Les professionnels de la domotique veulent renforcer la sécurité des objets connectés

En 2019, les experts du logement connecté vont travailler à une labellisation de leurs services avec l'organisme de certification AFNOR et ainsi renforcer la sécurité des objets qu'ils installent.
César Armand
la Fédération française de domotique (FFD) est en train de créer deux labels pour ses 380 adhérents.
la Fédération française de domotique (FFD) est en train de créer deux labels pour ses 380 adhérents. (Crédits : Urmet)

Même les plus réfractaires à la haute technologie possèdent au moins un objet connecté chez eux : le détecteur de fumée (à condition d'être relié à un réseau) que tout propriétaire doit installer chez lui, y compris pour ses locataires. "L'objet connecté est un objet communicant sans fil destiné au grand public dont l'interface est numérique et que l'on peut contrôler à distance", résume Laurent Fantino référent Smart Home chez Bosch. "L'un des grands freins, à part son prix, c'est qu'on ne sait pas toujours ce que cela peut nous apporter."

En partenariat avec AFNOR Certification depuis 2017, la Fédération française de domotique (FFD) est justement en train de créer deux labels pour ses 380 adhérents et au bénéfice de leurs clients : "Smart Home" et "Smart Building".

"Ce n'est pas un blanc-seing", explique Eric Laurençon, responsable du sujet chez AFNOR. "L'objectif est d'aider les entreprises à se structurer et à identifier leurs difficultés."

Un label positif pour les affaires

Premier du secteur à avoir été labellisé "Smart Home", le bureau d'études Domopad assure ce 17 janvier 2019 qu"il sort de là bien armé".

"C'est une vision externe qui nous permet de nous assurer que nous n'avons rien oublié", témoigne son président Philippe Roux. "Comme nous mettons de la technologie dans les bâtiments, nous avons des responsabilités."

En réalité, cette certification indépendante permettra aux installateurs d'objets connectés (Internet of things - IOT) et aux intégrateurs - qui les paramètrent - de faire davantage d'affaires"Toute initiative qui professionnalise va dans le bon sens", abonde Jacques Bruhière, responsable offres services et solutions chez Schneider Electric. "Faire des bons produits ne suffit pas, il faut s'assurer qu'ils fonctionnent".

Rassurer la clientèle en adoptant une démarche éthique

 C'est pourquoi l'AFNOR va lancer une application mobile pour recueillir, grâce à deux-trois questions, l'avis des clients sur les travaux réalisés. "Il y a un déficit de confiance tant du côté des professionnels du bâti que des particuliers", rappelle ainsi le président de la FFD François-Xavier Jeuland à La Tribune. "J'espère que d'ici à fin 2019, nous arriverons à faire connaître ces labels aux particuliers." En attendant, il faudra déjà rassurer les acquéreurs sur la sécurité de ces IOT. Le PDG de l'opérateur de solutions SmartHab estime à cet égard que l'heure de l'ethical Internet a déjà sonné.

"C'est un mot-valise, mais il répond aux angoisses de nos utilisateurs", assure Godefroy Jourdan. "Nos données restent dans le cadre et ne transitent pas par le réseau." Son confrère Emmanuel Olivier, qui déploie son bouquet de services "Flexom" dans les logements neufs de Bouygues Immobilier, estime, pour sa part, que cette exigence permettra de créer un nouveau métier.

"Entre un objet connecté dans le lot menuiserie et un autre dans le lot plomberie, ni le plombier ni le menuisier pourra tout faire", souligne le président d'Ubiant. "Une spécialité "smart" viendra garantir que cela fonctionne bien en maintenant le système dans le temps".

Protéger les données utilisateurs

Le principal partenaire des professionnels de la domotique, la Smart buildings alliance (SBA), a d'ailleurs lancé dès juin 2018 le label Ready-to-service (R2S). Cette certification des acteurs de la ville de demain vise à sécuriser l'ouverture des données des utilisateurs dans les bâtiments tertiaires connectés et communicants. Contacté par La Tribune, son président estime même qu'à terme, il sera obligatoire.

"D'une part, au regard des prix de l'énergie, les directeurs immobilier vont devoir gérer leurs consommations", insiste Emmanuel François. "D'autre part, avec l'optimisation des espaces de travail et le changement des usages (télétravail, flex-office...), ils auront à répondre à cet impératif." Les labels "Smart Home" et "R2S" étant très business-to-business, la SBA va s'attaquer au marché du logement avec un label "R2S Résidentiel" lancé fin janvier 2019.

"Nous nous appuyons sur notre ADN : des systèmes ouverts et interopérables en "edge computing" c'est-à-dire qui protège les données individuelles et qui garantit la confiance", insiste Emmanuel François. "Plus personne ne veut que ses données s'en aillent dans le "cloud".

D'ici à deux ans, la Smart building rêve aussi de créer le label "R2S Connect" : une base de données universelle où chaque objet connecté aura son équivalent numérique pour permettre son interopérabilité avec un autre objet connecté de l'habitat. Après-demain, scanner le QR code ou le tag NFC de l'interrupteur de son salon permettra donc de commander également celui de l'entrée.

César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 21/01/2019 à 12:03
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Hé oui il est normal que chaque société veuille protéger les données qu'ils vont nous piquer sinon ils seront obligés de les vendre bien moins chers ! La "sécurité" n'est que de l'intérêt financier.

à écrit le 18/01/2019 à 19:29
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Un sujet qui est loin d'être anecdotique tant cette "révolution" va vite modifier nos habitudes à la maison, pour les gestes les plus quotidiens (allumer ou éteindre les lumières, ouvrir les volets, régler le chauffage, gérer la sécurité du domicile....

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