Jean-Pierre Garnier n'a pas dit son dernier mot. Le charismatique patron français du laboratoire britannique GSK de 2001 à 2008, devenu ensuite numéro deux de Pierre Fabre avant d'en être brutalement évincé, devrait reprendre du service en Suisse. Les dirigeants de la société de biotechnologie Actelion, en proie depuis des semaines à l'activisme du fonds Elliott, vont proposer sa nomination comme administrateur lors de l'assemblée générale du 5 mai prochain. Sera également proposé Robert Bertolini, ancien directeur financier de l'américain Schering-Plough.
Elliott, un fonds d'investissement américain premier actionnaire d'Actelion avec près de 6% du capital, mène depuis plusieurs semaines une politique de critique des dirigeants actuels, accusé de ne pas créer assez de valeur pour l'actionnaire après l'échecs de plusieurs produits l'an dernier. Elliott a récemment demandé aux actionnaires d'envisager une vente d'Actelion, dont les ventes ont atteint 1,5 milliard d'euros (+8,8%) en 2010. Fin 2010, des rumeurs d'OPA de la part de l'américain Amgen avaient fait bondir l'action Actelion à la Bourse de Zürich. Roche faisait figure de chevalier blanc, mais ces éléments sont pour l'heure restés à l'état de rumeur.
Le fonds a proposé six nouveaux membres au conseil d'administration d'Actelion et appelé au départ de son directeur général - un Français - Jean-Paul Clozel et de son président, Robert Cawthorn. S'il est élu, Jean-Pierre Garnier occupera la position de vice-président avant de succéder à Robert Cawthorn à l'isue de son mandat, en 2012.
Reste à savoir si les actionnaires voteront en faveur de l'équipe actuelle et de son illustre dauphin. Ce mardi, Jean-Paul Clozel a indiqué que le groupe ne s'accrocherait pas à son indépendance s'il ne parvenait pas à générer de la valeur pour l'actionnaire.
Jean-Pierre Garnier, patron de GSK depuis 2001, avait été l'un des artisans de la fusion entre Glaxo et SmithKlineBeecham. Remplacé par Andrew Witty en 2008, il avait "rebondi" chez Pierre Fabre, troisième laboratoire français, en tant que numéro deux du fondateur. Mais les deux hommes avaient fini par se séparer en juin 2010.
A 63 ans, Jean-Pierre Garnier conserve des fonctions au sein du Fonds stratégique d'investissement (FSI), qu'il représente au Conseil d'administration de Cerenis, une petite biotech française spécialisée dans le traitement des maladies cardiovasculaires et métaboliques dans laquelle le fonds a investi 20 millions d'euros l'an dernier.
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