Nucléaire : Greenpeace dénonce des problèmes sur des cuves de réacteurs français

Greenpeace affirme que 12 réacteurs français, au moins, présentent des « micro-fissures » au niveau de la cuve. L'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) réfute toute comparaison avec le problème du réacteur belge de Doel 3, à l'arrêt après la détection de "potentielles fissures".
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Citant différents rapports publics de l'Autorité de sureté nucléaire française (ASN), Greenpeace affirme que certains réacteurs français connaissent des "microfissures", que ce soit sur les tubulures ou dans le corps même de la cuve, comme en Belgique. Denis Baupin, vice président Europe Ecologie les Verts de l'Assemble Nationale, a déjà soulevé la même question le week-end dernier et interpellé par écrit à ce sujet la ministre de l'énergie.
Ces fissures sont des "défauts sous revêtements" ou DSR, c'est à dire des fissures dans le métal de base de la cuve, "apparues lors de la fabrication au moment du recouvrement par la couche d'acier inoxydable". La plus grande de ces "micro-fissures" fait "une dizaine de mm" de long, indique Greenpeace.

Des microfissures sur 12 cuves de réacteurs en France

Ainsi, des DSR ont été identifiés sur 23 tubulures de 12 cuves (notamment Dampierre 4, Saint Laurent, Gravelines 3...), et, "plus grave" selon Sophia Majnoni d'Intignano, chargée de campagne à Greenpeace France, sur le corps de la cuve de 10 réacteurs, pour l'essentiel sur le réacteur 1 de Tricastin. "Si l'origine n'est pas la même qu'à Doel, la conséquence est la même", souligne-t-elle.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), selon ses propres écrits, contrôle ces défauts sur les cuves lors de la visite décennale, "pour s'assurer qu'ils n'évoluent pas". Par ailleurs, en 2001, des "petites fissures" ont été détectées au niveau de la soudure d'une pénétration de fond de cuve à Gravelines 1, zone particulièrement sensible, souligne Greenpeace. Selon l'association, l'ASN aurait demandé à EDF de vérifier l'ensemble des pénétrations de fond de cuve des réacteurs de 900 et 1300 MW.

L'ASN dément tout point commun avec le problème de Doel 3

De son côté, l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) est catégorique. "Les défauts sur les viroles des réacteurs français ne sont pas comparables à ceux détectés à Doel 3", affirme une porte-parole de l'ASN. "En effet, ils sont dus à un phénomène connu et bien identifié qui n'est pas comparable à celui vraisemblablement en jeu à Doel 3. Par ailleurs, les DSR sont des défauts isolés : il y en a une trentaine sur l'ensemble du parc nucléaire français alors que près de 10 000 défauts ont été observés sur la seule cuve de Doel 3", ajoute-t-elle.

"Les DSR sont aujourd'hui bien identifiés. Ils sont contrôlés tous les 10 ans et n'évoluent pas lors du fonctionnement des cuves. Ils font par ailleurs l'objet d'une justification particulière par EDF examinée périodiquement par l'ASN et leur absence de nocivité est avérée. Le dernier examen de cette justification apportée par EDF a fait l'objet d'une prise de position de l'ASN en septembre 2010, publiée sur le site Internet de l'ASN", précise la porte-parole.
 Quant au défaut détecté en septembre dernier sur "une pénétration de fond de cuve (PFC)" de Gravelines 1, "il n'est pas non plus comparable aux défauts détectés à Doel 3", selon l'ASN. "Il s'agit d'un défaut qui affecte une zone particulière : la soudure de la pénétration et non pas le métal même de la cuve. Il s'agit d'un défaut unique et non pas d'une nombre important de défaut sur une cuve".
"Les conditions de maintien en service et de réparation de ce type de défaut sont donc significativement différentes de celles concernant de nombreux défauts affectant le corps même de la cuve. EDF a mis hors service l'équipement concerné et a mis en place des mesures de surveillance spécifiques. Les conditions de réparation à moyen terme de cette PFC feront l'objet d'une instruction approfondie par l'ASN qui s'assurera en particulier de son innocuité pour la cuve", conclut la porte-parole de l'agence française.

Réunion technique en cours sur le sujet à Bruxelles

Une "réunion technique" se déroule ce jeudi après-midi à Bruxelles entre experts chargés de la sûreté nucléaire en Europe, après la découverte de défauts sur la cuve d'un réacteur de Doel, dans le nord de la Belgique, la semaine dernière. Suite à la découverte de cette fissure, le réacteur a été arrêté et les autorités belges se sont dites "sceptiques" quant à la possibilité d'une relance.
En insinuant que les problèmes sont de nature comparable en Belgique et en France, Greenpeace "ne comprend pas une telle différence d'approche entre les régulateurs français et belge". Greenpeace demande en outre, suite à l'affaire de Doel, qu'une liste complète des réacteurs équipés du même type de cuve "soit publiée au plus vite".

