Obama s'attaque (enfin) aux émissions de gaz à effet de serre

Le président américain a présenté lundi un texte visant à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Cette mesure obligera les centrales électriques du pays à diminuer drastiquement leurs rejets de dioxyde de carbone notamment. Une contrainte qui ne devrait pas être acceptée facilement par les industriels...
Les centrales fonctionnant au charbon représentent 600 des 1 600 centrales électriques du pays et émettent 31% des gaz à effet de serre. Reuters

"La mesure la plus ambitieuse jamais envisagée pour lutter contre le réchauffement climatique". C'est ainsi que les médias américains qualifient le plan qu'a révélé Barack Obama lundi. Le président américain s'attaque au réchauffement climatique en prévoyant de couper de 30% d'ici à 2030 les émissions de CO2 des centrales électriques par rapport à 2005.

Protéger la planète et la santé des américains

Pour justifier cette mesure, le chef de l'Etat a notamment fait valoir l'argument de la santé : 

"Il n'y a aujourd'hui aucune limite nationale des émissions que les centrales existantes peuvent injecter dans l'air que nous respirons. Aucune. Nous limitons les produits chimiques toxiques comme le mercure, le soufre et l'arsenic, que les centrales déversent dans notre air et notre eau. Mais elles peuvent rejeter des quantités illimitées de carbone dans l'air."

L'agenda de cette nouvelle mesure doit être annoncé ce matin par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) qui a rédigé le texte. Les mesures envisagées s'adressent aux centrales électriques déjà existantes, fonctionnant au charbon puisque ce sont les plus grandes émettrices de CO2. Elles représentent 600 des 1.600 centrales électriques du pays et émettent 31% des gaz à effet de serre. 

La réduction de leurs émissions n'entrera cependant en vigueur que l'année prochaine. Les Etats auront par ailleurs le choix d'opter pour la formule qu'ils considèrent la meilleure, comme par exemple des systèmes de marchés d'émissions déjà adoptés dans une douzaine d'entre eux. L'EPA espère que les centrales à charbon parviendront à être plus performantes tout en étant moins polluantes, mais aussi que les Etats se tournent davantage vers le gaz naturel et les énergies renouvelables. 

Un bras de fer avec les Républicains

La bataille politique pour faire adopter ce projet s'annonce d'ores et déjà musclée. Mais devant la paralysie du Congrès observée en 2013, Barack Obama a contourné l'obstacle en passant par la voie réglementaire plutôt que législative. D'où la demande auprès de l'EPA afin de définir de nouvelles normes de pollution à respecter.

Mais la partie est loin d'être gagnée. Il reste à convaincre chaque gouverneur d'Etat de l'importance de ces règles. Afin d'unir ses troupes derrière ce texte, Barack Obama a ainsi expliqué son intérêt en matière de législation environnementale - une thématique qui fait défaut au Congrès américain - lors d'une conférence auprès des élus démocrates. 

Anticipant les critiques sur le poids économique de cette mesure, le président américain l'a défendue en arguant qu'elle ne laisserait pas s'envoler les prix de l'électricité. Au contraire, la limitation des émissions de dioxyde de carbone stimulerait l'économie de 34 à 74 milliards de dollars (25 à 54,3 milliards d'euros) selon lui.

Un membre de l'EPA a ajouté lors de cette séance que la loi n'augmenterait que très peu les prix pour les consommateurs et permettrait même aux familles d'économiser de l'argent en réduisant ou en "optimisant" leur consommation

Une nouvelle "guerre du charbon"

Mais ces bons mots sont loin de convaincre les industriel et les Etats dont l'économie repose sur le charbon. Ils fustigent déjà le texte qui risque selon eux de détruire des milliers d'emplois et de faire monter en flèche le prix de l'électricité. Le sénateur républicain du Wyoming Mike Enzi, dont l'Etat assure à lui seul 40% de la production nationale du combustible, accuse l'administration "de tuer le charbon et ses 800 000 emplois". 

De son côté, la chambre de commerce américaine a publié un rapport évaluant à 50 milliards de dollars (soit 36,8 milliards d'euros) le coût annuel des nouvelles règlementations d'ici à 2030, quand l'Association nationale des mines table sur sur une hausse de 80% des prix pour le consommateur.  

Des arguments que Barack Obama écarte une nouvelle fois : 

"On nous avait dit que lutter contre le smog (brouillard de pollution) qui étranglait nos villes et les pluies acides qui empoisonnaient nos lacs tuerait notre économie. Cela ne s'est pas produit. Notre air est devenu plus propre et la croissance a continué. En Amérique, on n'a pas besoin de choisir entre l'état de santé des enfants et celui de l'économie."

Par cette annonce, le président américain souhaite se placer en exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique. A l'approche de la conférence de Paris en 2015, Barack Obama veut se donner un rôle de leader mondial tout en répondant aux appels répétés des écologistes américains, qu'il avait jusqu'alors délaissés. "L'an prochain, j'entends assurer que les Etats-Unis soient au premier rang dans les efforts pour mettre en place un cadre global pour préserver la planète" laisse-t-il espérer. 

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Commentaires 5
à écrit le 03/06/2014 à 10:33
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Ils s'attendent donc à une récession de 30%. Chiffre cohérent avec l'ensemble de leur économie réelle.

à écrit le 03/06/2014 à 9:57
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Quel contraste avec notre président quand même.

à écrit le 03/06/2014 à 9:50
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Il arrive sur la fin de son deuxième mandat et de ce fait, il ose les réformes car il n'a pas d'échéance électorale et d'obligation d'être bien vu par les électeurs et lobbys.

le 03/06/2014 à 14:59
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on pouvait espérer en devenant président des US qu'il ose un peu plus....faut dire aussi, qu'il a pas mal été empêché , mais quand même.....

à écrit le 03/06/2014 à 9:39
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En venant d'Obama ? du blabla...

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