"Nous ne sommes pas dans une logique d'acquisition de startups" (Litman, Sanofi)

Au début du mois de février, le géant pharmaceutique français a rejoint l'association France eHealthTech, un regroupement de plusieurs dizaines de startups françaises actives dans l'e-santé. Sanofi est prêt à soutenir celles qui peuvent l'intéresser pour développer l'observance et le suivi des patients dans ses activités stratégiques, notamment le diabète, en les aidant à se développer ou à se lancer à l'international, explique Gilles Litman, directeur Performance & Innovation, chez Sanofi France. Pourtant, le géant pharmaceutique français ne compte pas racheter ces dernières.
"Notre ambition dans cinq ans est de développer des solutions de prise en charge globale, au-delà du médicament, notre cœur de métier", explique Gilles Litman.

LA TRIBUNE - Dans quel intérêt avez-vous rejoint l'association France eHealthTech?

GILLES LITMAN - C'est une décision emblématique de notre ambition: être le partenaire de santé, centré sur les besoins des patients. Nous pensons que la santé connectée est en train de transformer sinon de bouleverser les usages et la manière dont la santé s'organise et les patients sont pris en charge. La France a tous les atouts nécessaires pour être bien placée dans la compétition mondiale dans l'e-santé. Elle dispose d'universités de qualité, d'une recherche publique-privée efficace et d'entrepreneurs dynamiques. Sanofi se doit d'accompagner le développement de la santé connectée dans l'Hexagone au service de sa priorité stratégique, mais aussi de l'économie française.

     | Lire : Les startups de la e-santé se regroupent en lobby

Vous ne comptez pas travailler avec toutes les startups françaises de la e-santé...

Les solutions que nous recherchons entrent dans nos axes stratégiques, reprécisés début novembre par Olivier Brandicourt: le diabète, les maladies rares, l'oncologie, l'immunologie. Nous recherchons des solutions en complément de nos solutions thérapeutiques. La santé connectée peut apporter énormément aux maladies chroniques car elle connecte des acteurs qui ne sont pas suffisamment connectés: les pharmaciens, les médecins, les infirmiers, avec le patient pour centre d'intérêt. Avec la santé connectée, nous réduisons les temporalités, développons la coordination entre les acteurs et le suivi de l'évolution des maladies chroniques. Nous travaillons également de plus en plus sur le vécu et la perception des patients dans les maladies chroniques.

Parmi les startups avec lesquels nous travaillons, nous pouvons notamment citer DMD Santé, qui évalue les applications santé. Nous étions intéressés pour travailler avec cette startup sur deux activés. Tout d'abord évaluer la qualité de nos applications et nos outils digitaux comme diabeteanalytics.fr, un portail permettant d'informer les professionnels de santé sur la parution de nombreuses données qui touchent au domaine du diabète. Ensuite, faire de la veille, ce qui nous permet de rester à l'écoute de ce qui se fait dans la e-santé.

Comment comptez-vous aider les startups qui vous intéressent à se développer ?

On s'organise en interne pour travailler avec ces startups. Nous avons créé au début de l'année dernière un département pour l'innovation ouverte pour travailler avec ces acteurs avec lesquels nous n'avons pas l'habitude de travailler. En 2015, nous avons rencontré une centaine de startups françaises afin de repérer les plus intéressantes, celles qui s'intègrent dans notre stratégie.

Ensuite, nous avons plusieurs manières de les accompagner. On leur propose de rejoindre l'un des deux incubateurs dont nous sommes partenaires: l'incubateur e-santé de Boucicaut (appartenant à l'agence de développement économique de la ville de Paris) qui travaille actuellement avec une dizaine de startups, et le "Village by CA" du Crédit Agricole (dont nous sommes également partenaire) et qui incube sept startups. A la fin de l'année 2016, un deuxième Village by CA ouvrira à Bordeaux. Nous comptons également participer à son développement en hébergeant des startups de la région Aquitaine car nous croyons à l'innovation en régions.

Nous aidons également les startups à gagner en visibilité en les amenant à participer à des événements. Par exemple, l'année dernière, deux startups nous ont accompagnés sur notre stand pendant le festival numérique Futur en Seine. Des anciens de Sanofi, partis en pré-retraite ou ayant changé d'activité travaillent pour certaines de ces startups.

Enfin, nous réfléchissons à les aider à s'internationaliser. Si elles veulent s'implanter en Europe ou aux Etats-Unis, nous pouvons les mettre en relation avec nos collègues américain ou européens.

Envisagez-vous des prises de participation ou des acquisitions ?

Nous ne sommes pas dans une logique d'acquisition de ces sociétés car elles ont besoin de se développer, de travailler pour d'autres sociétés. Néanmoins, nous disposons d'un fonds d'investissement aux Etats-Unis dédié à l'investissement dans les biotechs,.

Quels sont vos objectifs sur un horizon de cinq ans dans la e-santé ?

Concernant le diabète, nous avons un leadership dans ce domaine que nous voulons consolider. La moitié des patients n'atteignent pas leur objectif de taux de glycémie, sans parler de ceux qui ne sont même pas diagnostiqués. Plus largement, notre ambition dans cinq ans est de développer des solutions de prise en charge globale, au-delà du médicament, notre cœur de métier. Ce seront des sites et des applications qui améliorent la  connaissance ou l'observance, et la télémédecine qui transforment les pratiques médicales, les métiers de professionnels de-santé. D'ailleurs, nous faisons une étude à ce sujet.

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Commentaire 1
à écrit le 29/02/2016 à 19:10
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Aucun mot sur le plan PME Sanofi qui vient d'être lancé, bizarre, un oubli ? ...

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