Brexit : l'industrie pharmaceutique brandit la menace d'un accès réduit aux médicaments

L'industrie pharmaceutique estime qu'en cas de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'autorisation d'entrée sur le marché des médicaments risque de ne plus passer par l'Agence européenne des médicaments, ce qui entrainerait des difficultés pour l'approbation de nouveaux traitements. Mais un scénario catastrophe semble peu probable.
Jean-Yves Paillé
Le géant pharmaceutique GSK est particulièrement mobilisé dans la campagne anti-Brexit.

L'industrie pharmaceutique britannique mène une campagne anti-Brexit très active et particulièrement relayée par les médias anglo-saxons. Lundi 9 mai, l'association britannique de l'industrie pharmaceutique (ABPI) (l'équivalent du Leem en France) dont les propos sont relayés par Reuters a brandi un scénario catastrophe. Avec une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les patients britanniques pourraient connaître des délais plus important pour accéder à certains médicaments, a ainsi alerté le lobby des médicament.

Un argument du "patient pénalisé" déjà utilisé par Christiane Abouzeid, dirigeante de l'association britannique de bio-industrie (Britain's Bioindustry Association, le 21 mars, avec une pointe de dramaturgie supplémentaire. "Si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne, cela pourrait affecter l'accès des patients aux médicaments".

Crainte d'une perturbation du système d'approbation des médicaments

Comment cela pourrait-il arriver ? Le chef de la direction ABPI Mike Thompson, qui explique que les sociétés du médicament sont "majoritairement favorables à un maintien dans l'UE", craint une perturbation du système d'approbation des médicaments "jusqu'ici fourni par l'Agence européenne des médicaments (EMA)". Le siège de l'institution, chargée de l'évaluation et de la supervision des médicaments, est actuellement basé à Londres. Selon le dirigeant, si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne, suite au référendum de juin, l'autorisation de mise sur le marché d'un médicament de l'Agence européenne ne serait pas automatiquement appliquée au Royaume-Uni. Il lui faudrait sa propre institution de régulation.

Lire aussi : Les entreprises britanniques de plus en plus favorables au Brexit ?

Pour le lobby pharmaceutique, les gros laboratoires britanniques, tels qu'AstraZeneca et GSK donneraient la priorité à une validation par l'Agence européenne des médicaments. Le Royaume-Uni passerait au second plan "en raison de sa population moins importante".

Autrefois très critiques sur le fonctionnement de l'Agence européenne des médicaments (chargée d'évaluer les demandes d'autorisation de mise sur le marché des médicaments), l'industrie pharmaceutique défend désormais l'institution.

Une tribune anti-Brexit de plus de 90 personnalités du médicament

Ainsi, dimanche 8 mai, Andrew Witty, dirigeant de GSK, accompagné par 92 autres figures des sciences de la vie et de l'industrie pharmaceutique est également passé à l'offensive. Dans une tribune publiée sur The Guardian, les signataires assurent qu'un maintien dans l'UE permet au secteur "d'opérer dans un système de régulation d'approbation des médicaments harmonieux assurant que les patients britanniques bénéficieront de médicaments plus rapidement". "Rester [dans l'Europe] sera meilleur pour la santé et la richesse du Royaume-Uni".

Et de renchérir: quitter l'Union européenne "ajouterait de la complexité, ce qui est mauvais pour le business et la recherche".

Un scénario catastrophe exagéré ?

Le scénario catastrophique imaginé par les laboratoires pharmaceutiques semble toutefois exagéré. Si les Britanniques optent pour le Brexit lors du référendum du 23 juin, la sortie ne se fera pas directement. L'article 50 du Traité de Lisbonne, qui évoque le cas d'une sortie d'un pays de l'UE, prévoit des négociations avec l'Union européenne pouvant durer jusqu'à deux ans.

Cela offre suffisamment de temps au Royaume-Uni pour négocier par exemple un accord de maintien sous la régulation de l'Agence européenne des médicaments, ce qui est tout a fait possible, estime Deloitte. Le cabinet de conseil rappelle que la Norvège et l'Islande sont dans ce cas. Les deux pays ne font pas partie de l'Union européenne mais sont dans l'espace économique européen.

Lire aussi : La croissance britannique au ralenti à l'approche du référendum

Si le Royaume-Uni choisissait de ne plus être soumis aux règles de l'Agence européenne des médicaments, il devrait alors créer sa propre autorité de régulation. Cela parait peut probable que le Royaume-Uni fasse le choix de la radicalité que ce soit pour le bien des patients britanniques ou pour celui du puissant marché pharmaceutique. Pour rappel, ce dernier est un poids lourd de l'industrie britannique, boosté par ses deux big pharmas dans le top 10 des revenus 2015, AstraZeneca et GSK. Il représente environ 10% des revenus britanniques et 10% des exportations du Royaume-Uni.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 5
à écrit le 12/05/2016 à 7:47
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interessant tafta et la commission de bruxelles ne sert pas le consommateur mais les lobbyists alain Cotta: l'euro fait par le cartel pour mieux se surveiller entre eux pas pour uniformisation des prix tafta et commision de bruxelles permet d'...

à écrit le 11/05/2016 à 17:48
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Les annonces alarmistes sont de nouveau de sortie ! Certains se souviendront que le bug de l'an 2000 annonçait la fin du monde ou presque...et ce ne fut même pas une ride dans un verre d'eau :-)

le 12/05/2016 à 2:13
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Oui et non, merci aussi les milliards injectés pour l'adaptation.

à écrit le 11/05/2016 à 14:51
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Moi, plus on me dit de ne pas faire, plus je le fais.. .

à écrit le 11/05/2016 à 14:49
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Et oui, un Brexit augmentera le risque de Guerre Mondiale, c' est ..définitif ..!! Et les séismes, les nuages de criquets, les rivières de sang, le déluge et la disparition de la GB sous les eaux..!

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