La peau humaine pourra bientôt être fabriquée en 3D

Des chercheurs français viennent de créer près de Bordeaux une société spécialisée dans la fabrication de tissus par bio-impression: une technique qui pourrait aboutir à d'importantes applications en cosmétique et en chirurgie.
Les premières bases ont été jetées il y a 25 ans par un scientifique américain. Plusieurs projets de recherche ont suivi en Europe, aux Etats-Unis et au Japon pour limiter le rejet des implants par le corps humain.

Des armes, des maisons, des prothèses... presque tout peut être fabriqué en 3D. Et l'éventail des possibilités s'étend chaque jour un peu plus: jusqu'aux tissus humains, qui pourront bientôt être produits grâce à une technique d'impression biologique en trois dimensions par laser développée par des chercheurs français.

Fabien Guillemot, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), vient notamment de créer avec un associé une société spécialisée dans la fabrication de tissus par bio-impression: elle s'appelle Poietis et est située à Pessac, près de Bordeaux.

Empiler des cellules vivantes contenues dans du liquide

Les premières bases ont été jetées il y a 25 ans par un scientifique américain, Joseph Klebe, qui utilisait une simple imprimante à jet d'encre et une protéine présente dans le liquide extracellulaire, la fibronectine. Plusieurs projets de recherche ont suivi en Europe, aux Etats-Unis et au Japon pour limiter le rejet des implants par le corps humain, dont celui dirigé par Fabien Guillemot.

Développé avec l'apport d'autres laboratoires, ce projet poursuit un objectif: trouver la bonne méthode permettant d'empiler de façon ordonnée, à l'aide d'un laser, des cellules vivantes contenues dans du liquide. Depuis 2010, il est entré dans une phase de développement des applications de la bio-impression.

"La peau et la cornée (...) se prêtent assez bien à la bio-impression"

"On s'est intéressé aux tissus osseux et, plus récemment, à la peau et à la cornée, les deux tissus où il y a le plus de besoins" explique Fabien Guillemot.

Ces derniers notamment "sont des tissus relativement fins qui se prêtent assez bien à la bio-impression, contrairement aux tissus osseux demandeurs de plus grandes quantités de matière bio-imprimée, ce qu'on n'est pas capable de faire aujourd'hui", précise le chercheur.

Les greffes chirurgicales parmi les applications potentielles

La bio-impression de ces tissus vivants pourrait notamment aboutir à des applications en cosmétique et en chirurgie. Elle permettra notamment aux industries pharmaceutiques et cosmétiques de tester de nouvelles molécules et de nouveaux médicaments sans passer par des essais sur des animaux et des cultures de cellules et donc de gagner beaucoup de temps.

"A plus long terme, disons dix ans, nous visons le marché clinique avec la greffe chirurgicale", ajoute Fabien Guillemot. Le traitement des grands brûlés pourrait en être à terme considérablement amélioré.

Des organes humains un jour?

Beaucoup de chemin reste toutefois à faire. Un des obstacles à franchir est notamment de comprendre comment fabriquer des tissus plus complexes et de les vasculariser. Seulement lorsque l'assemblage de cellules formant de petits vaisseaux sanguins (les capillaires) sera maîtrisé, il sera possible de fabriquer des tissus vivants de grand volume. Mais Fabien Guillemot reste très prudent:

"Même si on peut toujours imaginer que ça se fera un jour, aujourd'hui, on ne sait absolument pas comment", affirme-t-il: "La bio-impression d'organes c'est un peu de la science-fiction".

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Commentaires 2
à écrit le 16/11/2014 à 4:30
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C'est complètement ridicule de décréter l'innovation en accolant le sigle "3D" derrière tout projet de quelques allumés (ou requins) n'ayant réalisés aucune étude de marché...

à écrit le 15/11/2014 à 13:56
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Formidable ! Pourvu que les anti-progrès de tous bords ne fassent pas capoter ces merveilleuses avancées !

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