Cancer : MSD et Astrazeneca s'associent pour lancer des traitements nouvelle génération

Les laboratoires pharmaceutiques américain et anglais cherchent à développer des combinaisons de médicaments associant des inhibiteurs pour empêcher les cellules cancéreuses de se "réparer" et grandir avec des immunothérapies pour stimuler le système immunitaire du patient. Dans l'optique de faire gagner des mois de survie aux patients et d'augmenter fortement leurs revenus en oncologie.
Jean-Yves Paillé
Astrazeneca cherche quant à lui de nouveaux relais de croissance. Il a enregistré une hausse du bénéfice net de 58%t à 1 milliard de dollars au premier semestre, mais cela résulte de ses efforts de réduction de coûts et de la cession de droits de certains de ces médicaments.

C'est l'une des plus importantes collaborations signées dans l'industrie pharmaceutique depuis le début de l'année. Jeudi 27 juillet, MSD et Astrazeneca ont décidé de s'associer pour faire fructifier leur portefeuille en oncologie en développant plusieurs médicaments et traitements. Le laboratoire américain a annoncé qu'il paiera jusqu'à 8,5 milliards de dollars à Astrazeneca pour des options de licence et si le partenariat atteint les objectifs.

MSD va aider Astrazeneca à développer deux anticancéreux, le selumetinib et l'olaparib (Lynparza), dont la stratégie thérapeutique est de bloquer ou ralentir le développement des cellules cancéreuses. Les deux big pharmas se partageront équitablement les profits issus des ventes de ces anticancéreux commercialisés en monothérapie, mais aussi - et surtout - associés à d'autres traitements.

Dans cette optique, le Lynparza est la molécule la plus importante du deal. Elle est capable de bloquer une enzyme appelée poly(ADP-ribose) polymérase (parp) En bloquant son fonctionnement, elle peut empêcher la reconstruction d'une cellule cancéreuse. Déjà sur le marché pour traiter le cancer de l'ovaire avancé, le Lymparza est en phase d'essais cliniques pour 14 nouvelles indications, dont le cancer du sein, de la prostate et du pancréas. Les deux laboratoires espèrent développer des combinaisons avec le Lynparza , en y associant le Keytruda, notamment, la molécule phare de MSD. Avec pour objectif, en associant les bénéfices des deux stratégies thérapeutiques, de faire gagner des mois de survie aux patients atteints de cancers à des stades avancées, le mantra des anticancéreux pour obtenir le feu vert des agences des médicaments.

Des immunothérapies plus efficaces ?

A l'instar du Lymparza, le Keytruda est destiné à de multiple cancers. Cette molécule rend les tumeurs attaquables par les lymphocytes T de l'organisme, en bloquant les PD-L1/PD-1, des protéines présentes sur les cellules cancéreuses qui empêchent toute réponse immunitaire. Problème: moins de 20% des patients y répondent. Le traitement à base de Keytruda traitement peut faire des "miracles" ou s'avérer moins efficace qu'une chimiothérapie, selon les patients.

Or, l'inhibiteur de parp Lymparza pourraient activer l'expression des PD-L1 dans certains cancers, ce qui pourraient permettre à plus de patients de répondre aux traitements en immunothérapie, d'après une étude publiée dans la revue scientifique Clinical Cancer Research.

Astrazeneca en manque de nouvelles sources de revenus

Avec ce partenariat, MSD veut continuer à faire fructifier le Keytruda, un blockbuster dont le pic de ventes pourrait atteindre les sept milliards de dollars en 2024. D'autant que cet anticancéreux, prescrit contre le cancer du poumon et le mélanome notamment, cherche un second souffle après avoir connu plusieurs échec récents. Il n'a pas réussi à prouver gain de survie pour les patients atteints d'un cancer tête, lors d''une étude publiée en juillet. En outre, il a dû stopper des essais cliniques contre le myélome multiple, suite à la mort de deux patients.

Astrazeneca cherche quant à lui de nouveaux relais de croissance. Il a enregistré une hausse du bénéfice net de 58%t à 1 milliard de dollars au premier semestre... due à des efforts de réduction de coûts et à la cession de droits de certains de ces médicaments, comme le  Zurampic contre l'excès d'acide urique dans le sang. En 2016, il a subi  une chute de 5% de ses ventes en raison de la perte de quelques brevets et du manque de nouveaux traitements mis sur le marché.

Jean-Yves Paillé

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