Le tarnais Pierre Fabre, fondateur des laboratoires éponymes, tire sa révérence

Pierre Fabre est mort samedi 20 juillet à l'âge de 87 ans. Il laisse les laboratoires fondés en 1962 aux mains de la Fondation Pierre Fabre et de Didier Miraton. Retour sur un succès international construit sur des fondations tarnaises.
Pierre Fabre, fondateur des laboratoires éponymes, s'est éteint samedi 20 juillet à Lavaur. Copyright Rémi Benoit/ObjectifNews

Le soleil a beau être éclatant en ce samedi 20 juillet à Castres, au coeur du Tarn, l'ambiance est à la tristesse pour ses habitants. Ils viennent d'apprendre le décès d'une figure locale reconnue et qui a fait beaucoup pour l'emploi dans leur département: Pierre Fabre. A 87 ans, l'enfant du pays a tiré sa révérence, laissant derrière lui le troisième plus gros laboratoire pharmaceutique de France derrière Sanofi et Servier.

Inspirations locales, succès mondial

Le tarnais avait débuté sa carrière de pharmacien en tenant une officine à Castres au début des années 1960. Passionné par les plantes, il commence par s'inspirer de l'une d'elles, abondante dans la région castraise: le Ruscus aculeatus, une sorte de petit houx. Il lancera ainsi le premier veinotonique d'origine natuelle, le Cyclo 3.l, après avoir fondé son laboratoire en 1962.

51 ans plus tard, son entreprise est devenue un géant du secteur de la pharmacie et des cosmétiques avec 10.000 salariés (dont 4.000 en France) et 1,972 milliard d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2012. Le groupe Pierre Fabre, c'est aujourd'hui 42 filiales à travers la planète et des produits diffusés dans plus de 130 pays.

"La fibre régionale est chez moi plus forte que tout"

Petit retour en arrière. En 1963, Pierre Fabre avait commencé par faire l'acquisition des Laboratoires INAVA. Il s'est ensuite diversifié en s'intéressant aux produits dermo-cosmétiques et achètera ainsi les laboratoires Klorane puis Ducray, Galenic et René Furterer au cours des années 1970. Il fondera également Avène, et rachètera les laboratoires Genesis en 2002 et la société brésilienne Darrow Laboratorios quatre ans plus tard.

Attaché à son sud-ouest natal, Pierre Fabre a toujours continué d'investir dans le Tarn et était devenu la première fortune de la région. Autour de Castres, siège des laboratoires, le pharmacien essaime ses entreprises et anime l'économie locale. Le plus gros site français - 600 salariés environ - se situe à Soual, tout près de Lavaur. A titre personnel, Pierre Fabre a aussi investi de longue date dans les médias à travers sa société Sud Communication et soutient financièrement depuis 25 ans le Castres Olympique (CO), champion de France en titre de rugby. "La fibre régionale est chez moi plus forte que tout", confiait-il à La Dépêche fin mai à l'occasion de l'inauguration de l'extension de l'usine de Soual.

71 % du capital du groupe confiés à une fondation reconnue d'utilité publique

Malade depuis plusieurs mois - ce qui était d'ailleurs source d'inquiétude cet hiver pour les salariés tarnais - Pierre Fabre avait organisé sa sucession. "L'important, pour moi, c'est de tout faire pour que l'entreprise poursuive son chemin dans les meilleures conditions possibles avec moi et après moi" assurait ce célibataire endurci, sans enfant, il y a moins de deux mois. Pour ce faire, le chef d'entreprise a réglé la question en 2008, en confiant 71 % du capital de son groupe à une fondation reconnue d'utilité publique, la Fondation Pierre Fabre, qu'il a lui même fondé. 

"En donnant mes actions à une Fondation j'ai, je crois, pris la décision qui permettait de mettre l'entreprise à l'abri d'un démembrement. La Fondation préservera l'intégrité de l'entreprise et sera chargée en lien avec la société qui contrôle le groupe, de poursuivre le chemin que j'ai tracé" racontait-il en mai à La Dépêche. Très présent dans l'entreprise, il n'avait pour autant pas arrêté de suivre de très près l'ensemble des activités de son groupe. Jusqu'au bout.

Il se décrivait comme très persévérant, et ayant dû apprendre à être toujours plus réactif, différent et créatif face à ses "très gros concurrents". Dans un communiqué diffusé samedi après-midi, l'entreprise Pierre Fabre loue un "entrepreneur visionnaire doté d?une intuition et d?une capacité de travail exceptionnelles" qui avait su rester "humble, discret et désintéressé".

Adieu "Dieu le Pierre"

C'est désormais à Didier Miraton, ancien cogérant du groupe Michelin de 2007 à 2011, que revient la tâche d'assurer la direction générale du groupe Pierre Fabre. Passé pendant toute la première partie de sa carrière par une entreprise familiale, cet ingénieur civil formé aux Ponts et Chaussées devra certainement conserver l'esprit d'entreprise et la simplicité insufflés par Pierre Fabre s'il veut poursuivre sur la voie tracée par le fondateur, décoré de la grande croix de la légion d'honneur.

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Commentaires 7
à écrit le 21/07/2013 à 18:18
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Monsieur, J'ai eu la chance de petit dejeuner en tete à tete avec vous, ce moment restera à jamais gravé dans ma memoire. Reposez en paix et merci pour tout ce que vous m'avez apporté.

le 21/07/2013 à 23:15
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Voilà un hommage sincère qui résume simplement et généreusement le bien que cet homme a su apporter autour de lui. Merci Monsieur Fabre, d'avoir entrepris dans bien des domaines. Ce fut, je crois, à chaque fois des succès. Un homme rare.

à écrit le 21/07/2013 à 12:29
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Bravo Mr Fabre, vous manquerez au Pays d'Oc !

à écrit le 21/07/2013 à 9:28
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Le dentifrice elgydium, c'est lui !

à écrit le 20/07/2013 à 21:36
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Nous sommes orphelin

à écrit le 20/07/2013 à 20:45
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C'est la faute a l'Europe.

à écrit le 20/07/2013 à 15:56
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Il voyageait très peu et détestait ça. Aussi, à côté de Castres, avait-il fait aménager une magnifique demeure pour recevoir ses hôtes. Un grand Monsieur, visionnaire, remarquable chef d'entreprise.

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