Sofimac va lancer un fonds aux Etats-Unis pour "internationaliser" les biotechs françaises

La société française de capital investissement va lancer Crosslife, un fonds de 200 millions d'euros, et nouer un partenariat avec le fonds étasunien Bay City Capital. Sofimac espère favoriser l'accès au marché américain pour les biotechs prometteuses, mais dont la viabilité est souvent menacée par le manque d'accès aux financements.
Jean-Yves Paillé
Aujourd'hui, Sofimac Investment Managers gère plus de 750 millions d'euros d'actifs. Avec la création de ce nouveau fonds, la société française de capital investissement espère dépasser le milliard d'euros d'actifs sous gestion dès l'année prochaine.

Sofimac Investment Managers va de plus en plus miser sur le secteur de la santé dans les années à venir. La société française de capital investissement, spécialisée dans le financement des PME, s'apprête à lancer un fonds dédié aux sciences de la vie doté de 200 millions aux Etats-Unis. Nommé Crosslife, il sera géré par en partenariat avec Bay City Capital, une société de capital investissement américaine gérant 1,5 milliard d'euros d'actifs, qui se consacre aux investissements dans les entreprises de santé.

"Bay City ne met pas d'argent dans Crosslife. Mais avec ce partenariat, ce dernier sera un interlocuteur privilégié lorsqu'on voudra amener une société française aux Etats-Unis. Nous espérons avoir accès à ses souscripteurs américains et du Moyen-Orient, ce qui aidera à internationaliser les biotechs françaises", explique Pascal Voulton, président du directoire de Sofimac Investment Managers, lors d'une conférence de presse lundi 2 octobre. La société française de gestion espère mettre en place ce fonds au cours du premier semestre 2018.

"Il sera majoritairement français, mais devrait être ouvert au capital étranger", précise le dirigeant.

Eviter "la vallée de la mort" pour les biotechs à fort potentiel

"Notre société de gestion est bien dotée au niveau des financements d'amorçage, mais on veut aller plus loin", souligne François Miceli, membre du directoire de Sofimac Partners. Le fonds Crosslife vise en effet à investir à tous les stades de développement des biotechs, en particulier les étapes allant des levées de série A (étape qui vient après la phase d'amorçage) jusqu'au marché boursier, voire envoyer de nouveaux financements après une entrée en Bourse. Les "tickets" attribués aux biotechs pourraient "atteindre 15 à 20 millions d'euros", précise François Miceli.

En clair, l'objectif de Sofimac est d'accompagner les sociétés des sciences de la vie à fort potentiel, du début à la fin de la chaîne de financement, et ce, afin d'éviter "la vallée de la mort" - une période succédant à la phase d'amorçage, et durant laquelle la société, bloquée par manque de financement, risque de disparaître, privant donc potentiellement le capital-risque d'un retour sur investissement. Les biotechs, du fait de leurs longues phases risquées consacrées à la R et D, et de leurs besoins financiers conséquents sont particulièrement concernées par ce phénomène. Atteindre le marché prend souvent au moins dix ans pour un médicament, et les taux d'échecs lors des essais cliniques des phases I à III dépassent les 90%, selon le Leem.

"Les sociétés à fort potentiel bénéficiant d'un fonds d'amorçage risquent de se trouver dans l'impasse en France. Il y un portefeuille de biotechs de très bonne qualité dans le pays, mais elles ont du mal à se développer en raison d'un manque de financement intermédiaire, notamment", évoque Pascal Voulton.

Selon le "Panorama 2016 de l'industrie des sciences de la vie en France", élaboré par France Biotech, 67% des sociétés françaises interrogées sont en recherche de financement pour mener des essais cliniques, qui peuvent coûter plusieurs dizaines de millions d'euros. Et pour 46% des biotechs, il s'agit de la préoccupation numéro un.

Pour Pascal Voulton, les sociétés en manque de financement peuvent également être cédées ou, au mieux, se coter en Bourse.  Mais, même dans ce cas, le risque de "vallée de la mort" reste présent, juge-t-il, d'où la nécessité de continuer à les accompagner.

"Les sociétés qui s'introduisent en Bourse dans l'indice Next Biotech pour trouver 30 millions d'euros peuvent connaître un cycle dangereux. La somme ne suffit pas pour un développement jusqu'à la commercialisation, et lorsque ces biotechs en quête de nouveaux financements s'adressent aux fonds américains, ces derniers seront moins intéressés en raison de leur faible valorisation."

Sofimac vise le milliard d'euros d'actifs sous gestion

Sofimac privilégie une internationalisation qui passera avant tout par les Etats-Unis. Le fonds français ne compte pas lorgner le marché chinois, par exemple.

"50% des biotechs sont situées aux Etats-Unis. Etre présent là-bas est une des clés du succès", ajoute encore Pascal Voulton.

Aujourd'hui, Sofimac Investment Managers gère plus de 750 millions d'euros d'actifs. Avec la création de ce nouveau fonds, la société française de capital investissement espère dépasser le milliard d'euros d'actifs sous gestion dès l'année prochaine.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 02/10/2017 à 21:26
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c'est clair que les USA ont une volonté d'être le " pays de l'innovation".

à écrit le 02/10/2017 à 18:00
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Raison pour laquelle les biotechs ne peuvent finalement démarrer qu'aux Etats unis: Les consommateurs et les assurances sont enclins à payer les thérapies novatrices alors qu'en France, tant que la sécu de rembourse pas, personne n'osera payer.

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