"Les investissements de certaines entreprises pétrolières chuteront de 20%"

Total a perdu 10,85% en trois mois en valeur boursière, les sociétés d’ingénierie et de construction Technip et Vallourec plus de 26%... Les valeurs pétrolières sont fortement touchées par la chute du cours du baril. Stéphane Soussan, gérant de portefeuille chez Amundi, estiment que ces dernières réduiront leurs investissements et leurs coûts opérationnels pour se maintenir.
"On rentre dans une période d'incertitude donc d'attente pour les investisseurs", selon Stéphane Soussan.

La Tribune : Comment expliquez-vous que les sociétés d'ingénierie et les fournisseurs soient à ce point plus touchées que les compagnies pétrolières comme Total ou ExxonMobil ?

Stéphane Soussan : Les secteurs des services pétroliers dépendent des investissements des compagnies pétrolières. Avec la baisse du prix de pétrole, certaines pourraient couper leurs investissements. Cela impliquerait alors une forte baisse  du chiffre d'affaires des Technip et autres CGG qui en sont dépendantes. Au vu du choc sur le prix du baril, ces effets négatifs dureront plus d'un an. Ces baisses d'investissements atteindront au moins 10%, voire 20% dans certains cas. Cela va prendre du temps, car les grandes entreprises internationales ne peuvent pas changer rapidement leur niveau d'investissement.

En outre, les compagniesociétés américaines réagissent généralement plus rapidement à ce type de crise, leurs projets d'investissement se déroulant sur de plus courtes durées: la baisse des sommes investies devrait donc être visible aux Etats-Unis dès 2015.

LT : Dans quels autres domaines les entreprises pétrolières vont réduire leurs dépenses?

SS : Il faut rappeler que celles-ci ont beaucoup investi ces dernières années. Des sommes injectées qui s'étaient stabilisées ou avaient même commencé à baisser avant la chute brutale du cours du pétrole. Pour faire des économies, les compagnies pétrolières vont réduire leurs activités d'exploration, retarder le développement des champs pétrolifères qu'elles ont découverts et, globalement miser sur la baisse de leur coût opérationnel avec des plans d'économies (certains coûts d'exploration, des achats d'équipements, des frais de personnel,...). Elles ont vécu dans un contexte à 100-110 dollars le baril où elles ne prêtaient pas autant attention à ces dépenses-là.

LT : Pourquoi les investisseurs s'intéressent-ils si peu aux rachats de parts de ces sociétés affaiblies ?

SS : Le marché pétrolier est en surproduction et l'Opep a créé un choc en ne réduisant pas sa production pour équilibrer le marché. On disait que le secteur de l'énergie était défensif en Bourse, grâce à ce cartel qui coupait sa production lorsque c'était nécessaire. Tout le monde attendait la réunion de l'Opep pour décider d'investir ou pas dans les valeurs pétrolières. L'absence de baisse de production ne milite pas en faveur d'un retour des investisseurs sur le secteur de l'énergie.

On rentre dans une période d'incertitude donc d'attente pour les investisseurs. Leur regard se porte sur les États-Unis, où il  y aura rapidement des annonces de baisses d'investissements. Fin 2015, il y aura une décélération de la croissance de la production américaine, après une croissance très forte avec le développement du pétrole de schiste. Celle-ci est un facteur clé pour un rééquilibrage de l'offre et de la demande. Ainsi, il faudra probablement attendre les premiers signes de baisse de production et de stabilisation des prix du pétrole pour que les investisseurs reviennent sur le secteur de l'énergie.

    Lire aussi >> Pétrole : le prix du baril tombe au plus bas depuis 2009

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Commentaire 1
à écrit le 02/12/2014 à 8:58
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euh...depuis Jack Welsh dans les années 80, le premier poste à subir des réductions est celui de l'emploi. On peut donc s'attendre à des licenciements massifs dans toute la chaîne :-)

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