La neuvième vague de Covid-19 arrive : que sait-on et que cherche-t-on encore sur le virus ?

Mieux soignée, moins grave, la Covid continue d'alterner les vagues, mais sans surcharger dangereusement l'hôpital pour l'instant. Si le SARS CoV-2 évolue, les vaccins ARN s'adaptent à ses variants en quelques mois. Alors qu'une neuvième vague de contamination vient d'être annoncée, et que le masque fait son retour avec l'hiver, le risque demeure quant à l'arrivée d'un nouveau variant redoutable et la science s'échine encore sur le cas Covid qui continue de défier la médecine. La Covid-19 est-elle en effet toujours aussi dangereuse ? Sait-on bien la soigner ? Le vaccin nous protège-t-il suffisamment ? A quoi sont dus les Covid longs ? Tour d'horizon sur ce que l'on sait vraiment de la maladie.
(Crédits : STEPHANE MAHE)

C'est confirmé ! Une nouvelle vague de Covid-19, la neuvième selon le décompte, s'abat sur la France avec le sous variant BQ.1.1. Le ministre de la Santé, François Braun, assure que son bras ne tremblera pas pour imposer à nouveau le port du masque dans les transports publics. Une situation inquiétante alors que la quatrième dose de vaccin conseillée aux plus fragiles peine à s'imposer.  Trois ans après l'apparition du nouveau virus en Chine, le SARS CoV-2 n'est pas près de disparaître et à chaque vague, certains s'inquiètent d'un nouveau tsunami comme en 2020. De nombreuses questions subsistent sur la maladie : la Covid-19 est-elle toujours aussi dangereuse ? Sait-on bien la soigner ? Le vaccin nous protège-t-il suffisamment ? A quoi sont dus les Covid longs ?

Moins de formes graves

Force est de constater que, lors de la 8ème vague Covid, l'hôpital n'a pas été submergé et les services de réanimation n'ont pas été saturés. « Tant que les nouveaux variants sont issus d'Omicron, ils sont moins enclins à provoquer des pneumonies, affirme Anne-Claude Crémieux (*), virologue à l'hôpital Saint-Louis et membre de l'Académie de médecine. La vaccination a aussi diminué le nombre de formes sévères et on hospitalise surtout des patients au schéma vaccinal incomplet ou immunodéprimé. Une large part des patients Covid hospitalisés le sont aussi, non pas à cause du coronavirus, mais parce que l'infection a entraîné la décompensation de leurs comorbidités : diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance pulmonaire, etc.). »

Le fait d'avoir côtoyé le virus de près ou de loin pendant plus de deux ans a amélioré l'immunité de la population et réduit les cas de détresse respiratoire aiguë observés au printemps 2020. « Les premiers mois de la pandémie avaient provoqué des réponses explosives du système immunitaire chez des patients dits « naïfs » et dont le système rencontrait le virus pour la première fois, rappelle le Dr Jean-Michel Pawlotsky, virologue à l'hôpital Henri Mondor de Créteil. Ensuite, l'immunité acquise lors des primo infections et par la vaccination a atténué la violence de ces réponses à l'infection et donc la gravité des formes cliniques. » En clair, nos défenses immunitaires risquent aujourd'hui moins de perdre la boule et de détruire nos poumons pour supprimer un intrus qui les affole.

Une maladie mieux soignée

Depuis le début 2020 et les premiers cas, la médecine a appris à mieux prendre en charge les patients Covid. « Les généralistes et les patients repèrent rapidement les premiers symptômes et ceux dont l'état se dégrade arrivent plus tôt, observe Anne-Claude Crémieux. De plus, on a appris à les placer sous corticoïdes et la prescription rapide d'antiviraux comme le Paxlovid améliore leur pronostic. » La pilule Paxlovid de Pfizer est prescrit pour réduire le risque de forme grave, elle a été administrée à 12.000 patients en France au premier semestre 2022 et le big pharma prévoit qu'elle lui rapportera 22 milliards de dollars cette année.

Les chiffres sont clairs, si l'infection a provoqué 6,6 millions de morts dans le monde depuis le début de la pandémie, les décès Covid sont de moins en moins nombreux. Face au dernier variant BQ.1.1, les anticorps monoclonaux qui fonctionnaient bien jusqu'ici ne semblent plus très efficaces, le variant d'Omicron réussit à leur échapper. Mais après avoir montré à quel point elle pouvait être rapide en cas d'urgence absolue, l'industrie pharma saura peut-être adapter les traitements. Déjà, les vaccins ARNm de BionTech/Pfizer et de Moderna disposent de versions bivalentes fabriquées à partir de la souche CoV-2 initiale, mais aussi de deux variants d'Omicron. Les deux grands gagnants de la pandémie en bénéficient largement et annoncent des ventes de vaccin Covid à hauteur de 32 milliards de dollars pour Pfizer et 19 milliards de dollars pour Moderna.

Un rappel tous les six mois

En France, pays des passions antivax, le pass vaccinal a bien fonctionné : 79 % des Français ont été vaccinés trois doses. Mais aujourd'hui, la campagne pour le nouveau rappel a du mal à s'imposer. Seuls 41 % des 60-79 ans et 53 % des plus de 80 ans avaient reçu quatre doses à fin novembre, d'après Santé publique France. Or la protection diminuant avec le temps, le gouvernement a relancé la mobilisation. Pour arrêter le décompte des doses comme des vagues, il envisagerait un message plus pédagogique du type : "Si vous êtes à risque et que votre dernière injection ou infection date de 6 mois, faites un rappel".

