La guerre EDF/ Areva sera-t-elle relancée dans le démantèlement des réacteurs nucléaires ?

Areva affiche de fortes ambitions sur ce marché promis à une vive croissance. Sauf qu'en France, il n'a pas été retenu par EDF pour le démantèlement de Chooz A, le premier des 58 réacteurs de la filière actuelle à être démantelé.
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Les relations ambivalentes des deux frères ennemis du nucléaire français vont-elles trouver un nouveau terrain de jeu avec le démantèlement ? Aujourd'hui, Areva, qui réalise en France 80% de ses 500 millions de chiffre d'affaires annuel dans le démantèlement, ne travaille quasiment pas pour EDF. Ses deux clients sont le CEA (pour des ex unités civiles et militaires du centre de Marcoule notamment) et ... lui-même pour une partie de ses installations de la Hague et de l'usine d'enrichissement Eurodif.

Le démantèlement du 1er réacteur à eau pressurisé a échappé à Areva

Or, le gros du marché hexagonal de demain, ce sont les réacteurs d'EDF. Areva est bien évidemment déterminé à jouer un rôle majeur sur son marché domestique afin de mieux partir à la conquête de la planète du « vieux » nucléaire. Cela commence mal puisque l'électricien français n'a pas retenu Areva en 2010 pour le démantèlement de Chooz-A et lui a préféré Toshiba-Westinghouse et le français Onet. Dommage, ce petit réacteur de 300 MW (enterré à 150 mètres de profondeur) servira de référentiel pour le démantèlement de la filière à eau pressurisée (REP) à laquelle appartiennent les 58 réacteurs d'EDF, en commençant par Fessenheim.

Areva vise Bugey et les 8 réacteurs graphite gaz français

En attendant, Areva ne désespère pas. Le groupe prépare d'arrache-pied l'appel d'offres qui sera lancé par EDF au premier trimestre 2013 pour le démantèlement de Bugey 1, le plus « récent » des 8 réacteurs de l'ancienne filière française graphite gaz, arrêtés entre 1973 et 1994. Cet appel d'offres, dont l'appel à candidature est lancé jusqu'à mi décembre, ne concerne que la première phase du travail de démantèlement, qui devrait se dérouler sur sept ans. Ce premier contrat, d'une valeur de « plusieurs dizaines de millions d'euros », porte sur la cuve seulement. Pour les réacteurs à eau pressurisée, le budget sera d'un autre ordre puisqu'il faudra compter entre 100 et 150 millions d'euros pour la déconstruction du circuit primaire, selon Arnaud Gay, directeur de l'activité valorisation chez Areva, qui met en avant son expériene en la matière. Toute filière confondue, une quinzaine seulement de réacteurs ont été démantelés dans le monde et Areva en revendique 6 (3 en Allemagne et 3 aux Etats-Unis).

Brennilis : rien ou pas grand chose pour Areva

A noter : Areva n'a pas non plus été choisi par EDF pour son « premier » chantier historique de démantèlement, celui de la centrale de Brennilis, en Bretagne, lancé en 1985. Un premier gros contrat a été passé à la fin des années 90 à la filiale démantèlement de Bouygues (Bouygues Construction Services Nucléaires). Un deuxième morceau important (le bloc réacteurs) a été confié en 2009 à Onet (pour un montant d'environ 80 millions d'euros), tandis que le démantèlement des échangeurs est revenu à Bouygues (pour une quinzaine de millions d'euros). Plusieurs autres « lots » plus modestes ont été attribués. En 2005, la Cour des comptes chiffrait à 480 millions d'euros le coût du démantèlement de ce réacteur qui appartient à encore une autre filière (eau lourde), abandonnée.

En ligne de mire : les 24 Magnox britanniques
En guise de préparation à Bugey et au graphite gaz français, Areva peaufine son offre pour les 24 réacteurs Magnox britanniques à l'arrêt. Leur technologie est très proche du graphite-gaz. Pour ce méga appel d'offres de plus 6 milliards d'euros au total, Areva vient de s'associer à des partenaires américain (CH2M HILL) et britannique (Serco). En 2013 toujours, d'autres consultations devraient être lancées en Europe (Espagne, Italie, Suède), avant l'Allemagne, où les exploitants travaillent actuellement sur les opérations préliminaires. « Le démantèlement ne commencera pas avant quatre ou cinq ans. Nous travaillons déjà avec les exploitants allemands sur les phases préparatoires », précise Arnaud Gay. De quoi occuper Areva si EDF continue à préférer ses concurrents. 
 

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Commentaires 11
à écrit le 16/11/2012 à 11:33
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Avec quel argent ils vont faire ses démantèlements? Il n'y palus rien dans les caisses. Ni chez Areva, Ni chez EDF, Ni au niveau de l'état en quasi faillite... ça promet!! Profitons bien de cette crise, il m'est d'avis que c'est un amuse bouche avant...

le 16/11/2012 à 17:57
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Je répète, c'est pour ça qu'il n'y aura pas de démantèlement: plus de nucléaire et plus d'économie! Ce n'était pas une blague, il faut réfléchir avant de parler, et ce que je fais, au moins...

à écrit le 15/11/2012 à 23:45
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C'est nettement plus simple de recycler localement de l'éolien, du solaire et les énergies renouvelables dans leur ensemble, pas besoin de faire appel au monde entier, c'est plus rapide et coûte presque rien comparativement, en plus pris en charge pa...

le 16/11/2012 à 8:36
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C'est pour cela qu'il est précisé dans l'article qu'on débute la filière. Une fois qu'on sait maitriser le premier, les suivants seront plus rapide et moins chèrs (comme dans l'industrie, les premiers prototypes coutent chèrs et les suivants le sont ...

le 16/11/2012 à 11:54
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Ouais enfin, quand on voit que le réacteur de Brennilis est à l'arret depuis 1985 (27 ans)! Et pour un réacteur de seulement 70 MW! On est pas encore sur des 300 ou 600 MW! Bref, j'attends de voir mais c'est encore une fois un gouffre financier ce nu...

le 16/11/2012 à 17:58
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@Globe: Ben oui, ils auront de l'électricité en grande quantité et à bas prix!

à écrit le 15/11/2012 à 23:36
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Bah il pourront se rattraper avec Fessenheim

à écrit le 15/11/2012 à 22:50
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Onet c'est l'entreprise de nettoyage ?

le 16/11/2012 à 8:37
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Oui, ils ont aussi un des plus gros pôle de démantèlement francais

à écrit le 15/11/2012 à 18:16
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J'ai la réponse! C'est non, parce qu'il n'y aura heureusement pas de démantèlement!

le 16/11/2012 à 11:35
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Au moins tu as de l'humour. Mais je ne sais pas si le sujet s'y prête vraiment.

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