Rachat de molécules abandonnées : Softbank aide Roivant Sciences à lever plus de 1 milliard de dollars

La démarche originale de cette biotech a capté l'intérêt de SoftBank, qui est à l’origine de cette levée de fonds gigantesque. Avec cette somme, Roivant Sciences va accélérer sa stratégie de repérage et de rachat de molécules délaissées par des laboratoires pharmaceutiques pour les finaliser et les commercialiser.
Jean-Yves Paillé
Roivant dispose actuellement de 14 médicaments-candidats en phase clinique, dont six en phase III, dernière étape avant une potentielle commercialisation.

Une levée de fonds d'une ampleur rare toutes industries confondues. Mercredi 9 août, la biotech suisse Roivant Sciences a annoncé avoir collecté pas moins de 1,1 milliard de dollars. Une opération menée par le fonds géant de l'opérateur de télécommunications japonais SoftBank -par le biais de Vision Fund, son fonds doté de 93 milliards de dollars-. Cette levée de fonds est un record dans l'industrie de la santé. Celui-ci était détenu jusque-là par Grail, une société développant des diagnostics pour détecter précocement les cancers, et ses 900 millions de dollars levés auprès de ARCH Venture Partners et Johnson & Johnson Innovation.

La direction de SoftBank s'est dit "impressionnée par les ambitions nourries" par la société. Roivant Sciences est une biotech avec une stratégie originale. Elle identifie les molécules des autres laboratoires mises de côté pour des questions stratégiques, économiques, ou dont elles ne parviennent pas à développer le potentiel. Roivant passe des accords avec ces derniers pour en obtenir les droits. Roivant Sciences prend alors le relais pour les développer.

La société dispose actuellement de 14 médicaments-candidats en phase clinique, dont 6 en phase III, dernière étape avant une potentielle commercialisation. Chaque domaine thérapeutique investi par Roivant Sciences dispose de sa propre filiale. Par exemple, Axovant -qui est cotée en Bourse à New York- développe des traitements en neurologie, notamment contre la maladie d'Alzheimer, pathologie qui ne dispose pas de traitements capables de s'attaquer véritablement à la maladie. Si Roivant Sciences parvient à lancer son traitement -actuellement en phase III- dans cette pathologie, il tiendra là un blockbuster en puissance.

De nouvelles opportunités pour nourrir la stratégie de Roivant

L'investissement de SoftBank permettra à Roivant Sciences, créé en 2014, d'accélérer dans sa stratégie d'acquisition de traitements mis de côté qu'elle juge prometteurs, et de créer de nouvelles filiales. Dernièrement, GSK -un des partenaires de Roivant- a annoncé l'arrêt d'une trentaine de programmes de recherches pour des molécules en phase d'essais pré-cliniques ou cliniques, ou l'abandon d'une molécule d'Eli Lilly contre Alzheimer, ce qui offre de nouvelles perspectives d'acquisitions à la biotech. Mieux, cette levée de fonds pourrait permettre à Roivant de créer une plateforme qui répertorierait l'ensemble des médicaments-candidats délaissés par l'industrie pharmaceutique.

Roivant Sciences n'est pas la seule biotech à s'être lancée dans le recyclage de molécules. Ovid Therapeutics, société pharmaceutique américaine spécialisée dans les troubles neurologiques, a été également lancée en 2014 avec une stratégie identique. Pour l'instant, aucune des deux sociétés n'a encore pu commercialiser un traitement. Il faudra attendre quelques années pour savoir si Sofbank a vu juste.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 10/08/2017 à 14:08
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Excellent article sur un sujet passionnant. Les japonais ont eu le nez creux là, il est évident qu'il y a des découvertes à faire sur ces molécules abandonnées par les laboratoires pharmaceutiques non pas parce que n'étant pas efficaces mais parce qu...

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