Fruit d'une expropriation brutale, le pétrolier argentin YPF peine à trouver des alliés

La non indemnisation du groupe espagnol Repsol, exproprié en avril par l'Argentine de sa filiale YPF, pèse sur la recherche de partenaires pour exploiter de nouveaux gisements avec le pétrolier nationalisé. L'augmentation de la production d'YPF passe par des alliances.
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Cristina Fernández de Kirchner a rendu hommage publiquement, le 9 août, à l'action de Miguel Galuccio à la tête d'YPF, ce groupe pétrolier argentin, dont le l'ancien propriétaire, le groupe espagnol Repsol, a été exproprié par l'Etat argentin en avril dernier. La chef de l'État entendait répondre aux informations selon lesquelles le PDG de la compagnie, nommé dans la foulée de l'expropriation, avait voulu démissionner. « Rumeurs malveillantes », a-t-elle déclaré, à l'occasion de l'inauguration d'une raffinerie. Dans sa réponse, Galuccio, un ancien de Schlumberger, a réaffirmé son « plein accord » avec la politique énergétique nationale. La mise au point visait la création d'une Commission de Planification chargée de réguler le secteur, décidée quelques jours plus tôt, et qui aurait été, selon une partie de la presse, à l'origine d'un différend entre le patron d'YPF et le gouvernement.

 

Augmenter la production

L'objectif de Miguel Galuccio, conformément à la feuille de route établie dès sa prise de fonctions le 7 mai, reste l'augmentation de la production de la compagnie, afin de pallier un déficit énergétique qui coûte 12 milliards de dollars par an au pays. Mi-juillet, il s'est engagé à la multiplier par deux d'ici à 2017, en appelant les pétroliers, notamment américains, à s'associer à YPF, nationalisée à 51 %. Les besoins d'investissement sur les cinq prochaines années sont estimés à 35 milliards de dollars. Malgré l'attrait de certains gisements, dont celui de Vaca Muerta, l'un des plus importants du monde en matière d'hydrocarbures non conventionnels, les contacts avec les compagnies étrangères n'ont rien donné pour l'instant.

 

Le malaise de l'expropriation

Le patron d'un important opérateur privé installé en Argentine l'explique ainsi : « Il y a beaucoup de partenaires potentiels pour YPF, mais personne ne va se précipiter. L'expropriation a suscité un malaise dans le secteur. Non en raison de la nationalisation, qui est une décision politique. Mais les formes n'ont pas été respectées ». L'ancien secrétaire d'État à l'Énergie Daniel Montamat est du même avis : « En soi, l'expropriation n'effraie pas les pétroliers. Mais on n'exproprie pas sans indemniser ! Or on l'a fait du jour au lendemain, en annonçant qu'un organisme d'État serait chargé de fixer l'indemnisation ultérieurement ».

 Le règlement du différend avec Repsol sera déterminant pour trouver des alliés

Le règlement du différend avec Repsol sera donc déterminant pour l'avenir d'YPF. Du moins la dispute ne s'étale plus sur la place publique, ce qui est un signe encourageant. Des représentants du pétrolier espagnol, qui reste au capital de la compagnie pour avoir hérité des actions que le groupe local Petersen, principal partenaire privé de l'entreprise, n'avait pas payé, ont participé au premier conseil d'administration de la gestion Galuccio. Tout indique que des négociations ont été engagées.

En attendant, le PDG d'YPF fait avec ce qu'il a : extraction à plein régime, raffinage au maximum des capacités installées, dans le but d'afficher des résultats à la fin de l'année.


 

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Commentaires 6
à écrit le 14/08/2012 à 9:17
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Pauuuuvres entreprises pétrolières. Comme je les plains. Ca devient dur de faire du fric avec la terre des autres, rendez-vous compte, où va le monde?

à écrit le 14/08/2012 à 0:10
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L'histoire a prouvé que Repsol avait raison de se montrer prudent dans ses investissements. Il ne reste plus au Gouvernement argentin qu'a proposé une indemnisation correctement établie et jugée acceptable par Repsol.

à écrit le 13/08/2012 à 15:49
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et dire que certains citent l'argentine en exemple pour souhaiter la faillite de la grèce ...!!

à écrit le 13/08/2012 à 15:28
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Les pratiques de l'argentine ne vont pas arranger sa situation , ce genre de comportement n'est qu'un pis aller d'un pays en deroute.

à écrit le 13/08/2012 à 14:14
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Si il y a de l'argent à se faire, il y aura forcement quelqu'un. Et puis la situation est toujours mieux qu'avant, où l'entreprise qui exploitait (au sens propre et figuré) les ressources de pays refusait d?investir de toute façon.

à écrit le 13/08/2012 à 13:59
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Ils s'attendaient à quoi au juste?

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