International Power : pourquoi GDF Suez a dû remettre 8,5 milliards au pot

Jeudi 7 juin, les actionnaires minoritaires du producteur britannique d'électricité sont appelés à valider l'achat par GDF Suez des derniers 30% de leur groupe. Une opération à 8,5 milliards d'euros rendue nécessaire par une clause inconnue, inscrite dans l'accord initial entre les deux entreprises. Explications.
Gérard Mestrallet scelle son accord de fusion avec les dirigeants de IP en aout 2010

Sauf surprise de dernière minute, jeudi 7 juin devrait voir l'épilogue du rachat du producteur britannique d'électricité International Power (IP) par GDF Suez. Les actionnaires qui détiennent 30% d'IP sont appelés à approuver l'offre de rachat de GDF Suez. A la surprise générale, le géant franco-belge de l'énergie avait annoncé fin mars son intention de racheter pour 7 milliards d'euros les 30% qu'il ne détenait pas dans IP. Depuis, il a relevé son offre à 8,5 milliards d'euros. Une opération qui avait étonné, car Gérard Mestrallet s'était copieusement félicité, mi 2010, d'avoir mis la main sur 70% d'IP en ne déboursant que 1,7 milliard d'euros de cash grâce à une fusion partielle.
Pourquoi cette brusque envie de changer la donne, obligeant au passage GDF Suez à beaucoup d'efforts pour financer cette deuxième transaction ? Selon nos informations, l'accord de fusion, conclu l'été 2010 après douze mois d'intenses tractations, obligeait GDF Suez, actionnaire à 70%, à couvrir 100% des besoins financiers d'International Power. Une pilule dure à avaler pour celui qui ne va empocher que 70% des bénéfices. Une situation devenue carrément intenable lorsque le nouvel International Power, grossi des d'actifs de GDF Suez implantés dans les pays émergents les plus dynamiques, a commencé à exploser en Bourse pendant que sa maison mère plongeait. Depuis un an, le titre de GDF Suez a chuté de 38,3% quand sa filiale International Power a, elle, bondi de 31,5%.

Un effet ciseaux en Bourse non prévu

« Nous n'avions pas prévu cet effet ciseaux », avoue un haut dirigeant du groupe. Or, GDF Suez a presque désespérément besoin de croissance. Il ne peut pas se permettre de ne plus être associé par le marché à ses juteux contrats en Amérique Latine, au Moyen Orient, ou en Asie, où la croissance est très largement supérieure aux 0,5 à 2% enregistrés dans l'OCDE. Lors de la publication de ses résultats 2011, le 9 février dernier, le titre a enregistré la plus forte baisse du CAC 40, en perdant plus de 4%, parce qu'il s'est « contenté » de prévoir des résultats « au moins stables » en 2012, repoussant ses promesses de croissance à 2015. Il avait engendré la même déception en 2010.
Ceci dit, même s'il avait anticipé en amont l'effet fâcheux cette perception des marchés, GDF Suez n'avait pas tout à fait le choix lors du premier accord mi 2010. « Nous n'avions alors pas l'argent pour acheter 100% d'IP. Et surtout nous redoutions une contre-offre si nous lancions nous même une OPA classique », souligne une source interne. A l'époque, IP pesait 20 milliards de livres sterling en Bourse.

Cette filiale de GDF Suez pèse en Bourse autant qu'EDF
Pour réunir aujourd'hui les 8,5 milliards d'euros nécessaires au rachat des 30% restant d'IP, GDF Suez n'épargne pas ses efforts. Un tiers est obtenu par le paiement en titres d'une partie des dividendes 2011 et 2012 à ses actionnaires, un autre tiers grâce à une émission récente d'obligations au taux très avantageux de 2,25%, le dernier tiers proviendra du programme de cessions d'actifs du groupe. Déjà après la première opération, en 2010, GDF Suez avait du accélérer son programme de vente d'actifs pour faire face à l'alourdissement de sa dette, qui était passée de 33,5 à 44,2 milliards d'euros, en raison du fort endettement d'IP.
Deux conditions doivent encore être remplies jeudi 7 juin pour que GDF Suez puisse conclure cette longue opération. Réunis en assemblée générale extraordinaire, au moins 75% des actionnaires minoritaires d'International Power doivent voter et ils doivent être 50% à l'approuver. « Nous sommes confiants, mais on ne sait jamais », glisse-t-on prudemment chez GDF Suez. Le groupe a néanmoins pris soin d'obtenir l'aval d'un certain nombre de grands actionnaires minoritaires. En attendant, un constat réjouit beaucoup dans les couloirs du géant de l'energie : la valorisation actuelle d'IP en Bourse (entre 26 et 27 milliards d'euros) dépasse certains jours celle d'EDF. « Et ce n'est qu'une de nos cinq branches », sourit-on en interne.


 

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Commentaires 2
à écrit le 07/06/2012 à 9:03
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ce ne serait ce pas une erreur de gestion catastrophique? des sanctions ?

à écrit le 07/06/2012 à 8:19
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Esperons que cette strategie visant a se concentrer sur les emergents et a sabrer en Europe ne soit pas du coutermisme pure et simple. La croissance des pays emergents est tellement certaine que l'on finit par se demander si tout cela est bien raison...

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