Ces quatre chiffres inquiétants pour l'industrie pharmaceutique française

Les big pharmas françaises, dont les effectifs sont en baisse pour la première fois depuis 10 ans, connaissent notamment un recul de leurs exportations de médicaments.
Jean-Yves Paillé
Les investissements dans les sites des industries pharmaceutiques implantés en France sont en recul depuis 2010 (932 millions d'euros investis cette année-là, contre 813 millions en 2013)

Un chiffre d'affaires du médicament qui a crû de 3,1% à 27,9 milliards d'euros en 2014, une balance commerciale toujours positive... L'industrie du médicament française semble avoir retrouvé un second souffle et pourtant... Plusieurs chiffres de l'édition 2015 du bilan économique publié mercredi 15 juillet par le Leem, premier syndicat de l'industrie pharmaceutique, montrent que le secteur n'est pas au mieux.

  • Des exportations plombées par une innovation peu performante?

Les exportations de médicaments ont reculé de 5% à 25 milliards d'euros en 2014  Pis : le solde de la balance commerciale du médicament connaît un "repli historique", selon les dires du Leem. L'excédent commercial est passé de 8,77 milliards d'euros en 2013 à 6 milliards, après avoir atteint les 7,1 milliards en 2012.

Pour le Leem, cela s'explique par "le développement de la fabrication locale dans les pays émergents". Mais également par les difficultés croissantes des big pharmas françaises à vendre leurs productions qui sont souvent des molécules "anciennes". Selon une étude de Roland Berger publiée l'année dernière, sur les 130 molécules autorisées en Europe entre 2012 et 2014, 8 étaient produites en France, contre 32 en Allemagne, 28 au Royaume-Uni et 13 en Italie.

En outre, au début de l'année, le cabinet de conseil Idea Pharma avait déjà alerté sur le manque d'innovation des big pharmas françaises, Sanofi en particulier. Le "Productive Innovation Index" qui étudie notamment l'adéquation entre l'offre de nouvelles molécules et la demande du marché, classait Sanofi à la 20e place en 2015, après l'avoir placé 8e en 2014 et 5e en 2013.

  • Des investissements peu dynamiques sur les sites

Les investissements dans les sites implantés en France sont en recul depuis 2010 (932 millions d'euros investis cette année-là, contre 813 millions en 2013), selon le cabinet Arthur D. Little, en partenariat avec le Leem.

"La majorité des sites investissent pour assurer la maintenance réglementaire de leurs bâtiments et équipements" et "moderniser leur équipement avant tout". Ainsi, les "dynamiques d'extension et même les investissements 'minimums' pour sécuriser les emplois" sont ainsi freinés. Selon le cabinet, les industriels justifient ces investissements en baisse et peu dynamique par "la pression sur les prix, les coûts et les volumes".

  • Déclin continu des médicaments remboursables vendus en pharmacie

Le chiffre d'affaires du marché domestique (ville et hôpital) croît, "du fait de l'introduction, en 2014, de médicaments innovants dans le traitement de l'hépatite C", reconnait le Leem. Néanmoins, outre l'Italie, seule la France connait une décroissance de 2% du marché des médicaments remboursables vendus dans les pharmacies en 2014 parmi les principaux marchés. Une tendance baissière observée depuis 2012 dans ce secteur. Principale raison : les économies prévues par la loi de financement de la sécurité sociale et les baisses des prix des médicaments demandées aux industriels. En 2014, le gouvernement, en lutte pour ne pas creuser le "trou" de la sécurité sociale, prévoyait ainsi d'économiser 900 millions d'euros.

  • Moins de 100.000 employés en France désormais

Enfin, le premier syndicat de l'industrie pharmaceutique note que pour la première fois depuis 10 ans, l'effectif du secteur pharmaceutique français est passé sous la barre des 100.000 personnes en 2013, comptant 99.453 employés. Plusieurs plans de suppressions de postes ont été engagés ces dernières années. En 2014, le groupe Fabre avait engagé la liquidation de plus de 500 postes. Le numéro 1 français, Sanofi, avait notamment enclenché en 2012 un plan de réduction de 900 emplois en trois ans. Pour autant le groupe n'a pas rompu avec les profits. En 2014, il a dégagé un bénéfice net en hausse de 18,4% à 4,4 milliards d'euros.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 9
à écrit le 20/07/2015 à 15:44
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Forcement si les big pharma ne donnaient pas tout leur bénéfices à leurs actionnaires mais dans l'outil productifs. Les innovations et l'avenir de ces sociétés seraient meilleurs Mais la vampirisation va faire couler ces sociétés a moyen terme

à écrit le 17/07/2015 à 9:04
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Produire en France deviendra un jour interdit de fait. Fiscalité? Lois sociales? Mentalités? Culpabilisation du succès? La pharmacie comme le reste sont soumis au modèle français que le monde entier nous envie et les emplois disparaissent en silence....

à écrit le 17/07/2015 à 8:29
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l'innovation pharmaceutique et technologique en général, qui demande des années de recherches couteuses, est moins bien protégée qu'une chansonnette composée à la va-vite le soir entre 2 whisky. Les genericeurs se frottent les mains: dommage ils ne...

à écrit le 17/07/2015 à 2:10
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je lis trop de commentaires négatifs et mauvais...oui les pharma françaises font du R et D et beaucoup de recherches, la France est le leader mondial des pharma et fait chaque année des découvertes fondamentales et de nouveaux médicaments...ne soyon...

à écrit le 16/07/2015 à 18:16
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Les pharmaceutiques de taille mondiale préfèrent racheter leurs actions plutôt qu'investir en propre dans de nouvelles molécules (ça ne concerne pas que les françaises d'ailleurs). Leur R&D, elles la font maintenant en rachetant des start-up innovant...

à écrit le 16/07/2015 à 16:27
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Pendant longtemps on a accusé les visiteurs médicaux de favoriser le déficit de la Sécurité Sociale. Aujourd'hui, ils sont moins de 13 000 contre 23 000 en 2003. Le déficit de la sécurité sociale a t-il diminué ?

à écrit le 16/07/2015 à 16:02
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Le problème n'est pas uniquement celui de la pharmacie française, il est mondial. Ce sont d'anciennes mais performantes molécules qui sont désormais vendues pour 95% du chiffre global. Ces brevets tombent un à un dans le domaine public. Ils sont acca...

le 16/07/2015 à 23:43
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Il y a un marché qui se porte bien en France, la sous traitance pharma... Dans ma "boite" on a du mal à recruter des techniciens... 8 CDI en attentes.

à écrit le 16/07/2015 à 13:39
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Il faut expliquer comment les big pharmas françaises se révèlent être des dévoreuses invétérées de doubles financements, aides, subventions publiques sur le dos des contribuables, puis remboursement sécurité sociale, encore sur le dos des contribu...

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