Sur le vaccin, on peut désormais adapter les formules aux variants quand le virus essaie d'échapper à notre immunité avec la plateforme ARNm. Et ces vaccins bivalents autorisés en quelques mois protègent mieux contre les souches d'Omicron qui circulent aujourd'hui dont BA5 et son descendant BQ.1.1. Si avant le Covid, aucun vaccin n'avait jamais été autorisé aussi rapidement, les effets secondaires n'ont jamais non plus été observés de si près et sur autant de patients vaccinés. Depuis les premières injections, on a repéré de rares effets préoccupants comme les myocardites avec les vaccins ARNm en 2021 et quelques risques de thrombose avec les vaccins AstraZeneca et Janssen. Compte tenu de la rareté de ces risques, les autorités sanitaires n'ont pas remis en question le rapport bénéfice/risque favorable de ces vaccins.

Tant de questions Covid

Pourtant, malgré un nombre de recherches impressionnant lancées depuis deux ans avec énormément de patients infectés, la science se pose encore beaucoup de questions sur la Covid. Comme par exemple : pourquoi certains patients font-ils des formes graves sans être très âgés ? La réinfection provoque-t-elle des problèmes de santé ? Si la première question n'a pas encore trouvé de réponse, une vaste étude américaine s'est penchée récemment sur les conséquences des réinfections. Menée au Centre de santé des Anciens combattants de Saint-Louis, (Missouri), ce travail de l'équipe de Ziyad Al-Aly suggère que la réinfection augmente le risque de faire une forme grave et triple même celui d'être hospitalisé. L'étude a cependant été menée auprès d'un public particulier : des vétérans dont une majorité de plus de 60 ans sans rappel vaccinal, non représentatifs de l'ensemble de la population.

Quid du Covid long ?

Une autre grande question est celle du Covid long. Cette maladie pourrait concerner 4 % des Français, selon Santé Publique France. « On assimile souvent au Covid long des symptômes post-infectieux qui relèvent en fait de trois phénomènes distincts, explique le Dr Jean-Michel Pawlotsky : primo, des symptômes liés à la maladie elle-même soit de vrais Covid longs ; deuxio, des séquelles liées aux séjours en réanimation en particulier si des gestes d'intubation ont été réalisés et si le patient est resté longtemps ventilé; tertio, des symptômes liés à une somatisation psychologique déclenchée par l'infection. Il n'est pas toujours facile de faire la différence entre les trois. » Sur ces Covid longs, différentes recherches se penchent sur le rôle du système immunitaire. Telle cette étude des scientifiques de l'Inserm et de l'Université de Montpellier qui évoque la dérégulation d'une partie des défenses innées avec les pièges tendus par les globules blancs neutrophiles. Mais  ces derniers sont-ils la cause d'un Covid grave ou la conséquence de celui-ci ?

Anomalies biologiques

Sur les symptômes qui perdurent, la problématique est la persistance d'anomalies biologiques, selon le Dr Jean-Daniel Lelièvre, Chef de service à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. « Certains patients guéris conservent une inflammation, un phénomène déjà observé chez d'anciens malades d'Ebola, précise-t-il. C'est comme si l'infection avait rompu l'équilibre qui existe entre les défenses immunitaires et les virus et bactéries inoffensives qui vivent dans l'organisme. Cette inflammation est-elle un effet post infectieux ou la Covid est-elle devenue presque chronique, alors que quelques virus CoV-2 continuent à stimuler le système immunitaire à bas bruit ? ». Selon ce spécialiste de la vaccination, l'impact Covid long sur la santé n'est pas dangereux en soi, mais « cette inflammation potentielle devient un facteur aggravant dans différentes pathologies liées à l'âge : hypertension, infarctus, AVC, etc. » Devant l'ampleur des cas de Covid long, les études post infectieuses pour comprendre ce qui dure et pourquoi trouvent aujourd'hui beaucoup de financements. Ce qui profitera aussi sans doute aux suites d'autres maladies.

Le danger d'un nouveau variant redoutable

Il reste que si Omicron demeure moins dangereux que ses prédécesseurs, même avec son variant BQ.1.1, le risque de l'émergence fulgurante d'un nouveau variant plus sévère est toujours dans toutes les têtes. Tandis que sur le vaccin, la science garde un grand défi à surmonter, comme le souligne Jean-Daniel Lelièvre : « Si les formules actuelles sont efficaces pour réduire au minimum les formes graves de la maladie, elles n'empêchent pas d'être infectés et contagieux même si on l'est moins. » Un réel challenge pour les biotech qui, si elles le gagnent, nous permettrait enfin de penser que, cette fois, la maladie n'est plus un problème, comme tous ces rhumes provoqués par des coronavirus que l'on côtoie depuis des siècles.

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(*) Anne-Claude Crémieux est aussi l'auteure du livre sur le Covid « Les Français ont le droit de savoir », paru mi-octobre aux éditions Fayard

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Commentaires 3
à écrit le 05/12/2022 à 14:31
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La psychose collective relative à l'épidémie de covid-19 est fortement retombée, maintenant les gens ont fini par comprendre que la covid-19 n'était qu'une nouvelle forme de grippe, et c'est tant mieux. Je pense que là, on va arrêter de vacciner les ...

à écrit le 05/12/2022 à 13:28
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"C'est confirmé ! Une nouvelle vague de Covid-19, la neuvième selon le décompte, s'abat sur la France avec le sous variant BQ.1.1. " Vivement le BQ.2.2. Ah,ah ,tout cela est une vaste fumisterie dont le but principal est d'engraisser des labos pha...

à écrit le 05/12/2022 à 13:06
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"Le vaccin nous protège-t-il suffisamment ?" Il va falloir ce réveiller, cela fait plusieurs mois que l'on sait que ce vaccin n’empêche pas de transmettre ce virus ni d'attraper ce virus ,bref le truc qui ne sert vraiment à rien.Ce vaccin est tou...

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