Areva défie l'Etat en supprimant des emplois en France

Le conseil d'Areva approuvera ce lundi un plan prévoyant le non remplacement des 1.000 à 1.200 départs annuels en France. A sa demande, la cotation du groupe a été suspendue ce lundi à la Bourse de Paris.
Copyright Reuters

Luc Oursel, qui a succédé à Anne Lauvergeon à la tête d'Areva le 1er juillet dernier, va entamer ce lundi son premier bras de fer avec l'Etat. De sources concordantes, son "plan d'action stratégique" destiné à adapter Areva aux conditions de marché post-Fukushima et à enrayer les pertes dues aux dépenses somptuaires de l'ère Lauvergeon, prévoit "le gel des recrutements". Ce qui signifie que les 1.000 à 1.200 départs "naturels" annuels en France (sur un effectif de 28.000 salariés) ne seront pas remplacés. Si cette mesure est appliquée sur l'ensemble de la période balayée par ce plan (2012-2016), c'est entre 5.000 et 6.000 emplois qui seront ainsi supprimés. De quoi mécontenter les ministres François Baroin et Eric Besson qui avaient convoqué Luc Oursel en urgence le 23 novembre dernier pour lui faire promettre qu'il n'y aurait "aucune suppression de poste, aucun plan de départ volontaire, aucun impact sur les sites français". Même si le patron d'Areva semble avoir renoncé à un plan de départ volontaire pour les "fonctions supports".

Au-delà de ces postures politiques, l'Etat, actionnaire à 83% d'Areva et donc parfaitement au courant des projets du management, n'en a pas fini avec les problèmes du groupe. Le plus délicat reste à venir. Le groupe va encore annoncer ce lundi de lourdes provisions (notamment face aux pertes attendues sur le chantier de l'EPR en Finlande) et des dépréciations d'actifs (sur les mines). Les analystes tablent sur 1 à 2 milliards d'euros. Le montant pourrait même être supérieur. Une certitude : Areva va afficher des pertes nettes cette année, après avoir enregistré ses premières pertes opérationnelles en 2010.

Capitalisation du groupe

Et, en filigrane, risque de se (re)profiler la question de la capitalisation du groupe. Areva a consommé 7,5 milliards de cash depuis 2006, dont 1,9 milliard sur les seuls six premiers mois de 2011. À coups de cessions et d'entrée au capital du fonds souverain du Koweït (4,8 %), le groupe a réussi en 2010 à rééquilibrer sa structure financière, très périlleuse. En 2009, Areva affichait 6,2 milliards de dettes pour des fonds propres de 7,5 milliards. Mi-2011, les dettes avaient été ramenées à 2,7 milliards pour des capitaux propres de 9,6 milliards. Dépréciations d'actifs et nouvelles provisions vont à nouveau fragiliser ce bilan. À quelle hauteur ? Après la laborieuse recapitalisation de fin 2010, qui a rapporté trois fois moins que prévu, l'Etat ne veut pas revoir ce dossier sur la table dans un avenir proche. En cas de nécessité, EDF se tient prêt, même si, l'an dernier, ses offres ont été catégoriquement repoussées. La CGT, qui n'y serait pas défavorable, demandait la semaine dernière à l'État de racheter les actions Areva en Bourse (4% du capital) et "la conclusion rapide de l'accord stratégique entre Areva et EDF".

En attendant, Luc Oursel va présenter ce lundi matin à son conseil des mesures d'urgence. 4 milliards d'euros d'investissements (sur les 12 prévus d'ici à 2016) vont être gelés, dont le développement des trois mines en Afrique d'Uramin, acquise en 2007 pour 1,9 milliard d'euros. Des cessions de 1,2 milliard d'euros sont envisagées, dont les 26% d'Eramet détenus par Areva. L'Etat a mis au point un montage pour que ces titres, qui valent 650 millions d'euros en Bourse, restent dans les mains d'un acteur public (La Tribune du 3 octobre 2011). Une entrée de partenaires au capital de la filiale mines en cours de constitution est également prévue. Enfin, le groupe veut réaliser 1 milliard d'économies en diminuant les sous-traitants et en gelant salaires et recrutements. En Allemagne, Areva veut diminuer ses effectifs de 1.200 à 1.500 personnes (sur 5.700 salariés).

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 24
à écrit le 15/12/2011 à 14:04
Signaler
dehort les actionaires il doive cotisé pour la sécu ce de AREVA ET TOUT LES AUTRES

à écrit le 13/12/2011 à 13:19
Signaler
au fond ce ne sont pas les anti-nucléaires qui sortiront la France du nucléaire, mais bel et bien les "contrôleurs de gestion".

à écrit le 13/12/2011 à 10:13
Signaler
EVA JOLY, viens vite ! Viens nettoyer tout cela ! Les entreprises étrangères qui travaillent depuis des années sur la recherche de solutions pour remplacer le nucléaire vont prendre tous les marchés laissant la FRANCE à la traîne. Car les Français, e...

à écrit le 12/12/2011 à 18:28
Signaler
Très rassurant pour la santé... et la sécurité de nos centrales nucléaires. Quoique, s'il y a un problème, il y aura moins de monde en cause directe!

