Biotech : un marché à bout de souffle ou à maturité ?

Ralentissement de la hausse des revenus et des bénéfices, croissance moins importante des investissements en R&D, accélération dans les fusions acquisitions... Le modèle des grandes biotechs se rapproche de plus en plus de celui des laboratoires pharmaceutiques traditionnels.
Jean-Yves Paillé
Si les biotechs ont augmenté leurs dépenses en R&D, celles-ci atteignant également des records en 2015, celles-ci ont légèrement ralenti (+16% contre 17% en 2014)

À première vue, les biotechs continuent de gravir des sommets. En 2015, selon une étude publiée mardi par le cabinet EY, ces dernières ont atteint un chiffre d'affaires record de 132 milliards de dollars, mais également des profits records à 16,6 milliards de dollars au total.

Mais la dynamique n'est plus la même. La croissance impressionnante du bénéfice net constatée en 2014 (+241% sur un an), a énormément ralenti, atteignant les 18% en 2015. Et ce, malgré la forte performance de Gilead portée notamment par son traitement contre l'hépatite C. Le chiffre d'affaires moyen des biotechs ralentit également. Il a chuté de 13% l'année dernière, soit 5 points de moins qu'en 2014. Ces taux de croissance plus faibles se rapprochent de ceux des big pharmas.

Les biotechs, de plus en plus efficaces dans les fusions acquisitions

Autre nouvelle similarité de plus en plus visible entre les biotechs et les laboratoires pharmaceutiques: leur stratégie.

"Les plus grosses biotechs sont plus que jamais efficaces dans une compétition avec les laboratoires pharmaceutiques traditionnels en ce qui concerne les fusions et acquisitions et les alliances [...] malgré le ralentissement sur le marché des capitaux (la valeur du Nasdaq biotechnology baisse depuis la deuxième partie de l'année 2015, l'indice Next Biotech a chuté régulièrement depuis le début de l'année 2015, NDLR)", note EY.

Ainsi, parmi les grosses transactions de l'année dernière, on peut citer l'acquisition de Receptos par Celgene pour 7 milliards de dollars. Également, Alexion's a racheté Synageva pour 8,4 milliards de dollars et Teva Pharmaceutical a mis la main sur Auspex Pharmaceuticals en mettant 3,5 milliards de dollars sur la table. Au total, le nombre de fusions acquisitions entre biotechs a représenté plus d'un tiers des 89 transactions (autour des 30 milliards de dollars de deals) en 2015, contre un dixième l'année précédente. Du jamais-vu depuis dix ans.

Fusions acquisitions

Les biotechs se rapprochent du modèle des big pharmas, et vice-versa

Ainsi, même si les biotechs ont augmenté leurs dépenses en R et D, celles-ci atteignant également des records en 2015, celles-ci ont légèrement ralenti (+16% contre 17% en 2014).

"Les fusions acquisitions prennent plus d'importance pour les aider à atteindre leurs objectifs de croissance", assure EY.

Les modèles des pharmas et des biotechs tendent donc à se rapprocher. D'autant plus que les big pharma, elles-mêmes, cessent leur stratégie de diversification et se spécialisent de plus en plus dans un secteur porteur comme l'oncologie, ou le diabète, pour atteindre leurs objectifs de croissance, se rapprochant ainsi des modèles de Celgene ou Gilead, par exemple.

Néanmoins, Armelle Sérose pour EY tient à nuancer ces rapprochements:

"Il y a des similitudes entre les grosses biotechs et les pharmas. Mais le modèle des biotechs n'est pas arrivé à maturité. En termes de réglementation, tout n'est pas figé pour les biotechs, contrairement à ce que l'on peut voir dans la pharma."

Jean-Yves Paillé

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