Greenpeace pointe des failles dans la sécurité nucléaire

L'atterrissage d'un parapente à moteur de Greenpeace à l'intérieur du site de la centrale nucléaire du Bugey remet en lumière les failles de la sécurité du parc, notamment face à la menace aérienne, selon l'ONG. Une deuxième intrusion a eu lieu à Civaux, quelques heures plus tard. « Greenpeace n'a rien démontré », rétorque EDF.
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 Nouvelle passe d?armes ce mercredi entre Greenpeace et EDF. Le jour du débat présidentiel télévisé, l?association entendait poser une nouvelle fois la question de la sécurité nucléaire. Un parapente à moteur a survolé mercredi matin la centrale nucléaire du Bugey (35 km à l?Est de Lyon), déposé des fumigènes puis atterri à l?intérieur du site. «Ce survol illustre la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d?une attaque aérienne. Alors que l?Allemagne a pris en compte la chute d?avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d?analyser ce risque pour nos centrales?, constate Sophia Majnoni d?Intignano, chargée des questions nucléaires chez Greenpeace France.
« Greenpeace n?a rien démontré », réfute de son côté EDF. François Hollande, lui, a déjà déclaré "faire confiance à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour dire quels seraient les travaux qu'il conviendrait d'engager pour prévenir tout danger". L?ASN, quant à elle, répète, inlassablement, qu?elle est en charge de la « sûreté » nucléaire (liée au fonctionnement des centrales) , tandis que la « sécurité » (protection physique) est assurée par le Haut fonctionnaire à la défense.

EDF avait renforcé son dispositif après les intrusions de Greenpeace en décembre
Comme lors de la précédente intrusion de Greenpeace, le 5 décembre dernier, à l?intérieur de plusieurs centrales, dont Cruas et Nogent sur Seine, l?électricien minimise la portée de l?incident. « Certes, le système de surveillance aérienne laisse passer un tel engin volant, mais ce type d?intrusion n?est pas une menace. Au pire, il ne peut que lâcher de la peinture ou une grenade », affirme Dominique Minière, directeur de la production nucléaire chez EDF. « Nous avons au contraire fait ce matin la démonstration de l?efficacité du renforcement récent de nos mesures de protection », assure le responsable.
Car, après avoir affirmé en décembre que l?intrusion de plusieurs militants de Greenpeace n?était le signe d? "aucun dysfonctionnement ", EDF a néanmoins significativement renforcé ses dispositifs. Présence de maîtres-chiens 24 heures sur 24, sept jours sur sept, renforcement de la présence de gendarmes (nouvellement équipés de Taser, à l?intérieur et à l?extérieur des centrales) avec une meilleure coordination, protection physique d?équipements annexes? Pour un coût de « plusieurs dizaines de millions d?euros par an », précise EDF qui paie lui-même les gendarmes dédiés à la surveillance des centrales. «Au Bugey, c?est un maitre chien qui a d?ailleurs détecté le parapente. La personne a été appréhendée en 8 minutes », se félicite Dominique Minière.

Un "poète escaladeur"
Ce qui n?a pas dissuadé, mercredi en début d'après-midi, un homme qui se présente comme un "poète escaladeur", Hervé Couasnon, 53 ans, de pénétrer dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) avant d'être arrêté par les forces de l'ordre. Célèbre pour avoir approché en 2002 l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à la tribune de l'Assemblée nationale, Hervé Couasnon s'était lancé dans la course à la présidentielle le 1er avril 2011 avant d'abandonner en février. Immédiatement repéré, puis coursé, il s?est caché derrière un buisson. Son intrusion a duré une heure, a indiqué l?électricien.
L?intervention du 5 décembre 2011 de Greenpeace n?a décidemment pas été inutile puisque EDF a, en outre, élaboré dans la foulée un plan à moyen terme de renforcement de son dispositif physique de surveillance, à base de caméras et de systèmes de détection. Des travaux qui couteront 400 millions d?euros sur trois ans. Est-ce que, cette fois aussi, l?initiative de Greenpeace va amener EDF à améliorer son organisation, notamment en matière de surveillance aérienne ? « Il est trop tôt pour le dire », répond Dominique Minière. « On ne l?exclut pas. On se pose toujours la question ».

Une dizaine d'avions interceptés en train de survoler des centrales
L?électricien se montrait néanmoins sûr de son dispositif ce mercredi matin devant la presse. EDF a rappelé qu?une surveillance aérienne était assurée par l?armée de l?air. Le survol des centrales est interdit dans un rayon de 10 kilomètres, à basse altitude (1.000 mètres). « Ces dernières années, plus d?une dizaine de cas de détections et d?interceptions d?avions ont eu lieu en France », a affirmé le responsable d?EDF. « La plupart du temps, ils s?étaient égarés ». Greenpeace est dubitatif. « Il suffit de consulter le site Flight Radar de trafic aérien pour constater que tous les jours des avions survolent des centrales françaises ou La Hague », déclare Yannick Rousselet, responsable des questions nucléaires chez Greenpeace.
L?électricien compte aussi, en amont, sur les renseignements fournis par les autorités. « Ainsi il y a dix jours, nous avons déjoué une initiative massive de Greenpeace dans deux centrales du Nord de la France », assure Dominique Minière. « Faux », dément Greenpeace. « Nous n?avions aucun projet de ce type ». « Des hélicoptères des autorités ont effectivement survolé dans la nuit du 22 avril les sites de Flamanville et de Gravelines. Nous n?y étions pour rien », affirme Yannick Rousselet.

