Rosneft dévoile un plan d'investissement hallucinant de 500 milliards d'euros

Le coût cumulé des dix grands projets d'investissements du géant du pétrole russe, contrôlé à 75% par le Kremlin, représente près d'un tiers du PIB russe actuel. Les plus grosses dépenses correspondent à des projets offshores dans l'Arctique. Le pétrolier, qui vient d'acheter son concurrent privé TNK-BP pour 44 milliards d'euros, aura du mal à réaliser ses projets si les cours du prix du baril ne se maintiennent pas au niveau de 110 dollars.
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Rien n'arrête plus Igor Setchine, le PDG de Rosneft, ce pétrolier né sur les cendres de Ioukos et bras droit de Vladimir Poutine dans l'énergie. Le coût additionné des dix grands projets d'investissements du géant du pétrole russe, contrôlé à 75% par le Kremlin, représentent 500 milliards d'euros, près d'un tiers du PIB russe actuel. Les plus grosses dépenses sont liées aux projets offshores dans l'Arctique.
Le développement des gisements situés dans la Mer de Kara (avec l'américain ExxonMobil) est estimé entre 157 et 255 milliards d'euros, d'après Igor Setchine lui-même, qui n'a jamais eu peur des gros chiffres. La décision finale d'investir dans ce projet sera prise par les deux pétroliers entre 2016 et 2017. Le développement de ces gisements prendra deux décennies et nécessitera des investissements annuels allant jusqu'à 25 milliards d'euros (soit près de 7% des dépenses budgétaires fédérales, rappelle le quotidien Vedomosti). Des sommes bien supérieures à celles que Rosneft a l'habitude de dépenser jusqu'ici. Le plan d'investissement du pétrolier pour 2012 atteint 12 milliards d'euros. Son chiffre d'affaires sur le premier semestre de cette année atteint 36 milliards d'euros pour des bénéfices nets de 2,57 milliards d'euros. Les autres grands projets d'investissement de Rosneft sont des partenariats offshores avec le Norvégien Statoil (31 milliards d'euros), un second projet en Mer Noire avec ExxonMobil (39 milliards) ; deux projets avec l'Italien Eni (près de 100 milliards d'euros); deux gros projets au Venezuela (30 milliards d'euros) et la construction de quatre raffineries, dont une en Chine (25 milliards d'euros).

La dette est un risque important
Si les dépenses du groupe connaissent une croissance phénoménale, encore faut-il que les résultats suivent. « Sur les derniers mois, on observe déjà un bond des dépenses de 23%, tandis que le capital propre n'a cru que de 9% et les actifs de 12% », observe Oleg Poddymnikov, directeur des opérations boursières chez Lanta Bank. « Parallèlement, la dette à long terme a cru de 20,7% à 26,7 milliards d'euros. Il va falloir suivre de près cet indicateur à cause de l'acquisition de TNK-BP et des autres grosses dépenses prévues. L'énorme dette est un risque important pour le pétrolier, surtout en cas de baisse du cours du pétrole », conclut l'analyste.
La plupart des experts estiment que l'ambition de Rosneft est réalisable si le cours du baril reste supérieur ou égal à 110 dollars, plus ou moins le cours actuel. Or la crise globale et l'offre croissante de pétrole et de gaz de schiste pourraient faire vaciller le cours du baril, plaçant Rosneft dans une situation délicate.

Création de Rosneft Bank

Dernière lubie d'Igor Setchine : la création d'une banque universelle, Rosneft Bank, formée sur la base d'une banque régionale existante appartenant pour 85% à l'Etat. Plusieurs grands noms de la finance ont déjà été engagés pour la diriger, dont Walid Chammah, l'ex vice président de Morgan Stanley. La tâche principale est de mieux contrôler les flux financiers liés aux grosses opérations d'acquisition et d'expansion internationale du groupe. « C'est une décision logique pour un groupe ayant une telle taille », estime Alexandre Razouvaïev, analyste chez Alpari. « Rosneft devient le nouveau Gazprom, et considère qu'il n'a plus à payer des commissions à droite à gauche pour réaliser ses opérations ». D'autres observateurs soupçonnent Rosneft de s'équiper d'une « banque de poche » qui pourrait aussi lui permettre de neutraliser les tentatives de privatisation venant de l'aile libérale du gouvernement russe. Rosneft Bank pourrait être l'outil dont a besoin Igor Setchine pour racheter les parts de Rosneft ou de ses filiales vendues sur le marché.

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