Gel du prix des carburants : les pétroliers jugent impossible de toucher à leur marge

Le gel des prix des carburants envisagé par le gouvernement ne pourra se faire que par le biais des taxes, les marges du secteur étant trop faibles, a déclaré lundi le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip ).
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"Le problème, ce n'est pas que c'est une bonne ou une mauvaise décision", a estimé Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip, sur BFM TV. "Le problème, c'est comment le faire. La seule façon de le faire, c'est de jouer sur les taxes." Du raffinage à la distribution, les marges nettes du secteur ne sont que de 20 centimes par litre et d'un centime seulement pour la distribution, a-t-il ajouté en brandissant la menace d'un "risque d'approvisionnement" du marché français si le gouvernement choisissait d'utiliser ces marges.

Des niveaux de prix à la pompe proches des derniers records du printemps

Le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, n'a pas exclu un blocage temporaire des prix des carburants dans les prochaines semaines si ceux-ci continuent à augmenter. Or, les prix du diesel et de l'essence ont encore nettement grimpé -d'environ 2 centimes- la semaine dernière en France, se rapprochant de leurs records de mars-avril, selon les relevés des prix publiés ce lundi par le ministère de l'Ecologie et de l'Energie.
Le gazole -de très loin le plus utilisé dans l'Hexagone avec plus de 80% de la consommation- a atteint 1,4246 euro du litre en moyenne lors de la semaine achevée vendredi 10 août, contre 1,4060 euro la semaine précédente. Ce qui le mène à près de 3 centimes de son record absolu de la mi-mars (1,4584 euro). La hausse a été un peu plus marquée pour l'essence: le sans plomb 95 a grimpé à 1,6007 euro du litre (contre 1,5740 euro une semaine auparavant), ce qui le laisse 6 centimes seulement sous son prix record atteint le 13 avril dernier.

Une mission confié à l'Inspection générale des finances et au Conseil général des Mines

Pierre Moscovici a annoncé le 8 août qu'une mission allait se pencher sur la formation et la transparence des prix des carburants, ce qui semble indiquer que la piste des marges est privilégiée. Il avait alors confié à Nice Matin avoir « demandé à l'Inspection générale des finances et au Conseil général des Mines de conduire à très court terme une mission d'analyse et d'inspection sur la formation et la transparence des prix de la filière pétrolière ».
Agir sur les taxes, comme le propose l' Ufip , représenterait un défi pour le gouvernement, puisqu'un manque à gagner de 10 centimes par litre représenterait une perte de recettes de 4 milliards d'euros par an au moment où l'exécutif doit trouver 33 milliards d'euros pour boucler son budget 2013. François Hollande avait proposé pendant la campagne présidentielle de bloquer les prix des carburants pendant une période de trois mois. Mais ce blocage n'avait finalement pas été mis en ?uvre en raison d'une baisse des cours du pétrole. Depuis juin, ces derniers se sont mis à remonter, entraînant dans leur sillage les prix à la pompe.

88% des Français favorables à un blocage temporaire des prix

L'attente est grande. Près de neuf Français sur dix (88%) se déclarent favorables à un blocage temporaire du prix de l'essence et du gazole, suivi par une baisse des taxes perçues par l'Etat sur les carburants en cas de hausse des prix, selon un sondage Ifop à paraître mardi dans L'Humanité. Les sympathisants du PS (95%), du Front de gauche (95%) et du Front National (93%) adhèrent particulièrement à ces deux propositions, ceux de l'UMP n'étant que 78% à l'approuver.
Cependant six Français sur dix (60%) estiment que François Hollande ne bloquera pas le prix du carburant et ne réduira pas les taxes en cas de hausse des prix, comme il s'y était engagé lors de la campagne présidentielle. Ce pourcentage est identique à celui obtenu lors d'une enquête réalisée en janvier 2012 pour Ouest-France.
 

Les pétroliers s'inquiètent aussi pour le raffinage

L'Ufip avait rappelé par ailleurs vendredi son inquiétude pour les raffineries françaises, au lendemain de la validation par le Conseil Constitutionnel d'une taxe exceptionnelle de 550 millions d'euros sur le secteur pétrolier. "C'est une entreprise de pénalisation à la fois pour les entreprises de distribution (dépôts, camions-citerne, stations-service) mais aussi et surtout pour les entreprises de raffinage qui n'ont pas besoin d'une telle pénalisation", avait déclaré à l'AFP Jean-Louis Schilansky.
L'instauration d'une contribution exceptionnelle de 4% sur la valeur des stocks de produits pétroliers, qui permet à l'Etat d'engranger 550 millions payables d'ici décembre, figure parmi les mesures de la loi de finances rectificative 2012, votées fin juillet par le Parlement et validées jeudi par le Conseil constitutionnel.

