Cancer : Onxeo vise une nouvelle stratégie thérapeutique pour "contenir l'évolution de la maladie"

En association avec l'Institut Curie, la biotech française Oxeo va développer une nouvelle façon de traiter les cancers, en associant radiothérapie, immunothérapie et des inhibiteurs bloquant la réparation des ADN tumoraux. L'objectif est de s'attaquer à des cancers pour lesquels on ne peut trouver des solutions thérapeutiques satisfaisantes, explique Judith Greciet, Directrice générale d’Onxeo.
Jean-Yves Paillé
"L'un des principaux objectifs de l'association de ces différentes stratégies thérapeutiques est d'augmenter le nombre de patients qui vont répondre aux traitements", avance Judith Greciet, Directrice générale d'Onxeo.

LA TRIBUNE - Vous évoquez "un nouveau paradigme de traitement du cancer". En quoi consiste votre projet ?

Judith GRECIET - Nous développons une molécule en partenariat avec l'institut Curie: l'Asidna (en phase I pour les mélanomes et en phase préclinique pour les tumeurs solides, NDLR). Elle vise à inhiber, empêcher les processus de réparation qui sont mis en place par les cellules tumorales. En clair, cette molécule lutte contre les agents cancéreux qui vont réparer l'ADN tumoral. Car si une telle réparation survient, la tumeur poursuit son développement. Les inhibiteurs font partie aujourd'hui des domaines à la pointe de la recherche contre le cancer. Ces mécanismes marchent dans la prise en charge de la pathologie, mais présentent un certain nombre de limites cliniques et thérapeutiques.

Dans notre plan de développement, nous essayons de démontrer que la molécule Asidna peut accéder à des tumeurs par voie générale, par administration intraveineuse. Cela permettrait de cibler des tumeurs n'étant pas accessibles localement, pour s'attaquer à un plus grand éventail de types de cancers.

Enfin, avec l'Institut Curie, nous cherchons à associer cette molécule à  la radiothérapie, servant à dégrader l'ADN tumoral et à l'immunothérapie [stratégie permettant de booster les défenses immunitaires pour s'attaquer aux tumeurs, NDLR]. Et ce, afin de renforcer l'efficacité des traitements et mettre à profit les synergies de ce trio de stratégies thérapeutiques. Pour le moment, nous sommes les seuls à travailler sur une telle association de ces mécanismes d'action.

Cette nouvelle stratégie thérapeutique pourrait-elle guérir des cancers ?

Guérir est un terme fort. L'objectif est du projet et d'obtenir la meilleure efficacité possible. Celle-ci sera liée aux preuves d'efficacités que nous obtiendrons. Les immunothérapies seules ont déjà une efficacité très importante. Mais la problématique à laquelle nous faisons face est que l'efficacité de cette dernière est souvent valable pour un nombre limité de patients. L'un des principaux objectifs de l'association de ces différentes stratégies thérapeutiques est d'augmenter le nombre de patients qui vont répondre aux traitements. Si l'on parvient à prolonger la survie des patients dans de bonnes conditions, et l'on arrive à contenir complètement l'évolution de la maladie, ce sera un très grand pas.

Cette solution peut-elle permettre de s'attaquer à tous les types de cancers ?

Il est trop tôt pour définir les types de cancers pour lesquels cette stratégie thérapeutique sera efficace. Mais le projet sur lequel nous travaillons permettrait de prendre en charge des cancers mal traités pour lesquels on ne peut trouver de solutions thérapeutiques satisfaisantes.

Pour le moment, notre programme de développement se focalise sur des cancers avancés et qui sont des cancers résistants aux produits qui perturbent l'ADN tumoral.

Quand ce projet est-il censé aboutir ?

Difficile à dire. Nous en sommes à des étapes précoces, il faudra passer par les essais cliniques. Le développement se fera sur le long terme.

Le cours de l'action Onxeo n'a pas bondi suite à l'annonce de ce partenariat...

Le marché ne réagit pas toujours de manière efficiente. Il va réagir plutôt sur des résultats, et c'est légitime.

Les anticancéreux basés sur l'immunothérapie sont de plus en plus onéreux. Combiner toutes ces solutions thérapeutiques pourrait faire grimper les coûts...

C'est pour cela que la médecine personnalisée est d'une importance cruciale dans notre contexte médico-économique. Nous cherchons à identifier des marqueurs pour mieux sélectionner patients dans nos programmes de recherche. C'est-à-dire les plus à même de répondre à un traitement, pour lesquels l'efficacité sera la meilleure. Le pire et le plus coûteux est d'avoir recours à des traitements sans effets...

Jean-Yves Paillé

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