Pourquoi EDF écrit à Constellation et le fait savoir

Alors que les deux groupes semblent au bord du divorce, EDF a rendu public le courrier envoyé mercredi à son partenaire américain Constellation Energy Group pour faire avancer son projet nucléaire aux Etats-Unis. Le groupe français propose notamment de prendre en charge les risques du projet d'EPR américain.

Est-ce un courrier destiné à se couvrir juridiquement ou une technique de communication ? EDF a rendu public ce jeudi la lettre envoyée la veille par son directeur financier mercredi au directeur financier Thomas Piquemal à son homologue de Constellation Michael Wallace. 

Le groupe français s'y dit prêt à consacrer davantage de moyens au projet nucléaire développé avec son partenaire américain Constellation Energy Group. A une condition : que ce dernier renonce à exercer une option susceptible de coûter 2 milliards de dollars à l'électricien français.

Thomas Piquenal précise également à son homologue qu'EDF est prêt à prendre à son compte tous les risques et les charges liés au site de Calvert Cliffs jusqu'au démarrage de la construction de ce projet d'EPR. Et il esquisse une autre piste : le rachat à "une juste valeur de marché" (fair market value) de la part de Constellation dans leur coentreprise Unistar, avec la possibilité d'associer un autre partenaire américain au projet.

Dans ce courrier, EDF stipule cependant que Constellation doit renoncer à l'option l'autorisant à vendre à EDF jusqu'à deux milliards de dollars d'actifs qui, de l'avis d'analystes, valent beaucoup moins.

L'envoi de cette lettre intervient peu après l'annonce par Constellation de son retrait d'un accord portant sur la construction d'un réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR dans l'Etat du Maryland avec EDF, ce qui devrait mettre un terme à ce projet de plusieurs milliards de dollars.

Prévu sur le site de Calvert Cliffs, ce projet était le seul en cours de développement dans le cadre de la société Unistar. Initialement, l'an dernier, EDF visait quatre réacteurs de nouvelle génération EPR aux Etats-Unis, avec une première mise en service fin 2015.

La réponse de Constellation : "Qu' EDF respecte son engagement d'honorer pleinement ses obligations contractuelles"

En apprenant le retrait de Constellation, EDF s'était dit choqué, estimant que les deux entreprises "étaient dans la dernière ligne droite avec le département de l'Energie".
Le groupe américain a de son côté fait savoir qu'il était prêt à discuter du contenu de la lettre d' EDF. Dans un communiqué, il ajoute cependant qu'il "attend qu' EDF respecte son engagement d'honorer pleinement ses obligations contractuelles", une référence à son option de vente d'actifs non nucléaires.

Thomas Piquemal estime pour sa part que si Constellation avait "une attitude imprudente et destructrice au point d'essayer d'exercer son option de vente, EDF résisterait vigoureusement (...) et examinerait les moyens de faire valoir pleinement son dossier. EDF n'aurait pas d'autre choix".

EDF a investi près de 6,5 milliards de dollars aux Etats-Unis depuis 2007, la plupart de ces investissements ayant été engagés par Pierre Gadonneix, le prédécesseur d'Henri Proglio à la tête d' EDF.

 

 

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