Electriques, à voile, solaires... les nouveaux cargos renversent la vapeur

Un cargo allemand teste pour la première fois l'alimentation électrique à quai dans un port californien. Une façon parmi d'autres -et pas forcément la plus efficace- de réduire ses émissions de gaz, comme l'exige une réglementation internationale de plus en plus sévère.
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Les bateaux se mettent au vert. L?évolution de la réglementation internationale pousse les armateurs à repenser la construction de leurs navires afin qu?ils deviennent un peu moins gourmands en énergie. Un premier bateau affrété par la compagnie allemande Hapag-Lloyd, le porte-conteneur ?Dallas Express? chargé d?électricité ?à quai? dans le port californien d?Oakland a ainsi été mis à flot début décembre. Il utilise la technique du ?cold ironing? qui consiste à charger de l?électricité à quai pour alimenter le réseau électrique du navire, et assurer l?éclairage, le chauffage, l?eau chaude ou encore la climatisation des marchandises. Le but? Limiter les rejets gazeux dans les ports et la consommation de carburant. Un pourcentage d?électricité chargé depuis des prises terrestres sera d?ailleurs obligatoire à partir de 2014 pour les bateaux qui souhaitent transiter par les ports californiens.

Des navires gourmands lorsqu'ils vont vite

Le procédé, s?il marque une volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre, est loin de représenter une solution radicale. ?Ce n'est pas à quai que les navires consomment beaucoup mais lorsqu'ils vont vite -la consommation d'un trajet varie en fonction du carré de la vitesse- et au large on ne peut plus être alimenté par la terre?, explique ainsi, Ivan Hassler, professeur à l?Ecole nationale supérieure maritime et spécialiste de l?énergie et de la propulsion.

Intensification des échanges marchands

D?autres réglementations poussent les armateurs à revoir la conception de leurs navires. Au niveau international, la convention "Marpol" oblige déjà à utiliser moins de 0,1% de soufre, présent en quantité dans le combustible bon marché utilisé par la marine marchande. Les émissions d?oxyde d?azote et de dioxides de carbone sont également réglementées. Et d?ici 2015, elles le seront davantage. Le transport maritime se révèle moins beaucoup polluant que les autres. Il n?émet que de 10 à 15 grammes de CO2 par tonne-kilomètre (g/tkm), contre 19 à 41 g/tkm pour le rail, 51 à 91 g/tkm pour la route et 673 à 867 g/tkm pour le transport aérien. Or, il représente 90% du transport de marchandises dans le monde. L?intensification des échanges conduira à accroître le trafic maritime, et donc les émissions polluantes.

La voile, une bonne solution?

Aussi des solutions d?optimisation énergétique alternatives sont-elles imaginées. Outre le le gaz ou encore la pile à combustible des alternatives au carburant plus originales sont actuellement développées. Parmi elles, le bateau? à voile. Une forme de retour aux sources de la navigation de plus en plus étudiée. Pour Ivan Hassler, de l?ENSM, le vent serait d?ailleurs la meilleure option pour réduire la consommation de carburant, puisque ?la force développée varie avec le carré de la vitesse du vent?. Problème: il est impossible d'aller face au vent à la voile, or ?un navire rapide -qui consomme beaucoup- perçoit le vent en face?, précise l?ingénieur.

"Turbovoiles"

Des systèmes innovants sont ainsi développés. En 2008, le constructeur allemand Enercon,spécialiste de l?éolien a-t-il ainsi lancé le ?E-Ship I?. Ses quatre cylindres rotatifs disposés sur le navire permettent une propulsion ayant pour but de réduire la consommation de carburant de 30% à 50%. Ils utilisent le concept de ?turbovoiles? conçu par le professeur Lucien Malavard pour l?Alcyone du commandant Cousteau dans les années 1980.

Cerf-volant

Autre solution : le cerf-volant ! Un concept développé par exemple par le navigateur français Yves Parlier. Sur le plan industriel, le MS Beluga de la compagnie SkySails parcourt ainsi les mers depuis quatre ans tracté en partie par une grande voile reliée non pas par un mât mais par des filins. (voir vidéo-ci-dessous)

"Concernant les navires, l'avenir sera à la lenteur"

Outre le vent, le soleil est également mis à contribution. Auriga Leader, affrété par le japonais Nippon Yusen pour transporter des Toyota du Japon vers les Etats-Unis, est ainsi équipé de panneaux solaires. Ils contribuent en partie à la propulsion mais surtout à l?alimentation du réseau électrique du navire. Toutefois, l?option paraît encore limitée car elle ne permet pas d?atteindre les vitesses de navigation requises par les grandes compagnies maritimes. ?C'est la vitesse qui est gourmande en énergie. Je pense que, concernant les navires, l'avenir sera à la lenteur?, prédit à cet égard Ivan Hassler.

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Commentaire 1
à écrit le 13/12/2012 à 14:55
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Dans la marine, ils ont souvent été à voiles et à vapeur....

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