Près de 5.000 milliards d'euros. C'est ce que pourrait représenter la chimie mondiale en 2030, selon une étude dévoilée en exclusivité à "La Tribune" par le cabinet de conseil Roland Berger. En fait, les experts ont élaboré trois scénarios, du plus optimiste au plus morose. Dans l'hypothèse médiane - la plus probable selon les auteurs - d'une croissance modérée dans les marchés matures et importante dans les émergents, le marché mondial pourrait atteindre 4.900 milliards d'euros d'ici à vingt ans, contre environ 2.000 milliards en 2010. Un rythme de croissance tout de même deux fois moins élevé que par le passé : le marché a quasiment doublé dans la dernière décennie.
Poids des pays émergents
Mais les grandes tendances resteront les mêmes, à commencer par le poids des pays émergents. « La part de l'Asie devrait atteindre 57% du marché, contre 43% en 2010. Soit une croissance de 6% par an, à comparer à 4,5% en moyenne dans le monde", détaille Serge Lhoste, associé chez Roland Berger. Ces régions devraient aussi voir l'arrivée de nouveaux entrants. "Les chimistes du Moyen-Orient vont continuer d'investir en Occident et en Asie pour augmenter leurs débouchés. Quant à l'Asie du Sud-Est, elle abrite des sociétés d'oléochimie [huile de palme, Ndlr] qui vont être intéressées à aller au-delà de la chimie de base », explique l'expert. Le mouvement a déjà commencé : le thaïlandais PTT Chemical a racheté en octobre dernier 50% de l'américain Natureworks, un des pionniers de la production de plastiques à partir de sucre. En Malaisie, KLK a repris au britannique Croda son activité oléochimie en 2010.
Les partenariats avec des groupes émergents devraient aussi se poursuivre, à l'image du conglomérat géant (20 milliards de dollars) né cet été de l'association de l'américain Dow Chemical avec Saudi Aramco. "Le premier y trouve une façon d'obtenir des matières premières à un prix avantageux, le second d'acquérir de nouvelles technologies", décrypte Serge Lhoste.
Autre grande tendance : la chimie verte, un secteur encore balbutiant aujourd'hui - les bioplastiques ne représentent qu'un million de tonnes sur un marché de plus de 300 millions. "Les consommateurs ne sont pas prêts à payer davantage. Mais certaines filières sont déjà compétitives, comme l'éthanol au Brésil", font valoir les consultants de Roland Berger.
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