Une piste (sérieuse) pour soigner l'obésité

L'analyse génétique des flores bactériennes de l'organisme permet d'envisager de nouveaux traitements, en particulier concernant l'obésité.
Établi à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, l'Institut de cardiométabolisme et nutrition (Ican) travaille sur la composition du microbiote intestinal et son évolution dans le cadre de problèmes de santé. Il a déjà mis au jour l'absence de certaines bactéries chez les personnes souffrant d'obésité.

En améliorant les techniques de séquençage, l'analyse génétique gagne l'ensemble de notre corps. Après notre ADN, les généticiens se sont penchés sur nos tumeurs cancéreuses.

Dernier en date : le séquençage des flores intestinales et pulmonaires - appelées microbiotes -, ces colonies de bactéries inoffensives qui peuplent nos organismes. Grand sujet à la mode, le microbiote est désormais soumis à la question génétique. Comme il est composé de centaines d'organismes bactériens, on l'analyse par bioinformatique afin d'en distinguer les grandes lignes.

Et, alors qu'il a longtemps fallu passer par la culture bactérienne en laboratoire pour en voir la composition, il est désormais séquencé directement dans l'organisme en métagénomique. On le (re) découvre régulièrement : le microbiote influence directement notre état de santé.

Un incroyable boom dans la microbiologie

Il commence même à être considéré non plus comme une flore parasite, mais comme une sorte d'organe vital. Établi à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, l'Institut de cardiométabolisme et nutrition (Ican) travaille sur la composition du microbiote intestinal et son évolution dans le cadre de problèmes de santé. Il a déjà mis au jour l'absence de certaines bactéries chez les personnes souffrant d'obésité.

« L'accès aux nouvelles technologies de séquençage à haut débit a provoqué un incroyable boom dans la microbiologie, remarque sa directrice, Karine Clément. On découvre régulièrement de nouvelles modifications du microbiote en fonction de maladies intestinales, métaboliques mais aussi neurologiques et même psychiatriques, comme l'autisme. »

Facturées 1.000 euros, les analyses métagénomiques permettent de multiplier les recherches sur le sujet.

Émanation de l'Inra, la startup Enterome développe les premiers médicaments du microbiote pour soigner une inflammation chronique des intestins, la maladie de Crohn. Avec 25 salariés établis à Paris, Enterome s'apprête à commercialiser un kit diagnostic pour suivre facilement l'évolution de la maladie, entre deux coloscopies. En deux ans, la startup a levé 17 millions d'euros et son candidat médicament pour traiter le déséquilibre bactérien observé dans la maladie de Crohn entre en essai clinique.

« Nous sommes en partenariat avec un laboratoire américain pour sa future mise sur le marché, précise Pierre Belichard, PDG. Et son prix devrait rester dans la moyenne du traitement annuel des patients atteint d'un Crohn, soit 20.000 euros. »

Face à cet engouement de la recherche, on peut imaginer que l'analyse de nos flores intestinales donnera lieu un jour à une médecine et même à une alimentation personnalisées. Quant au microbiote pulmonaire, il est le dernier chouchou des chercheurs. Une étude vient de montrer que le développement précoce de cette flore permet d'éviter l'asthme allergique.

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Commentaire 1
à écrit le 30/10/2015 à 15:30
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20000 euros, une paille a la porte de tous!

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