à écrit le 12/12/2011 à 17:37
Signaler
Notre cher Sarko s'est une fois de plus ridiculisé .Il ne devez pas y avoir de suppression de postes aprés la convocation du PDG à l'Elysée. Mais la logique économique ne peut s'accomoder des errements politiques.

à écrit le 12/12/2011 à 17:04
Signaler
Mascarade de la part d'AREVA et du gouvernement, l'effectif qui devait disparaitre était prévu. Arrêt d'EURODIF suite à nouvelle usine GBII (environ 500) s'ajoute la fin du retraitement Marcoule qui est passé en démantellement et qui déjà subissait u...

à écrit le 12/12/2011 à 16:19
Signaler
mais les sous-traitants en font plus que les gens d'Areva!!! on a souvent besoin d'eux pour faire leur boulot aux gens d'Areva,ceux-ci ils ont toujours un pet de travers!!! et voilà c'est encore les sous -traitants qui vont trinquer!!!

à écrit le 12/12/2011 à 15:00
Signaler
Voil?a suite a l arr?du nucl?re en Allemagne . Que vont faire mesdames Duflot et Joly pour emp?er Areva de licencier des personnes lorsqu elles commenceront a d?nteler les centrales francaise? Que diront elles a ces gens ?

le 12/12/2011 à 16:37
Signaler
Mais faut poser cette question à Sarkozy ! Il parait que le Nucléaire cela créée des emplois ... La preuve; Le Nucléaire : c'est exactement le même cas que la sidérurgie des années 80 mais c'est pour demain. Démanteler les centrales hors d'âge cela ...

à écrit le 12/12/2011 à 14:02
Signaler
On va la voir où maintenant Madame Lauvergeon?

à écrit le 12/12/2011 à 13:41
Signaler
je trouve étrange de parler de suppression de postes (sous entendu suppression d'emplois) alors qu'il s'agit du non remplacement des départs à la retraite. Il n'y a donc personne de licencié! Après, c'est certain que la vie de ceux qui reste et devro...

le 12/12/2011 à 13:55
Signaler
Eh bien une suppression de poste c'est bien ça. Le poste est supprimé lors du départ en retraite (ou démisison) de son titulaire. Ca fait donc des embauche en moins et potentiellement un peu plus de chômage. Mais ce n'est effectivement pas un licenc...

le 13/12/2011 à 20:13
Signaler
Oui, c'est bien une suppression de postes. L'incidence sur le taux de chômage n'est pas évidente. Mais par contre, ca entraine une baisse de revenus pour la Sécu et le système de retraites vu que moins de salariés vont contribuer.

à écrit le 12/12/2011 à 13:10
Signaler
Voilà une belle étude d'Aréva. Juste regrettable qu'elle arrive avec 2 ans de retard. Les journalistes attendent les infos au lieu d'aller à leur recherche. maintenant je comprends mieux le débat entre gauche et droite qui vient d'avoir lieu. Mais d...

à écrit le 12/12/2011 à 13:09
Signaler
L'UMP est incapable de tenir un discours et une stratégie cohérente. Comme sur de nombreux autres dossiers, celui du nucléaire le prouve. Il y a 10 jours le nucléaire était l'avenir de la France face aux accords PS-EELV. Et voilà qu'après leurs errem...

à écrit le 12/12/2011 à 12:25
Signaler
Il est granf temps que la France passe à autre chose... Ce ne sont pas les idées qui manquent... Peut être des bons brevets...

le 12/12/2011 à 13:13
Signaler
Il sort de notre enseignement supérieur 2 juristes , 3 "économistes ", 1 sociologue, 1 psychologue, un "communicateur" pour 1 ingénieur. On ne brevette pas le bavardage.

le 12/12/2011 à 14:13
Signaler
bravo Demetrius ; tout est là, et cela explique aussi que les Allemands s'en tirent mieux

le 13/12/2011 à 20:05
Signaler
@Demetrius: vous oubliez de dire que quand il voit les salaires qu'on lui propose dans la recherche ou la production, l'ingénieur décide soit d'aller bosser dans la finance, soit de partir à l'étranger!

à écrit le 12/12/2011 à 10:50
Signaler
Les rodomontades de Areva sont le comble du ridicule, quand on pense que ce groupe possedait Jeumont Industrie qui etait le champion francais des eoliennes et a ferme son activite en 2005 par faute de vision strategique du groupe et par faute de bure...

à écrit le 12/12/2011 à 10:25
Signaler
l'industrie du passé genere les emplois du passé , areva est condamnée

à écrit le 12/12/2011 à 9:19
Signaler
Il est remarquable de constater que les tensions entre nos grands groupes, dont l'état est ou non actionnaire, vont crescedo (est-ce cela la croissance?). Entre Areva, toutes nos banques, (qui se défont d'une partie de leurs bilans et donc moins de d...

à écrit le 12/12/2011 à 9:08
Signaler
L'implacable logique économique l'a emporté. D'autres pays profiteront des services d'Areva, à n'en point douter... Je crains fort que la poussée écologique n'aurait pas suffit pour inciter Areva à agir ainsi. That's life!

à écrit le 12/12/2011 à 6:44
Signaler
Il faut bien anticiper les égarements écologistes des aspirants au pouvoir !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.