Clinton et Pfizer : je t'aime moi non plus

Depuis plusieurs mois, le plus grand laboratoire pharmaceutique américain et Hillary Clinton se livrent une bataille sur la question du prix des médicaments et la volonté de Pfizer de délocaliser son siège social. Mais la big pharma fait partie des principaux donateurs de la candidate à l’élection présidentielle américaine.
Jean-Yves Paillé
Hillary Clinton s'était déclarée ravie de l'échec de la fusion entre Pfizer et Allergan.

Peu de laboratoires pharmaceutiques ont donné clairement leur avis sur les programmes d'Hillary Clinton et de Donald Trump, les deux principaux candidats à la Maison Blanche, alors que ces derniers ont préparé des mesures drastiques pour contenir la hausse du prix des médicaments s'ils sont élus. Ian Read, patron de Pfizer, a rompu ce mutisme relatif en fustigeant le plan d'Hillary Clinton.

Jeudi 8 septembre, le patron de Pfizer est monté au créneau estimant que les propositions d'Hillary Clinton étaient "négatives pour l'innovation". Elles "impacteraient les patients" et réduiraient l'accès de ces derniers à de nouveaux médicaments, ajoute-t-il. En clair, il assure que les prix élevés de certains médicaments sont nécessaires pour financer les médicaments innovants à venir..

Une porte-parole d'Hillary Clinton a répondu rapidement aux attaques de la société pharmaceutique, expliquant que la candidate "tiendra responsable les laboratoires pharmaceutiques privilégiant leurs bénéfices avant celui des patients", rapporte Bloomberg.

Pfizer prend désormais Clinton au sérieux

En réagissant aussi vivement aux annonces d'Hillary Clinton, le patron Pfizer montre des signes d'inquiétude et semble pencher sur le fait que cette dernière a de fortes chances de devenir la prochaine présidente des Etats-Unis. Début juin, le directeur de Pfizer se disait incapable "de faire la distinction entre les politiques" de Donald Trump et d'Hillary Clinton...

Autre preuve d'un changement d'attitude du patron de Pfizer, lorsque Hillary Clinton avait annoncé une ébauche de plan contre les prix des médicaments qu'elle jugeait exorbitants, Ian Read n'avait pas pris la proposition au sérieux, estimant que ce plan "n'avait pas d'avenir".

Mais depuis, la démocrate a fait de la lutte contre les prix des médicaments l'un de ses principaux chevaux de bataille. Si cette dernière est élue, il est possible qu'elle revoit ces mesures à la baisse ou qu'elles soit bloquées par le Sénat, dont la majorité est républicaine. Toutefois il parait peu probable qu'elle fasse complètement l'impasse sur une promesse de campagne, qu'elle a réitéré et précisé suite au scandale des prix de l'EpiPen, d'où l'inquiétude du patron de Pfizer.

Tensions sur la tentative d'inversion fiscale de Pfizer

Et les tensions entre le laboratoire américain et la candidate ne s'arrêtent pas là. La candidate démocrate s'était attaquée au plus gros laboratoire américain en novembre, au moment où ce dernier prévoyait de fusionner avec Allergan pour délocaliser son siège social en Irlande, et bénéficier d'une imposition moins élevée.

"Depuis trop longtemps les grosses entreprises ont exploité les failles pour pouvoir cacher leurs bénéfices dans des pays où les taux d'imposition sont plus bas. Maintenant Pfizer essaie de réduire ses impôts en allant plus loin.

Elle a alors promis d'agir pour "prévenir ce genre de transactions".

Le 5 avril, les régulateurs américains, sous l'impulsion de Barack Obama, ont annoncé des mesures pour freiner l'exil fiscal des multinationales américaines. "Ravie de savoir que Pfizer a annulé la fusion", a réagi la candidate sur Twitter.

Pfizer, l'un des plus gros donateurs de Clinton

Pourtant, malgré les critiques, Pfizer reste un des plus gros donateurs d'Hillary Clinton. Pour sa fondation, le laboratoire pharmaceutique a versé entre un et cinq millions d'euros depuis 2005. Pour la campagne de Clinton, il est difficile de trouver des chiffres précis. Entre avril et septembre 2015, la direction de Pfizer a donné 115.091 dollars  à Hillary Clinton, selon le Center for Responsive Politics, contre seulement 2.100 dollars pour Donald Trump pour sa campagne présidentielle. Sachant que jusqu'à aujourd'hui son comité de campagne à reçu près d'un million de dollars de l'industrie pharmaceutique.

L'observatoire Common Cause expliquait à La Tribune que les groupes pharmaceutiques "placent des paris sur le gagnant" et "ne sont pas connus pour prendre des positions contre n'importe quelle personne pouvant un jour les aider". Pfizer et le reste de l'industrie pharmaceutique fait ainsi le pari que Hillary Clinton ne leur sera pas excessivement défavorable dans sa politique. D'autant plus que l'histoire semble leur donner raison. Barack Obama proposait lors des élections de 2008 de favoriser l'importation de médicaments moins onéreux, une promesse non tenue.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 09/09/2016 à 15:07
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Clinton parle de baisser le prix des medicaments pour avoir les voix et gagner les elections. Une fois celles ci gagnees, elle se rappelle qui l a financee et donc "oublie" sa promesse. Comme l a dit le mentor de N Sarkozy (Pasqua): les promesses n ...

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