Immobilier : coup de projecteur sur les projets architecturaux les plus innovants

Le bâtiment n’échappe pas aux vents violents de l’urgence climatique et du développement durable. Pointé du doigt pour son bilan carbone catastrophique – construction comprise, presque 40 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie, selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement –, le secteur est en train d’opérer l’un des virages écologiques les plus spectaculaires du moment. Roi des villes, le béton n’est plus en grâce. Pour tailler dans leur bilan carbone, les municipalités sont de plus en plus nombreuses à miser sur des matériaux biosourcés et des manières de concevoir moins impactantes. Architectes avant-gardistes et promoteurs visionnaires ont le vent en poupe et en profitent pour réinventer l’habitat de demain. Économes, résilients, s’appuyant sur des matériaux naturels, recyclés et des énergies renouvelables, nos futurs logements s’annoncent également plus sains, plus polyvalents, plus modulaires, plus collectifs et plus végétalisés. La preuve par 4.(Cet article est issu de T La Revue n°11 - « Habitat : Sommes-nous prêts à (dé)construire ? », actuellement en kiosque).
(Crédits : © Marcel Steinbach)

UNE VERTE "VALLEY" A USAGE MIXTE DANS LE QUARTIER D'AFFAIRES D'AMSTERDAM

En bordure du quartier d'affaires Zuidas d'Amsterdam, un OVNI architectural vient tout juste de sortir de terre. Si la façade extérieure en verre, classique d'un quartier financier, se veut le reflet fidèle de son environnement, le reste de la structure a tout d'une excentricité. Est-ce un bâtiment ou une élévation naturelle du sol ? Inauguré en juin 2022, « Valley », le nouveau projet phare du mastodonte néerlandais MVRDV, n'est pas sans évoquer une formation rocheuse gigantesque, hérissée de trois montagnes sculptées en terrasses. La ressemblance n'est pas fortuite, évidemment. Comme souvent avec cet audacieux cabinet d'architectes au succès planétaire, la typologie du bâtiment a été soigneusement pensée de manière à refléter sa fonction. Ou plutôt ses fonctions ! Car ce complexe de près de 75 000 mètres carrés n'est pas juste un immeuble d'habitation. C'est un quartier dans le quartier, un bâtiment pensé comme une micro-société, l'équivalent urbain d'une « vallée » foisonnante et hospitalière. Car outre les 200 appartements, tous différents, qu'il abrite, ce complexe architectural gigantesque accueillera également un atrium central, un rooftop, des boutiques, des cafés, des bars, des bureaux, des instituts culturels, un centre créatif, un parking sous-terrain, ainsi que des espaces verts imaginés par le paysagiste star néerlandais Piet Oudolf. Un vaste complexe reflétant « l'évolution de la vie urbaine » selon les trois associés à la tête de MVRDV.

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CACAO ECOVILLAGE, LA CITE IMPRIMEE EN 3D A PARTIR DE DECHETS DE CACAO

Déforestation, plantations gourmandes en eau, gaspillage de la majeure partie du fruit du cacaoyer, précarité des producteurs... C'est l'amer bilan écologique et humain de l'industrie du chocolat. À Pedernales, ville côtière du Nord-Ouest de l'Équateur, la construction tout juste débutée du Cacao écovillage a pour ambition de valoriser cette filière au moyen des principes fondamentaux de l'économie circulaire. Lancé par le fabricant de chocolat équatorien MUZE et son association à but non-lucratif, Avanti, le projet adopte une approche holistique. Aspirant à devenir la « Silicon Valley » de la durabilité, le complexe servira à la fois de lieu de conception et de fabrication de produits éthiques à base de cacao, de centre de recherche et de développement, d'espace de coworking et de coliving pour agriculteurs et innovateurs en tous genres et de destination touristique écoresponsable. Un défi architectural de taille qui a été confié au cabinet de l'Italien Valentino Gareri. Conçu selon cinq principes directeurs - la modularité, la fonctionnalité, la durabilité, les nouvelles technologies et un lien fort avec les communautés locales - le projet se veut une conjugaison habile entre modernité et tradition. Synthèse qu'illustrent, par exemple, les multiples stratégies qui permettront au village d'atteindre l'autosuffisance (installation de panneaux solaires, mais aussi collecteurs d'eau de pluie et ventilation naturelle), ou encore, les matériaux et les techniques d'édification. Si la plupart des bâtiments seront construits à partir de bambou et de bois, d'autres incorporeront un matériau beaucoup plus innovant : des biofilaments et des rebuts de coques de fèves de cacao. Habituellement considérée comme un déchet, cette matière végétale, transformée en bioplastique, servira à édifier certaines structures grâce à l'impression 3D.

