au cœur des préoccupations de l'immobilier et sera un sujet discuté pendant toute la semaine. Les investisseurs institutionnels quant à eux débattront autour d'un think-tank sur les suites à donner dans ce domaine.
Côté entreprises, l'hôtellerie, par exemple, a beaucoup souffert de cette crise. Quelles seront les conséquences pour le secteur ? Les opérateurs seront-ils toujours en conflit avec leurs propriétaires ? Les investisseurs voudront-ils toujours les suivre ? Va-t-on assister à une foire au meilleur deal ou assisterons-nous à une réflexion plus posée ?
Permettez-moi d'ajouter, enfin, que les Mipim Awards, dont le jury a sélectionné en janvier 45 projets de 21 pays dans 11 catégories, annonceront les gagnants lors d'un dîner.
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