Cancérologie : Sanofi croit dur comme fer à l'immunothérapie

En échec dans sa dernière tentative d'acquisition dans le domaine, le géant pharmaceutique français mise sur sa R et D en oncologie et, en particulier, sur des produits bloquant des protéines présentes sur les cellules cancéreuses qui empêchent toute réponse immunitaire.
Jean-Yves Paillé
Sanofi veut faire de l'oncologie un nouveau relais de croissance, alors que son activité diabète tend à ralentir.

Malgré sa tentative infructueuse d'acquisition de la biotech américaine Medivation, Sanofi cherche toujours à faire de l'oncologie un relais de croissance. Cette activité a généré "seulement" 383 millions d'euros au deuxième trimestre avec 10 médicaments sur le marché. Le groupe français va-t-il tenter à nouveau de racheter une société pour doper ses revenus dans le domaine ?

Interrogé lors d'une conférence de presse, mercredi 25 octobre, Bill Sibold, vice-président exécutif et tête de Sanofi Genzyme, s'est montré peu disert sur cette éventualité.

"C'est une question d'opportunités devant faire sens dans la stratégie du laboratoire", a-t-il simplement dit.

Le dirigeant a préféré insister sur les partenariats menée en oncologie, notamment celui mené avec la biotech américaine Regeneron, et pour lequel le groupe français s'est engagé à investir jusqu'à 2,17 milliards de dollars.

Objectif : rendre les tumeurs attaquables par les défenses de l'organisme

L'occasion pour le dirigeant de mettre en avant une stratégie de Sanofi en oncologie aujourd'hui axée avant tout sur la R et D du groupe, et notamment une immunothérapie fonctionnant sur le principe de l'anti-PD-1: le Cemiplimab. En clair, ce médicament candidat a pour objectif de rendre les tumeurs attaquables par les défenses immunitaires (lymphocytes T) de l'organisme, en bloquant les PD-1, des protéines présentes sur les cellules cancéreuses qui empêchent toute réponse immunitaire.

Avec le Cemiplimab, Sanofi s'attaque au carcinome épidermoïde cutané, un des cancers de la peau les plus meurtriers. Le groupe mène des essais cliniques de phase II pour cette indication.

"Percée thérapeutique", un précieux statut décerné par la FDA

Le Cemiplimab a reçu en septembre le statut de "percée thérapeutique" par la FDA. Sanofi espère pouvoir le lancer rapidement le produit, et va soumettre une demande de licence de produit biologique à la FDA au premier trimestre 2018. Il développe également ce produit pour deux autres indications: le cancer du poumon, dit "non à petites cellules", et le carcinome basocellulaire, un autre cancer de la peau, à des stades avancés.

Alors que cette immunothérapie de Sanofi n'a pas encore atteint la phase III (dernière étape avant un lancement potentiel sur le marché), MSD et BMS ont déjà  lancé sur le marché leur anti-PD-1 (le Keytruda et l'Opdivo) contre le cancer du poumon "non à petites cellules" et contre le mélanome.

Sanofi en retard sur la concurrence ? Non, assure Bill Sibold

Sanofi a-t-il pris du retard face à ses concurrents ? Bill Sibold assure que non. Il voit la stratégie des PD-1 comme une "colonne vertébrale de la stratégie de Sanofi en oncologie".

"C'est le meilleur choix, les données parlent d'elles-mêmes."

Le groupe pharmaceutique français a présenté les résultats d'un essais clinique de phase I de son immunothérapie, évoquant 46,2% de réponses au traitement chez les patients (12 sur 26) atteints de carcinome épidermoïde cutané.

Reste encore à voir la survie globale sur un nombre important de patients. Ces résultats seront donnés à l'issue de la la phase II, actuellement en cours, pour le traitement du carcinome épidermoïde cutané

Plus généralement, selon Bill Sibold, l'immunothérapie en est encore à ses débuts, laissant place à d'importantes perspectives, alors qu'"il existe un grand nombre de besoins non satisfaits en oncologie" et que cette activité "est amenée à croître dans le futur".

Stratégie critiquée

La stratégie des  immunothérapies anti-PD-1 est régulièrement critiquée par le corps scientifique, en raison de son efficacité sur un nombre limité de patients (entre 15% et 20% dans le cancer du poumon).

Mais le dirigeant de Genzyme assure que Sanofi s'intéresse sérieusement aux perspectives d'"associations de molécules" pour ses futurs produits. Le labos pharmaceutique travaille actuellement sur un essai clinique de phase I associant son anti-PD1 à un traitement s'attaquant la protéine LAG-3 qui empêche  le système immunitaire de réagir contre une tumeur.

Cette stratégie est aussi adoptée par d'autres concurrents, à l'instar de MSD et Astrazeneca. Ces derniers se sont associés pour combiner des immunothérapies bloquant les PD1/PD-L1 avec des inhibiteurs censés empêcher les cellules cancéreuses de se "réparer".

Jean-Yves Paillé

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