Hépatite C : une ONG va créer un traitement concurrent au blockbuster de Gilead, à prix cassé

En co-création avec Médecins sans frontières, l'ONG DNDI s'est associée à un laboratoire pharmaceutique pour lancer la phase III d'un traitement destiné à guérir l'hépatite C, cela pour moins de... 300 dollars. Une annonce importante pour plusieurs pays très touchés par cette maladie chronique et qui ont des difficultés à se payer les traitements onéreux proposés par Gilead (le Sovaldi) ou encore Abbvie dont les prix tournent autour de 40.000 dollars.
Jean-Yves Paillé
Pharco et DNDI se sont associés aux gouvernements thaïlandais et et malaisien pour mener dans les deux pays une étude clinique de phase III.

Un coup de tonnerre dans le marché de l'hépatite C ? Une organisation à but non lucratif, DNDI (Drugs for Neglicted Diseases Initiative), co-créée par Médecins sans frontières, qui a pour but de délivrer de nouveaux traitements pour les maladies négligées, est sur la bonne voie pour lancer un traitement permettant de guérir cette maladie chronique, et ce pour moins de 300 dollars. L'ONG a signé un partenariat avec le laboratoire égyptien Pharco Pharmaceuticals, mercredi 13 avril. Le procédé consiste à associer un générique de Gilead, le sofosbuvir (Sovaldi) au ravidasvir, une molécule du laboratoire pharmaceutique américain Presidio Pharmaceuticals pour laquelle ce dernier a octroyé une licence à DNDI.

Pharco et DNDI s'appuient sur une étude de phase III concluante menée par le laboratoire Pharco sur des patients atteints d'un sous-type du virus en Egypte, pays le plus touché par l'hépatite C. Le pays a refusé de reconnaître les brevets de Gilead en mettant en avant "l'urgence de santé publique" et s'est mis à produire des génériques du sofosbuvir. Il pourra ainsi fournir les quantités nécessaires pour parvenir à la combinaison juste pour que le traitement à moins de 300 dollars soit efficace.

Etude clinique de phase III en Thaïlande et en Malaisie

Pharco et DNDI se sont associés aux gouvernements thaïlandais et malaisien pour mener dans chacun des deux pays une étude clinique de phase III (la III étant la dernière phase avant un possible lancement sur le marché) auprès d'environ mille personnes (500 par pays), un essai qui devra durer un an et demi avant que ce traitement soit commercialisé ensuite, si son efficacité est prouvée.

"A cause du prix élevé des nouveaux traitements contre l'hépatite C, il est devenu quasiment impossible pour un gouvernement de fournir un accès au traitement à une échelle nécessaire", déplore YB Datuk Seri Dr. S. Subramaniam, le ministre de la Santé de la Malaisie, qui se félicite de l'initiative de DNDI et Pharco.

Le journal Free Malaysia Today explique que le ministre de la Santé s'était vu proposer un médicament contre l'hépatite C dont le coût de traitement avoisinait les 40.000 dollars par patient. "Un montant phénoménal alors qu'un demi-million de personnes sont touchées par l'hépatite C" dans le pays, avait-il réagi.

L'hépatite C touche avant tout l'Afrique et l'Asie

Car les prix fixés par Gilead, notamment, ont fait polémique. Le coût du Sovaldi (sofosbuvir), le traitement de Gilead pour soigner l'hépatite C, est ainsi fixé à 41.000 dollars (environ 36.400 euros) en France par patient. Mais les pays développés sont moins touchés par la maladie chronique. Il y a de 130 millions à 150 millions d'individus porteurs dans le monde, d'après l'OMS. Et les régions les plus touchées sont l'Afrique (32 millions de personnes) mais également l'Asie centrale et orientale (plus de 80 millions), rappelle l'organisation. Une grande partie de ces populations ne bénéficie pas de ces traitements innovants.

La question du prix juste

Pourtant, une étude commandée par Médecins du monde rapportait que le coût de production du sofosbuvir allait de 50 euros à 99 euros par personne pour 12 semaines de traitement. Néanmoins, le coût de recherche pour développer la molécule reste inconnu.

Grâce au Sovaldi, lancé au quatrième trimestre 2014, les revenus du laboratoire pharmaceutique ont grimpé de 31% à 32,15 milliards de dollars l'année dernière. Mais Gilead se retrouve concurrencé par d'autres laboratoires qui sortent, eux aussi, des traitements capables de guérir l''hépatite C. C'est le cas d'Abbvie avec le Viekirax arrivé sur le marché à un peu moins de 40.000 euros.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 14/04/2016 à 9:31
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ce qui coute cher dans un medicament c'est pas son cout de production, c'est la R&D! et vu le taux de rebuts........... pour le reste l'argument est un peu facile ' y a urgence alors on s'assoit sur vos brevets' la france va s'assoir sur le rembour...

le 14/04/2016 à 12:27
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Mais comme les couts de R&D sont inconnus , ils peuvent dire ce qui veulent pour faire payer à pris d'or. en sachant que ce coût peut être amorti sur l'ensemble des produits fabriqués..... Le but n'est plus de développer une société qui crée de la ...

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