Un rapport gouvernemental favorable aux gaz de schiste

Commandé par le ministère de l'Environnement, le rapport d'évaluation sur les gaz de schiste juge prématuré d'interdire leur exploration, sans expertise préalable.
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C'est un texte qui arrive un peu tard, vraisemblablement caduque avant même sa publication. Commandé début février par les ministres de l'Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet et de l'Industrie Éric Besson, alors que la polémique sur l'impact de l'exploitation des gaz de schiste s'emballait, le rapport d'étape de la mission d'inspection sur les gaz et huiles de schiste vient d'être rendu public. Entre temps, pas moins de trois propositions de loi ont été déposées ? dont une émanant de Jean-Louis Borloo, signataire comme ministre des permis d'exploration accordés - pour proscrire l'exploitation des hydrocarbures de schiste. Soutenue par François Fillon, celle présentée par Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, qui demande aussi l'interdiction de l'exploration et l'abrogation des permis accordés, doit être examinée le 10 mai en procédure d'urgence.

Que dit ce rapport, rédigé par quatre scientifiques, deux ingénieurs des Mines et deux ingénieurs des Ponts et des Eaux et Forêts ? Qu'il est important d'expertiser avant de s'affoler. Ainsi la mission suggère-t-elle de « lancer un programme de recherche scientifique, dans un cadre national ou européen, sur les techniques de fracturation hydraulique et leurs impacts environnementaux ». À l'évidence, les auteurs du rapport jugent que les parlementaires se sont un peu précipité. « Dans deux ou trois ans, l'expérience acquise, aussi bien dans notre pays qu'en Europe et en Amérique du Nord, permettra de prendre des décisions rationnelles sur l'opportunité d'une exploitation de gaz et huiles de roche-mère en France », poursuit l'étude.

Transparence des projets

En attendant, le texte préconise l'interdiction temporaire de la technique tant redoutée qui a permis le boom de la production de gaz des schiste. « La mission recommande que, en l'attente des résultats de ce programme de recherche (...) la fracturation hydraulique ne soit pas utilisée hormis pour le programme scientifique indiqué ci-dessus ». La mission esquisse également d'autres pistes pour renforcer l'acceptabilité et la transparence de ces projets. Par exemple, qu'élus et public soient consultés avant la délivrance de permis d'exploration ou que la fiscalité pétrolière soit révisée afin que les collectivités locales soient intéressés financièrement à l'exploitation d'hydrocarbures sur leur territoire.

Car le rapport estime qu'il « serait dommageable, pour l'économie nationale et pour l'emploi, que notre pays aille jusqu'à s'interdire (...) de disposer d'une évaluation approfondie de la richesse potentielle (...) ». « La comparaison avec les formations géologiques analogues exploitées en Amérique du nord laisse à penser que notre pays est parmi les pays les plus prometteurs au niveau européen en huiles dans le bassin parisien et en gaz dans le sud du pays », souligne la mission.

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