Une gélule capable de rester 10 jours dans l'estomac pour diffuser un traitement

Avec l'aide du MIT et de la fondation Gats, Lyndra, une société américaine, veut tester sur l'homme une gélule capable de diffuser un antiparasitaire contre le paludisme (malaria) pendant plusieurs jours. Une technologie qui pourrait améliorer le suivi des traitements et être étendue à d'autres pathologies.
Jean-Yves Paillé
Cette gélule de deux centimètres de diamètre, faite de polymère, prend la forme d'une étoile une fois dans l'estomac pour ne pas être digérée trop rapidement.

Pour lutter contre certaines maladies, plusieurs recherches se focalisent sur les moyens d'améliorer techniquement la diffusion des traitements. C'est dans ce cadre-là que Lyndra, une société américaine, a conçu une pilule capable de rester une dizaine jours dans l'estomac, avant d'être digérée, et pouvant diffuser sur toute la durée les substances d'un médicament.

Cette gélule de deux centimètres de diamètre, faite de polymère, est capable, une fois dans l'estomac, de se transformer pour prendre la forme d'une étoile afin de ne pas être digérée trop rapidement, mais sans nuire à la digestion, rapporte la publication scientifique Science Transnational Medicine. Cette capsule a été développée au MIT (Massachusetts Institute of Technology) en collaboration avec la fondation Bill et Melinda Gates, qui a financé une partie des recherches.

La technologie a été testée sur une quinzaine de cochons du Yorkshire pesant de 35 kg à 50 kg. Lyndra prévoit de la développer pour l'homme notamment pour lutter contre le paludisme (appelé également malaria). Le médicament délivrerait pendant plusieurs jours de l'ivermectin, un antiparasitaire qui peut réduire la transmission de la malaria. Ce traitement pourrait éradiquer la maladie à long terme s'il était utilisé massivement et pris de façon régulière, assure l'Organisation mondiale de la santé. (*)

Une solution pour améliorer le suivi des traitements ?

C'est la première pilule capable de rester dans l'estomac pendant plusieurs jours sans être digérée, tout en étant capable de diffuser une substance médicamenteuse régulièrement, et sans affecter le bon fonctionnement du système digestif, assure la société américaine.

Outre la lutte contre la malaria, cette innovation ouvre la possibilité d'une application élargie aux maladies chroniques, ou toute autre pathologie nécessitant un suivi quotidien, notamment.

Cette technologie, si son efficacité se confirme sur l'homme, pourrait représenter une vraie révolution dans l'industrie du médicament à l'avenir et changer les habitudes de nombreux patients. Ces derniers ne seraient plus forcés de suivre certains traitement à un rythme quotidien. Cela impliquerait l'amélioration de l'observance (respect des prescriptions des médecins et de la bonne prise des traitements).

Et si l'on va plus loin, la démocratisation à l'avenir d'une gélule de ce type pourrait ainsi avoir un impact économique potentiel important pour les systèmes de santé. Une étude du cabinet spécialisé en santé IMS Health, publiée fin 2014, estimait que l'Assurance maladie pourrait économiser 9 milliards d'euros chaque année sur six maladies chroniques en améliorant l'observance. Aux Etats-Unis, les défauts d'observance coûtent de 100 à 300 milliards dollars par an, selon différentes études sur le sujet.

Des tests sur l'homme prévus en 2017

Mais, ce type de gélule ne devrait pas arriver sur le marché avant plusieurs années. Des questions se posent sur leur efficacité sur l'homme. Les cochons sur lesquels elles ont été testées digèrent plus lentement que les hommes.

Néanmoins, Lyndra prévoit de démarrer des essais cliniques sur des hommes à partir de la mi-2017. Pour cela, il aura besoin d'une autorisation de l'Agence américaine des médicaments (FDA). Il est possible que cette dernière réclame des essais sur d'autres animaux avant d'accepter qu'ils soient effectués sur des hommes.

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REPERES

(*) À l'échelle mondiale, environ 3,2 milliards de personnes - près de la moitié de la population mondiale - sont exposées au risque de contracter le paludisme (ou malaria). En 2015, le nombre de nouveaux cas était estimé à 214 millions, et les décès à environ 438.000. (Source : Organisation mondiale de la Santé)

Jean-Yves Paillé

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