Vif dilemme pour les communes dissidentes du Syndicat des eaux d'Ile de France

Les neuf communes regroupées au sein d'Est-Ensemble risquent de payer leur eau plus chère si elles sortent du syndicat, estime un audit réalisé à leur demande.

Ravaler son orgueil et réadhérer au Syndicat des eaux d'Ile de France (Sedif), ou tenir le cap et prendre le risque de renchérir le prix de l'eau pour leurs administrés ? Les communes dissidentes du Sedif se retrouvent aujourd'hui face à un joli casse-tête.

Regroupées au sein de la communauté d'agglomération Est-Ensemble, ces neuf villes de Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Bobigny, Bondy, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Le Pré-Saint-Gervais, Pantin, Romainville) avaient suspendu leur participation au Sedif pendant l'appel d'offres qui a vu le plus grand contrat d'Europe de distribution d'eau potable réattribué en juin à Veolia. Elles réservent depuis leur réponse sur leur réintégration dans le syndicat dirigé par André Santini.

Pour y voir plus clair sur les mérites comparés d'un retour au sein du Sedif ou une sortie du syndicat, la communauté d'Agglomération a commandé un audit dont les résultats, encore provisoires, viennent de lui être communiqués. Réalisé par les trois cabinets Calia, Hydratec et Sartorio, ce rapport, que la Tribune a pu consulter, souligne les risques que ferait peser pour les administrés une sortie définitive du Sedif.

En effet, cet audit estiment que les communes, si elles choissaient de constituer et d'exploiter leur propre réseau et s'approvisionnaient en eau auprès de la régie publique d'Eau de Paris, en arriveraient à proposer à leurs administrés un mètre cube compris entre 1,4 et 2,7 euros. Soit dans le meilleur des cas, un centime de moins que le prix garanti par le Sedif, de 1,41 euros. Mais, dans le pire, un prix de 2,7 euros, représentant presque le double de celui proposé par le syndicat géré par André Santini.

Pour en arriver à ce résultat, l'audit prend l'hypothèse d'un mètre cube facturé entre 0,50 et 0,60 euros par Eau de Paris, et ajoute différents postes d'investissements (déconnexion du Sedif, modification du réseau, connexion à Eau de paris et surpression...) et d'exploitation (entretien du patrimoine, des réseaux, des branchements...). L'audit évoque également le scénario d'un approvisionnement en eau, complet ou partiel, auprès du Sedif, mais n'en tire pas de conclusion sur le prix final pour l'administré, faute de connaître le tarif que pratiquerait le syndicat.

Au sein des villes de la communauté, toutes gérées par des maires de gauche, différentes sensibilités s'expriment sur ce sujet. Pour certains maires, l'objectif semblait surtout de faire pression sur le syndicat et sur Veolia pour obtenir des conditions plus avantageuses. Dans sa version précédente, le contrat du Sedif, géré depuis près d'un siècle par Veolia, a été souvent critiqué pour son manque de transparence et sa rentabilité excessive pour l'industriel. Mais son renouvellement, et la concurrence qui l'a caractérisé, s'est traduit par une baisse de prix significative. Pour les ménages, le prix moyen du mètre cube passera en effet de 1,75 euro à 1,41 euro (si la communauté est-ensemble réintègre le Sedif). Objectif globalement réussi, donc. D'autres maires en revanche, comme Dominique Voynet, à Montreuil, ont publiquement fait état de position de principe plus tranchée en faveur d'un retour en régie publique.

Les débats s'annoncent donc animés au sein de la communauté d'Agglomération Est-Ensemble, qui doit prendre sa décision finale fin novembre après plusieurs réunions.

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