Secret defense
Surtout, EDF affirme avoir revu après le 11 septembre les moyens de faire face à une chute d?avion. Mais ces dispositions sont « secret défense ». L?électricien laisse toutefois entendre qu?il s?agit essentiellement du renforcement des règles de surveillance aérienne et de mesures pour parer au risque incendie lié au kérosène. « Evidemment, on n?a pas changé la structure des centrales ». C?est bien ce que reproche Greenpeace. L?association réaffirme que les centrales nucléaires françaises ne sont pas conçues pour résister à la chute d?un avion de ligne. « La preuve : c?est une spécificité de l?EPR, selon Areva », souligne Yannick Rousselet. L?ONG rappelle que les 34 réacteurs les plus anciens du parc français (900 MW) n?ont qu?une seule enceinte béton doublée d?une paroi métallique intérieure. Tandis que les réacteurs 1.300 MW (comme les centrales belges) bénéficient d?une double enceinte de béton. « Mais dans les deux cas, la quantité de béton est la même », précise EDF.
Enfin, ultime argument de l?électricien : « Quelques que soient les circonstances, notre priorité est d?assurer la continuité de l?alimentation en eau et en électricité pour le refroidissement du réacteur. Et nous allons encore renforcer ces dispositifs dans le cadre des mesures post Fukushima », a assuré Dominique Minière.


La vidéo de l'opération commando

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Commentaires 13
à écrit le 03/05/2012 à 23:44
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les pitreries médiatiques de Greenpeace sont pitoyables : comment peuvent-ils imaginer nous faire croire qu'un ULM peut mettre en danger un bâtiment en béton armé ? c'est d'un ridicule...

à écrit le 03/05/2012 à 15:37
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Greenpisse n'a mis en évidence aucune faille dans la sécurité des centrales nucléaires mais juste l'incommensurable bêtise de ses membres. Le gugusse planeur a été repéré très tôt et il était préférable de le laisser faire le guignol plutôt que de l'...

à écrit le 03/05/2012 à 13:42
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ne autre vidéo "qui n'aurait jamais du être possible" de l'inspection de la gigantesque déchetterie nucléaire de La hague http://www.youtube.com/watch?v=3Lz4fX6C3Mc&feature=player_embedded#!

à écrit le 03/05/2012 à 12:05
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Pourquoi Greenpeace ne fait jamais la même opération dans d'autres pays comme la Russie. Je pense que les responsables politiques et militaires ne feraient pas de détails. En France, nous sommes plus laxistes.

à écrit le 03/05/2012 à 9:52
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De toute façon GreenPisse ne sert à rien d'autre que se faire de la pub. Ils ne font rien d'autres que faire chi*r VW sur une histoire de lobbying justifié par des chiffres et un désir de croissance et d'avancé... Ou faire ch*r les centrales nucléair...

à écrit le 03/05/2012 à 9:19
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Un jour, ça finira mal, très mal... Déjà que là, quand on voit "l'atterrissage"...

à écrit le 03/05/2012 à 9:17
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Il reste encore en France , un secteur industriel qui marche Et on voit comment Green Peace et les verts s'archarnent pour le démanteler ; quelle tristesse de voir Mme Joly , avec Mr Cohn bendit , attaquer de l'étranger les quelques ressources frança...

à écrit le 03/05/2012 à 8:41
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Ben la prochaine fois on snipera le miltant et qu'est qu'on dira ?

à écrit le 03/05/2012 à 0:51
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qu'est-ce qui aurait été dit si le parapente avait été abattu "pour raison de sécurité préventive " ???? aux écolos : merci de demander des réactions plus vives...

à écrit le 02/05/2012 à 22:50
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C'est bien connu, notre mafia du Corps des Mines se tue à l'inculquer aux pôvres grenouilles que sont les "Français d'en bas" depuis 40 ans: en France le risque d'accident-attentat-défaillance est nulle pour nos centrales nuc. C'est ce qui explique p...

à écrit le 02/05/2012 à 19:33
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J'imagine à peine ce qui se serait passé et dit si "la sécurité" avait abattu cet inconscient...

à écrit le 02/05/2012 à 19:32
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J'imagine à peine ce qui se serait passé et dit si "la sécurité" avait abattu cet inconscient...

à écrit le 02/05/2012 à 19:25
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Ils me font bien rire à Greenpace, ils ne savent faire que ceci ou cela ? Tout parapente à moteur est capable d'atterrir n'importe ou, il veulent montrer qu'il sont capable, ben bravo vraiment bravo, vous voulez peut être rejoindre la fiction?

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