LA TRIBUNE - Comment abordez-vous cette rentrée et craignez-vous une deuxième vague de la pandémie ?
Olivier Bogillot, le président de Sanofi France - Dans la perspective d'une éventuelle deuxième vague, tout est mis en œuvre pour trouver le bon équilibre entre les intérêts sanitaires, mais aussi les intérêts économiques permettant d'éviter un reconfinement général aux conséquences potentiellement désastreuses pour l'économie. Jusqu'à présent, cet équilibre fonctionne, avec une gestion sanitaire par territoire qui a l'avantage de se montrer adaptative.
Au-delà de la Covid-19, quels sont les enjeux sanitaires spécifiques de cette rentrée ?
La plupart des Etats ont commandé des vaccins contre la grippe saisonnière bien plus tôt que les autres années. Ils ont anticipé le fait qu'avec une présence persistante de la Covid, les hôpitaux risquaient de se retrouver rapidement surchargés. Comme les symptômes de la grippe ressemblent beaucoup à ceux de la Covid, les établissements de santé recevront sans doute des patients ne sachant pas s'ils ont attrapé l'un ou l'autre des deux virus. Au niveau mondial, cette situation nous a conduit à augmenter notre production de vaccins contre la grippe saisonnière de 20% À un moment où tous les pays du monde aimeraient bien avoir un leader de la pharmacie très compétent sur les vaccins sur leur territoire, avoir en France Sanofi-Pasteur qui produit ces vaccins contre la grippe est une chance.
Votre candidat vaccin développé avec le laboratoire britannique GSK est entré en phase 1 et 2 des essais cliniques. Quels est le calendrier prévisionnel pour la phase 3 des essais ?
Les résultats de nos études pré-cliniques se sont montrés assez satisfaisants pour que nous lancions les essais cliniques sur l'homme. Les phases 1 et 2 vont permettre de préciser le schéma d'administration du vaccin et son dosage. Nous recevrons leurs résultats probablement au mois de décembre. S'ils démontrent une innocuité et une efficacité du vaccin, nous lancerons simultanément la phase 3 des essais cliniques sur des milliers de personnes et sa production en usine. En faisant le pari que les résultats de cette phase 3 confirmeront ceux de la phase 2, cela nous permettra de gagner plusieurs mois. Une fois ces résultats confirmés et dès la mi-2021, nous pourrons ainsi fournir les doses nécessaires, dès le lendemain de leur validation règlementaire par les différentes autorités de santé.
Produire un vaccin contre un nouveau virus en quelques 18 mois serait un véritable tour de force. Peut-on vraiment y croire ?
C'est totalement inédit. Mais possible grâce à l'organisation interne des laboratoires, à l'alignement des acteurs et à la mobilisation des investissements. Le fait que plusieurs univers académiques, laboratoires et sociétés de différentes tailles s'associent autour d'un même projet de vaccin permet d'accélérer le mouvement. Le fait que plusieurs technologies soient mobilisées pour ce vaccin est aussi un gage de réussite. Même si l'une d'entre elles se révèle inefficace dans le cadre de ce virus, les autres développements pourront se poursuivre. De toute manière, il faudra que plusieurs projets passent la ligne d'arrivée pour fournir les milliards de doses dont le monde entier a besoin. »
Que pensez-vous du plan de relance du gouvernement ?
La manière dont il est organisé est intéressante. Avec la cohésion sociale, l'investissement sur l'économie verte et l'investissement industriel, il donne des réponses au très court terme, tout en s'inscrivant dans un temps plus long. Dans ce plan, les industries de santé et du médicament sont enfin identifiées comme un secteur stratégique et non comme uniquement poste de dépense. Sachant que Sanofi participe à la balance commerciale française avec plus de 13 milliards d'euros d'exportations chaque année, passer de poste de dépense à secteur stratégique est une vraie bonne évolution.
Olivier Bogillot, Sanofi France : "les industries du médicament sont enfin identifiées comme stratégiques"
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