Antidiabétiques : Takeda prêt à jeter l'éponge en France

Malgré la décision favorable de Bruxelles, le labo devrait accepter la disparition de deux médicaments.
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Profil bas. C'est ce que devrait faire le laboratoire Takeda, dont les antidiabétiques Actos et Competact sont suspendus du marché français depuis le 9 juin dernier. Selon nos informations, le groupe japonais ne compte pas engager de bras de fer avec les autorités françaises. Et ce malgré le blanc-seing que lui a accordé la semaine dernière la Commission européenne. « Nous voulons continuer à travailler en bonne intelligence avec les autorités de santé françaises », explique-t-on dans l'entourage du labo. Officiellement, ce dernier n'a encore reçu « aucune notification officielle de la Commission ».

Le 9 juin, l'Afssaps avait décidé la suspension de l'Actos et du Competact, faisant valoir une étude de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) selon laquelle la pioglitazone, molécule principale des deux produits, augmentait le risque de cancer de la vessie. Dans la foulée, la France saisissait Bruxelles, seule compétente pour décider du retrait ou non de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits. En pleine affaire Mediator, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, faisait de ce dossier l'emblème de la fermeté nouvelle des autorités, assurant que Takeda n'obtiendrait jamais gain de cause.

Éviter la contagion

Problème : la Commission a choisi le 13 octobre de « ne pas choisir », selon « Le Figaro ». Elle s'est bornée à annoncer « la publication prochaine de recommandations pour limiter la prescription » des produits, précise le quotidien. Les dirigeants de Takeda seraient donc fondés à réclamer un retour de l'Actos et du Competact. Pourquoi, dès lors, refuser de faire valoir leur droit ? « Le brevet de l'Actos expire en janvier prochain. De plus, la Commission de la Transparence a de toute façon décidé de le dérembourser, ce qui fera chuter le chiffre d'affaires », précise un proche du labo. Les 6 et 20 juillet, la Commission a en effet rendu un « avis défavorable au maintien de l'inscription sur la liste des spécialités remboursables » pour le Competact et l'Actos, pris en charge à 65 % avant leur suspension.

Mais le véritable enjeu est ailleurs. Si le brevet de l'Actos expire dans trois mois, celui du Competact court jusqu'en juillet 2016. « Takeda a intérêt à éviter que la psychose française autour de ses médicaments ne se propage aux autres pays », décrypte un bon connaisseur du secteur. Le labo a réalisé l'an dernier 3,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires avec les deux produits. En France, ils ont coûté 61 millions d'euros à la Sécurité sociale en 2010. À Bruxelles, la France avait obtenu le soutien du Luxembourg et de l'Allemagne, qui ont aussi pris des mesures pour limiter l'usage de ces médicaments. « Autant passer la France par pertes et profits, si cela permet de continuer à vendre ailleurs », conclut un expert.

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