Les sites de LyondellBasell et de PetroPlus exonérés de taxe

Le raffinage français (environ 10.000 emplois) est en difficulté depuis plusieurs années, fait valoir l' Ufip : deux sites ont déjà fermé à Dunkerque (Nord) et à Reichstett (Bas-Rhin) et les raffineries de LyondellBasell à Berre (Bouches-du-Rhône) et celle de PetroPlus à Petit-Couronne (Seine-Maritime) sont en grande difficulté.
La taxe décidée par le gouvernement Ayrault exclut néanmoins la raffinerie LyondellBasell (actuellement à l'arrêt) et Petroplus, a relevé le président de l'Ufip. Mais les huit autres raffineries françaises sont concernées par la taxe: cinq de Total, deux d'Exxon et une d'Inéos. L'essentiel des profits des groupes pétroliers, martèle le secteur, vient de l'"amont", c'est à dire de l'exploitation des gisements et de la vente du pétrole brut.
 

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Commentaires 17
à écrit le 13/08/2012 à 20:02
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Pourquoi les pettroliers font-ils un bruit assourdissant quand on parle de les taxer? Parce qu'ils craignent que l'état raffine leur marge et par richopet les dividendes de leurs actionnaires !

le 22/08/2012 à 14:27
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et pourquoi les marges des pétroliers, plus que celles des banquiers, des miniers, des notaires ou de qui sais-je?

à écrit le 13/08/2012 à 18:57
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Les pauvres chéris, ca fera moins à donner aux actionnaires, qui en demandent toujours plus..

à écrit le 13/08/2012 à 18:38
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Chère Big_winnie, Vous auriez du écrire " je suis cachée" ou si ce n'est ps le cas et dans l"absolu assumer votre role dans le système et vous abstenir de vos commentaires déplacés a bon entendeur salut

à écrit le 13/08/2012 à 17:31
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Encore un mauvais signal... quand est-ce que les français comprendrons que ce n'est pas en rognant sur les marges et les bénéfices des entreprise qu'on crée du pouvoir d'achat, mais bien l'inverse? Accepter de payer plus cher pour que les marges augm...

à écrit le 13/08/2012 à 16:43
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Je ne comprends pas ? Il manque 33 milliards pour boucler le budget 2013. Et bien, il suffit de baisser d'autant les dépenses de l'Etat. Ou est le problème ? Moi, c'est ce que je suis contraint de faire chaque mois : ajuster mes dépenses sur mes reve...

à écrit le 13/08/2012 à 16:30
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L'essence 95 sans plomb et à 1.615,plus cher que sous sarko,la gauche caviar et leur président de substitution,ne vale pas mieux que ump,dans cinq ans le bleu blanc rouge,sera redevenu notre drapeau national.

à écrit le 13/08/2012 à 15:40
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"les marges nettes du secteur ne sont que de 20 centimes par litre" ça fait combien par rapport au prix net, sans TICPE ni TVA ? Ça doit faire pas mal, en % ?

à écrit le 13/08/2012 à 15:08
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ou comment le président Duflou s'est encore pris les pieds dans ses promesses stupides. Ou il fait son malin et provoque une vague de fermeture de stations services et la fermeture de raffineries avec augmentation du chômage ou il se la met dans sa p...

le 22/08/2012 à 14:26
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La conjoncture c'est comme le comportement moutonnier, ce sont des excuses douteuses. Bien évidemment, le pouvoir politique a un effet mineur sur l'économie, bien qu'il fasse croire le contraire, mais quand le déficit atteint des proportions astronom...

à écrit le 13/08/2012 à 14:11
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On nous enfume !

à écrit le 13/08/2012 à 14:06
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Le gouvernement prend les Français pour des veaux. Alors que les rentrées prévues après les nouvelles décisions budgétaires devaient augmenter, et bien c'est l'inverse qui se produit. Cela était prévu par les français de bon sens. Par ailleurs compte...

à écrit le 13/08/2012 à 13:57
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il n'y a pas que les pétroliers qui distribuent du carburant en France. La grande distribution détient une bonne part du marché , le plus souvent en achetant hors de France ( il ne faut pas oublier que nous consommons beaucoup plus de gasoil que nous...

à écrit le 13/08/2012 à 13:48
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Autre solution plus pertinente et progressiste,meilleure pour l'emploi français, notre dépendance énergétique, la pollution, et le déficit de notre commerce extérieur que de geler temporairement et en vain le prix du carburant importé: Prendre à con...

à écrit le 13/08/2012 à 13:41
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13 milliard d euro de bénéfices pour total effectivement les marges sont très très faibles. merci de nous prendre pour des cons.

à écrit le 13/08/2012 à 13:13
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Bien-sûr que les marges sont faibles à l'unité, mais rapportées aux volumes des ventes, la marge globale est considérable. L'argument est donc spécieux et même lâche puisqu'il renvoie la balle chez le contribuable sans défense,

à écrit le 13/08/2012 à 13:04
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On nous enfumme ! Sous pretexte que l euro baisse et que le petrole est acheté en dollars, cela couterait 10% de plus, alors meme que les prix du petrole sont tombés de 25% depuis janvier..... Cherchez l erreur....

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