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Commentaires 17
à écrit le 17/08/2012 à 11:51
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Hollande a raison , plusieurs réacteurs ne sont plus aux normes , L' ASN cache toutes les preuves , c'est le temps d' appliquer le programme , énergies renouvelables, créatrices d' emplois , CQFD.

le 17/08/2012 à 13:18
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Et qui paie? Démantèlement + création de filière renouvelable Française. Parce-que si c'est pour importer du matériel, je ne pense pas que cela aille dans le bon sens. Pas de nouveaux emplois...

le 17/08/2012 à 18:37
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Théoriquement il y a 8 Mds dans les comptes d'EDF pour le démantèlement. Mais comme EDF a une dette de 40 MDS +30 MDS de créances LT (considéré a tord en compta comme "fonds propres"), il est clair que se sera comme pour la dette. Le dernier à s'asso...

à écrit le 17/08/2012 à 11:13
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@Simple citoyen : tellement vrai, Pour rappel, la très belle citation du Président de Greenpeace Canada en 1981: " "It does not matter what is true, it only matters what people believe is true"- Dr. Patrick Moore Cela dit, pour être honnête, Greenpe...

à écrit le 17/08/2012 à 8:49
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Le nucléaire est une technologie mal connue du grand public, il suffit de lire les commentaires disproportionnés pour s'en rendre-compte. On préfère croire Greenpeace que les autorités de sûreté ou EDF. Saviez-vous qu'une centrale à charbon émettait ...

le 17/08/2012 à 12:24
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@O. : je ne suis pas foncièrement anti nucléaire mais svp évitez ce genre d'amalgame. Les accidents dans les centrales nucléaires ont autrement plus d'impact sur l'environnement et sur nous directement que n'importe quelle usine à charbon (fort pollu...

le 17/08/2012 à 13:22
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Il me semble que c'était "Three miles island". Mais dans l'histoire de l'exploitation du charbon, il y a eu énormément plus de mort, que dans l'histoire du nucléaire, accident compris. Rien qu'aujourd'hui, combien y a t il de mort en Chine dans les m...

le 17/08/2012 à 13:32
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@Chich : je suis d'accord avec vous, et mon but n'était pas de dire qu'il vaut du nucléaire que de charbon. En cas d'accident, le nucléaire est autrement plus dangereux. Mais il y en a marre des théories du complot comme quoi on nous cacherait tout. ...

le 17/08/2012 à 13:35
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Et j'ajoute que croire que le photovoltaïque ou l'éolien est l'avenir énergétique est une erreur. Ces moyens de production ne sont à l'heure actuelle pas adaptés à la production de masse.

le 17/08/2012 à 15:21
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@O. : d'accord, mais est-ce que le problème ne viendrait pas, justement du modèle de production lui-même (à savoir, la production de masse). Est-ce que la solution ne viendrait pas d'une production "individuelle" ou tout au moins, par nombre de "peti...

le 17/08/2012 à 16:34
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D'accord avec Bilan Humain, et il n'y a eu aucun mort ni blessé à Three Mile Island. D'accord avec O, mais il n'est pas évident qu'EDF garde sa compétence avec la primauté de la financiarisation qui fait sous-traiter l'essentiel de la maintenance; l'...

le 18/08/2012 à 7:32
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Puisqu'on nous répète à l'envi qu'il faut du recul pour juger de nouvelles techniques, nous avons maintenant 50 ans de recul sur le nucléaire, et , au grand dam des Cassandre de Greenpeace, aucun mort et aucun blessé du fait des centrales françaises,...

à écrit le 17/08/2012 à 3:16
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On menace la vie de toute l?Europe sur des générations pour quelques sous...

à écrit le 16/08/2012 à 23:38
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Marie-Caroline Lopez (et l'AFP avec elle) feraient mieux de titrer: "Greenpeace prétend que...". Car à moins que les preuves ne soient sur table et compte tenu de leur décontraction avec les faits, ce titre est totalement inacceptable de la part de g...

le 17/08/2012 à 12:21
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Mouai si on veut mais vu qu'il s'agit de nucléaire, on devrait peut être pousser le principe de précaution à son maximum non ?

le 08/09/2012 à 3:36
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"on devrait peut être pousser le principe de précaution à son maximum" Vous devriez pousser le principe à son maximum et arrêter de respirer.

à écrit le 16/08/2012 à 23:16
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Rien de commun avec celle de la Belgique. Je suis rassuré ouff... On peut continuer les mecs !

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