Télémédecine : les startups françaises entrent en compétition

Au CES de Las Vegas, Visiomed a dévoilé Visiocheck, une "station de télémédecine mobile" de moins de 300 grammes. Il va entrer en concurrence avec plusieurs startups françaises, dont H4D et Parsys qui commencent à déployer leurs cabines et autres stations de télémédecine en France. Ce marché tarde toutefois à décoller dans l'Hexagone.
Jean-Yves Paillé
Visiomed espère se faire une place en proposant un appareil de télémédecine plus mobile et moins cher que celui proposé par la startup H4D.

Publié le 05/01/2017 à 07:30. Mis à jour le 08/01/2017 à 18:15.

La télémédecine est un marché balbutiant dans l'Hexagone, ce qui n'empêche pas plusieurs startups françaises de s'y intéresser de près. A l'occasion du CES de Las Vegas, mercredi 4 janvier, Visiomed, a dévoilé Visiocheck "une station de télémédecine mobile et connectée de moins de 300 grammes". Cet appareil doté d'un écran LCD intègre des dispositifs médicaux pour permettre une consultation à distance avec un système de visioconférence. Il dispose d'un thermomètre sans contact, d'un électrocardiogramme (mesure de l'activité cardiaque), d'un oxymètre pour mesurer le pouls, d'un tensiomètre brassard, et d'un lecteur de glycémie (pour connaître le taux de glucose). L'appareil peut également photographier des plaies ou permettre d'ausculter la gorge.

Visiomed estime que son appareil peut permettre de suivre des affections de longue durée (maladies chroniques). Le groupe français mettra à disposition son Visiocheck à un prix de 2.500 euros hors taxe avec un accès mensuel aux services pouvant coûter jusqu'à 249 euros, selon les services requis. Il vise le marquage CE (qui donne l'autorisation de mettre son appareil sur le marché) pour le milieu de l'année 2017.

H4D et Parsys Télémédecine déjà sur le pont

S'il obtient une autorisation de mise sur le marché, Visiomed va faire face à des concurrents déjà en phase de déploiement. La startup H4D a déjà obtenu un marquage CE pour ses cabines de télémédecine. Mais le prix de la Consult Station, équipée de tensiomètres, stéthoscopes, ou électrocardiogrammes, est beaucoup plus élevé. Il grimpe à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour une installation, et quelques milliers d'euros par mois pour une location. Interrogé par à La Tribune Eric Sebban, fondateur de Visiomed Group, avance un autre argument: "Visiocheck ne suppose pas la présence d'un opérateur pour procéder aux examens, contrairement à H4D, ce qui facilite son utilisation et réduit les coûts d'utilisation."

Néanmoins, l'appareil de H4D est en phase de déploiement en Afrique, en Amérique du Nord en Europe et en France notamment où la startup a implanté sa première cabine en 2014. Elle dispose ainsi déjà d'une certaine reconnaissance sur le terrain.

Autre startup française en phase de déploiement: Parsys Télémédecine. Celle-ci propose plusieurs types d'appareils: des chariots, stations et valises de télémédecine. Ses appareils sont expérimentés dans quelques établissements, dont des EHPAD.

Le marché ne décolle pas en France

Pour le moment, le marché de la télémédecine ne décolle pas en France et se résume en projets pilotes. En 2013, 331 dispositifs de télémédecine ont été recensés, la plupart sous l'égide des agences régionales de santé (ARS). Ils ne sont pas coordonnés et développés au niveau national.

Mais certaines expériences sont néanmoins largement diffusées, à l'image du dispositif "Télé AVC" déjà présent dans plus de 100 établissements. Des acteurs phares poussent en faveur d'une généralisation de la pratique : la Fédération des hôpitaux de France (FHF) notamment, mais aussi le Conseil national de l'ordre des médecins qui réclame une "simplification de la réglementation de la télémédecine pour qu'elle soit intégrée concrètement dans les parcours de soins des patients et les pratiques quotidiennes des médecins".

Les startups parient sur une accélération de la télémédecine en France

Les startups espèrent en outre que le plan e-Santé 2020, lancé par Marisol Touraine l'année dernière, leur ouvrira plus largement le marché français. Ce plan veut focaliser une grande partie de l'action sur cette pratique médicale avec le développement "de nouvelles applications de suivie à distance". Et ce, "pour répondre aux besoins des citoyens de façon équivalente dans tous les territoires". Le plan évoque notamment le déploiement des "plateformes de services".

Eric Sebban estime quant à lui que l'accélération de la télémédecine irait dans "le sens de l'histoire pour moderniser notre système de santé, et lutter contre les inégalités d'accès aux soins".

Autre raison d'y croire pour les startups, l'article 47 du PLFSS 2017 engage l'État à financer les expérimentations de télémédecine pour une année supplémentaire, mais également à les "élargir" à l'ensemble du territoire.

Incitation tarifaire insuffisante ?

Dans le détail, il prévoit de rémunérer les professionnels de santé entre 26 euros (généralistes) et 43,70 euros (psychiatres) par acte. C'est-à-dire 3 euros de plus que la rémunération actuelle d'une consultation chez le médecin généraliste, mais celle-ci passera à 25 euros dès 2017.

Cela sera-t-il suffisant ? Pas selon la FHF qui soulignait en novembre le manque d'incitation tarifaire pour les médecins, et plus généralement les établissements de santé. Les rémunérations actuelles ne les poussent pas à "faire le choix des téléconsultations, plutôt qu'un accueil en séjour hospitalisation ou en urgence", estime l'organisation.

Contre les déserts médicaux, pour le décloisonnement des soins

Sur le papier, la télémédecine est censée aider les établissements à réaliser des économies, améliorer l'efficacité du parcours de soin, ou encore réduire le temps de prise en charge des patients et éviter celles qui sont inutiles. Et, argument principal mis en avant par les startups et les défenseurs de la pratique, elle permettrait de pallier partiellement les déserts médicaux. Pour rappel, le nombre de généralistes a baissé de 8,4% entre 2007 et 2016.

*Un graphique de notre partenaire Statista

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 06/01/2017 à 23:57
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