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UN17 VILLAGE PROMET DE REPONDRE AUX 17 OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE DE L'ONU

17 objectifs de développement durable. « 17 objectifs pour sauver le monde. » La promesse est belle. C'est celle choisie par les membres de l'ONU pour présenter le vaste plan d'action qu'ils ont adopté en 2015 pour répondre aux défis de demain. On y trouve, en vrac, la production d'énergie propre, l'éradication de la faim dans le monde, l'égalité entre les sexes ou encore la justice. A priori, pas un planning réalisable à l'échelle d'un seul et même projet de construction. Et pourtant... Ce n'est pas l'avis du promoteur immobilier danois NREP, ni de ses cabinets partenaires, les audacieux Lendager Group et Sweco Architects. Ensemble, ils se sont lancé un défi un peu fou : concevoir et construire un écovillage capable de traduire chacun des 17 objectifs fixés par les Nations Unis en initiatives concrètes. Leur terrain d'action ? 35 000 mètres carrés en lisière de Copenhague, dans le quartier méridional de Ørestad. Leurs outils ? Du béton, du verre, du bois recyclé, et surtout une vision. Prévu pour une livraison l'année prochaine - date appropriée puisque Copenhague a été désignée Capitale mondiale de l'Architecture 2023 par l'Unesco -, UN17 Village ambitionne, ni plus ni moins, de bousculer les normes mondiales en matière de construction durable. Fini l'approche en « silos », qui voudrait que le secteur du bâtiment ne s'intéresse qu'à son domaine d'impact principal, à savoir les émissions de gaz à effet de serre. Les architectes abordent ici la problématique du développement durable dans sa globalité. Outre les nombreuses mesures en faveur de l'écologie et du climat : l'utilisation de matériaux écologiques, locaux et recyclés, l'installation de jardins partagés, de panneaux solaires, de collecteurs d'eau de pluie et de chauffe-eau géothermiques ; les cinq bâtiments d'habitation du futur écovillage ont été conçus de manière à servir bien d'autres desseins vertueux. Des serres et autres installations dédiées aux cultures alimentaires permettront d'y produire près de 30 000 repas par an. Nourriture, qui si excédentaire, ne sera pas gaspillée, mais intelligemment redistribuée. La diversité et la lutte contre les inégalités y seront favorisées par l'existence de 37 typologies différentes de logements. Un centre de conférences dédié aux évènements axés sur la durabilité doit également y voir le jour. Autant d'initiatives qui, cerise sur le gâteau, devraient créer près d'une centaine de métiers non qualifiés.

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QUAYSIDE TORONTO, LA QUARTIER DE TOUS LES POSSIBLES

Google aurait dû y construire une « smart city » tout droit sortie d'un film d'anticipation. La crise sanitaire en aura décidé autrement... C'est finalement un autre projet futuriste qui verra prochainement le jour dans le très convoité quartier de Quayside, sur les bords du lac Ontario. Désireuse de faire de ces 5 hectares en plein cœur de Toronto un modèle d'urbanisme, d'écologie et d'innovation, l'autorité publique Waterfront, en charge de réaménager la parcelle, s'est rabattue sur le projet futuriste de deux promoteurs canadiens, Dream Unlimited Corp et Great Gulf Group pour remplacer celui de Sidewalk Labs, filiale de la maison mère de Google, Alphabet. En tête de gondole des propositions pour ce nouvel écoquartier : la construction de l'un des plus grands immeubles résidentiels en bois du pays, une ferme urbaine, des espaces boisés, l'aménagement d'espaces culturels et éducatifs multi-usages, ainsi que la promesse d'une communauté entièrement électrique et zéro-carbone. En outre, rien qui ne fasse craindre un débat houleux autour de la confidentialité des données. Les deux promoteurs, réunis pour l'occasion sous le nom de Quayside Impact Limited Partnership, n'ont pas jugé judicieux de reprendre à leur compte l'idée très controversée de leur prédécesseur : celle d'une « couche numérique » superposée à l'espace physique du quartier. La myriade de capteurs collectant massivement des données que voulait y installer la société sœur de Google avait nourri une forte opposition au sein même de Waterfront Toronto et chez les habitants de la ville.

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