Vaccin anti-Covid : le feuilleton à rebondissements de Sanofi en 2020

Dans un contexte où les laboratoires pharmaceutiques se sont retrouvés sur le devant de la scène comme jamais auparavant, Sanofi a connu sa part de polémiques, retards et annonces fracassantes... Retour sur une année remuante pour le laboratoire.
(Crédits : Charles Platiau)

Polémiques, retards et annonces fracassantes: l'année écoulée sous le signe du Covid-19 a été très mouvementée pour Sanofi et ses candidats vaccins. Retour sur douze mois agités pour le laboratoire.

Deux vaccins

Le groupe pharmaceutique, qui a fait un chiffre d'affaires de 36 milliards d'euros l'an dernier, s'est rapidement positionné sur un vaccin potentiel.

Le 18 février 2020, il annonce ainsi une collaboration avec la "Barda", une agence américaine de recherche et développement, afin de développer un vaccin utilisant la technologie éprouvée de recombinaison de l'ADN.

Sanofi annonce deux mois plus tard qu'il utilisera pour ce faire un adjuvant du Britannique GSK, autre géant du secteur. Leur vaccin potentiel doit initialement entrer en essais cliniques sur l'homme au deuxième semestre 2020 et, en cas de succès, être disponible au deuxième semestre 2021, prévoient-ils alors, avec pour objectif la production d'un milliard de doses par an.

Par ailleurs, Sanofi travaille depuis fin mars 2020 avec Translate Bio, une biotech cotée aux États-Unis, pour un vaccin basé cette fois-ci sur la technologie de l'ARN messager, la même technologie novatrice que celle de Pfizer-BioNTech et de Moderna. Calendrier initial: une éventuelle approbation au deuxième semestre 2021 pour une capacité de production comprise entre 90 et 360 millions de doses par an.

Une polémique

Présent, trop présent dans l'actualité? Dans un contexte où les laboratoires pharmaceutiques se sont retrouvés sur le devant de la scène comme jamais auparavant, Sanofi a connu sa part de polémiques.

Le 13 mai 2020, Paul Hudson, son directeur général, un Britannique arrivé aux rênes de la société quelques mois auparavant, prononce quelques mots qui passent très mal au pays de Pasteur.

Le laboratoire servira les États-Unis en premier s'il trouve un vaccin contre le coronavirus responsable de la pandémie, puisque ce pays soutient ses recherches, dit-il à l'agence d'information Bloomberg, en faisant référence au partenariat avec la Barda.

Ces déclarations provoquent la polémique en France et de vives réactions du gouvernement. Le lendemain, Paul Hudson, avec ce qui ressemble à un appel du pied à l'Europe, explique que Sanofi "a besoin de partager les risques" pour produire les doses d'un éventuel vaccin avant même son autorisation formelle.

De nombreuses commandes

Les commandes arrivent vite pour les producteurs de vaccins et Sanofi n'est pas en reste. Fin juillet, Sanofi et GSK indiquent qu'ils vont recevoir jusqu'à 2,1 milliards de dollars des États-Unis pour le développement de leur vaccin après avoir été sélectionnés pour fournir 100 millions de doses aux Américains.

Au même moment, les deux laboratoires promettent 60 millions de doses au Royaume-Uni.

Avec l'Union européenne, il faut attendre septembre pour qu'un accord soit passé. Selon ses termes, Sanofi et GSK devaient fournir jusqu'à 300 millions de doses, tandis que l'Europe débloque des fonds pour accompagner l'augmentation des capacités de production de Sanofi en Europe.

Enfin, toujours courant septembre, Sanofi et GSK ont également signé avec le Canada pour la fourniture, jusqu'à 72 millions de doses, de leur vaccin adjuvanté.

Du retard

Mais pour fournir ces doses, encore faut-il avoir la bonne formule. Alors qu'à la fin 2020, Pfizer et Moderna ont déjà commencé la production commerciale de leurs vaccins respectifs, le couperet tombe: le 11 décembre, Sanofi et GSK annoncent des résultats moins bons qu'attendu des premiers essais cliniques. Alors qu'ils visaient initialement une arrivée sur le marché à l'été, ils tablent désormais sur une mise à disposition du vaccin au quatrième trimestre 2021.

Lundi, Sanofi a indiqué le début d'une nouvelle étude de phase 2 de son principal candidat-vaccin. Quant à l'autre vaccin en cours de développement, il devrait démarrer les essais de phase 1-2 au mois de mars, pour une mise sur le marché au plus tôt à la fin de l'année.

De la "sous-traitance"

Le retard du principal vaccin Covid de Sanofi suscite une nouvelle polémique en France, les syndicats du laboratoire pointant du doigt les quelque 400 suppressions d'emploi prévues dans la recherche.

Souci de calmer la tempête ou désir de faire sa part? Sanofi va en tout cas produire jusqu'à 100 millions doses du vaccin de Pfizer-BioNTech cette année, a-t-il annoncé fin janvier.

C'est une première pour un grand laboratoire, signe que la pandémie rebat les cartes.

Lundi, le groupe a par ailleurs indiqué qu'il allait produire en France le vaccin anti-Covid de son concurrent américain Johnson & Johnson, à partir du troisième trimestre cette année, à un rythme d'environ 12 millions de doses par mois. Une annonce saluée par l'Elysée.

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Commentaires 4
à écrit le 23/02/2021 à 8:32
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Sanofi est a l'image de ce pays passé du statut de quatrième puissance mondiale a celle ............d'avant dernier dans tous les domaines sauf la pression sociale !

à écrit le 23/02/2021 à 8:30
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Dommage de produire le johnson johnson un des vaccins le moins efficace avec l'aztra zeneca qui en plus est assez peu actif sur le variant sud africain. Toujours cette ideologie qui veut un vaccin du monde libre pour nous? Dans deux ans faudra se rev...

à écrit le 22/02/2021 à 17:43
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Sanofi n'a que faire de développer un vaccin pour lequel les États vont mettre les prix sous pression. Ils ont des tas d'autres produits rentables à même de bien rémunérer les actionnaires.

à écrit le 22/02/2021 à 17:15
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Le PDG ami de Macron :environ 350 licenciements en R et D à vu sa rémuneration passée de 700000 euros à 800 000 euros .Vu sur le Canard .La vie et belle pour un type retraitable à 70 ans et qui s'est vu une prolongation jusqu'en 2023 je crois et me...

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